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Yves G.
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3,0
Publiée le 6 octobre 2016
Née en 1920, Anna Halprin danse depuis près d’un siècle. Elle a fréquenté les plus grands : Martha Graham dont elle fut l’élève, Merce Cunningham dont elle fut la partenaire, Trisha Brown dont elle fut le professeur. Elle a traversé tous les styles et les a souvent devancés comme dans « Profiles and Changes » où les danseurs se dénudaient sur scène : ce spectacle fut, pour ce motif, censuré en 1965 alors qu’une telle scène est aujourd’hui d’une banalité convenue.
Ruedi Gerber avait déjà consacré à la chorégraphe américaine en 2010 un premier documentaire où elle faisait retour sur sa carrière. Celui-ci est moins nostalgique. Il suit un atelier qu’elle anime sur une plage de Californie du nord battue par les vents, avec quelques danseurs non professionnels en quête d’un nouveau dialogue corporel inspiré des sculptures d’Auguste Rodin.
La démarche de l’artiste n’est pas éloignée de celle d’un gourou entouré des adeptes de sa secte. Ses références répétées au pelvis et à la kinesthésie, ces corps nus qui se contorsionnent dans la boue peuvent parfois prêter à sourire.
Mais, tout sens du ridicule bu, l’art d’Anna Halprin, son audace, sa quête du Vrai et du Beau produisent une émotion rare.
Anna Halprin est une danseuse et chorégraphe américaine qui a développé une pratique novatrice de la danse dans les années cinquante. Après Le souffle de la danse, Ruedi Gerber a souhaité avec ce documentaire, rendre une nouvelle fois hommage à cette femme aujourd’hui âgée de 96 ans et toujours pleine d’entrain. C’est ainsi que nous suivons la création d’un nouveau projet qui la fascine, les sculptures d’Auguste Rondin. C’est ainsi Anna va, avec ses élèves, monter un spectacle en capturant des moments ressentis sur les œuvres de Rodin pour en développer des mouvements. Le corps est l’instrument de travail du danseur, c’est pour cela que l’artiste a souhaité que ses élèves l’acceptent et osent le nu. Anna Halprin et Rodin : Voyage vers la sensualité nous montre ainsi comment la troupe va développer le contrôle de leur bassin pour s’offrir des gestuelles sensuelles et érotiques. Le documentaire très pointu est un outil de travail plutôt qu’un outil. Si le format court permet au spectateur lambda d’y trouver quelques moments de grâce, le film s’adresse avant tout aux professionnels du fait qu’on assiste davantage à la préparation qu’au spectacle in fine. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
Comment un travail sur la perception individuelle de la sensation kinesthésique va déboucher sur la création d'une performance collective donnée à voir à des spectateurs. La chorégraphie s'origine dans la sensation corporelle du mouvement et de la posture, en écho à la rencontre des statues d'Auguste Rodin, qu'Anna Halprin a découvertes lors de sa venue à Paris. Le travail sur la nudité des corps, qui viendrait dire l'absence de barrières défensives auxquels parviennent les participants, est aussi un enjeu de la performance réalisée en pleine nature.
J'ai découvert le travail d'Anna Halprin avec le film de Rudi Gerber. Et ce qui m'a frappée c'était de reconnaître les sensations vécues par ses élèves, qui ne sont pas des danseurs professionnels. Je fais du yoga kundalini depuis quelques années et j'ai suivi une semaine de pratique intensive l'été dernier, dans un ashram d'Isère. Comme au Sea Ranch californien d'Anna Halprin, le lien avec la nature était très poussé dans notre pratique du yoga. Lorsqu'on voit pleurer l'une des danseuses du film, ce n'est pas parce que son corps est douloureux, maltraité, mais bien parce le lâcher prise auquel Anna Halprin l'a menée lui a permis d'atteindre une émotion non seulement corporelle mais surtout spirituelle. En cela, la chorégraphe n'est pas si loin de mon gourou !