Melvin, Mel pour les intimes, est loin d'être le mec idéal. A presque 40 ans, il vit encore chez maman, ne fait rien de ses journées, passe ses nuits à boire, à se droguer et à s'envoyer en l'air. Sans surprise, il a fait fuir sa compagne et la justice vient de lui retirer le droit de s'approcher de son fils.
La lose donc, mais attention ! Melvin possède un super pouvoir : celui de déplacer des objets par la pensée. Et ça l'avance à quoi ? te demandes-tu. Hé ben, comment te dire... à rien. Jusqu'à ce que Mel prenne conscience que son attitude risque de lui coûter son fils, et qu'il se décide enfin à changer.
Le film de Nick Love est tourné à la manière d'un documentaire qui aurait pour prétexte d'étudier Melvin (Stephen Dorff) et son pouvoir (un pouvoir qui sort d'on ne sait où et qui fonctionne on ne sait comment). Ce procédé peut surprendre au départ mais fonctionne très bien. Le message adressé aux spectateurs est que cette histoire est véridique. De fait, on y adhère plus facilement et on entre rapidement en empathie avec ce drôle d'oiseau.
Super-héros ou super-zéro ?
Quand on pense à des super héros paumés et/ou complètement déjantés, les noms qui nous viennent tout de suite à l'esprit sont ceux de Deadpool, (joué par Ryan Reynolds) un ancien mercenaire frappadingue qui hérite d'un pouvoir de régénération après une opération, et Hancock (Will Smith), catastrophe ambulante imbibée d'alcool, qui doit se résoudre à engager un RP pour gérer sa popularité en berne.
Melvin est également un anti-héros mais là s'arrête la comparaison. Pas de combinaison en latex pour lui, son super-pouvoir est moins tape-à-l'oeil, les méchants qu'il doit affronter n'appartiennent pas au monde surnaturel, et ce n'est pas pour reconquérir une femme qu'il va assumer son rôle de badass, mais pour l'amour d'un môme, le sien.
On s'identifie aisément à Melvin : il est comme nous (comme beaucoup de mecs qui nous entourent plutôt) tout en étant unique en son genre. D'abord, c'est un survivant. Il habite à la Nouvelle-Orléans, dans les quartiers qui ont été durement frappés en 2005 par l'ouragan Katrina qui a fait plus de 1 800 victimes et causé des dégâts estimés à plus de 150 milliards de dollars.
Il semble vouloir tester à tout prix ses limites, enchaînant excès sur excès, dans une tentative désespérée de se sentir exister, peut-être ?
American Hero met en scène un super-héros très humain. Il n'a pas trouvé sa place dans la société. Son don pourrait l'y aider mais il n'est pas très enclin à "faire le bien".
Son sens très particulier de la justice l'incite plutôt à dépouiller les voleurs pour son enrichissement personnel. Et il force à l'envi son image de glandeur.
La forme du documentaire permet de dresser un portrait intime de ce personnage un peu trash. Grâce aux témoignages de son entourage, le spectateur découvre un autre Melvin que celui qui se donne en spectacle. Un Melvin qui a du coeur et de l'honneur. Il y a cette femme plus toute jeune, qui a failli mourir noyée pendant Katrina. Elle décrit Melvin comme un ange envoyé sur Terre pour la sauver.
Il y a aussi la tragédie de son meilleur ami Lucille (interprété par Eddie Griffin), un vétéran qui a perdu l'usage de ses jambes en Irak. L'homme a beau abreuver Melvin de "mother fucker" à tout bout de champ, on ressent la force de l'amitié qui lie les deux hommes. De fait, Mel est peut-être une tête de mule mais il lui arrive d'écouter son pote qui représente en quelque sorte la voix de sa conscience.
Quand on prend la peine de gratter un peu, on réalise que Melvin a plus de profondeur qu'il ne veut bien le montrer et c'est ce qui fait tout l'intérêt du film.