Probablement encore très populaire dans son pays, cela fait toutefois un petit moment que Jackie Chan n'a pas connu de grands succès hexagonaux. Pierce Brosnan, s'il est devenu une figure familière depuis James Bond, se contente désormais la plupart du temps de seconds rôles dans des productions sans grand intérêt. Quant à Martin Campbell, depuis le désastre commercial et artistique de « Green Lantern », c'est la première fois seulement qu'il retrouve le chemin des plateaux pour cette production d'un budget nettement inférieur, en grande partie financée par la Chine. Si ces trois noms réunis auraient été un événement il y a une quinzaine d'années, l'attente apparaît nettement moins grande (euphémisme) en 2017, « The Foreigner » apparaissant surtout comme une série B de luxe destiné aux amateurs du genre. Pourtant, c'est un peu plus que ça, et c'est notamment là où l'on se rend compte que lorsqu'on a un vrai pro derrière la caméra, cela change pas mal de choses, surtout avec un budget convenable. Le point de départ est séduisant : une « résurgence » de l'IRA de nombreuses années après sa dissolution, provoquant la mort de plusieurs personnes dont la fille de notre héros qui, évidemment, devant l'inertie de la police (quelle bande d'incompétents, ceux-là!), va prendre les choses en main pour que justice (personnelle) soit faite. Dans une logique assez « Un justicier dans la ville », le scénario se tient à peu près, oscillant entre thriller (un peu) politique, « vigilante movie » pour même lorgner un temps du côté de
« Rambo »
, évitant de trop tomber dans le manichéisme et faisant attention à ne pas caricaturer le discours de l'organisation irlandaise, qui sera même l'occasion d'une ou deux scènes assez fortes quant à la question de l'engagement et la manière de servir la « cause ». Autre idée intéressante : celle de donner autant d'importance (si ce n'est plus) au personnage interprété par un Pierce Brosnan convaincant qu'à celui de Jackie Chan, leur opposition se révélant solide, à défaut de faire des étincelles. Elle permet de mieux s'intéresser aux forces en présence, à base de trahison, de faux-semblants et de manipulations, pas toujours limpides voire légèrement boursouflés, mais enrichissant un minimum l'intrigue. Le reste est plus routinier, mené toutefois efficacement par Campbell, notamment lors de scènes d'action sèches, réalistes et intelligemment pas trop nombreuses, leur permettant d'avoir plus d'impact lorsqu'elles interviennent. De quoi se distinguer légèrement du tout-venant pour ce qui reste un film de vengeance assez prévisible dans son déroulement, mais ayant au moins un minimum de fond pour rendre l'ensemble relativement cohérent, bien qu'évidemment improbable
(on notera, quand même, que l'ami Jackie se prend (heureusement) pas mal de coups)
, toutefois un peu gâché par un discours devenant plus simpliste dans la dernière ligne droite (les anglais en prennent toutefois pas mal pour leurs grades), voire carrément moraliste sans réelle justification. Divertissant, néanmoins.