Moins marquant que le premier opus (et chef d'oeuvre du genre "slasher movie") mais meilleur que la suite un peu trop copié-collé, "Scream 3" réussit à clôturer la trilogie par une bonne note... et bouscule un peu les codes de la saga, sans pour autant les renier. En effet, on retrouve, comme toujours, le talent de Wes Craven qui sait filmer l'horreur avec une certaine classe (le costume du tueur et son masque font toujours leur petit effet) et, surtout, qui sait prendre de la distance avec son sujet tout en le respectant. Il n'était pourtant pas évident de trouver le bon équilibre entre frisson et sourire d'initiés... mais le maître s'en sort, une fois encore, avec les honneurs. Quelle grande idée, d'ailleurs, d'avoir planté le décor à Hollywood et, ainsi, d'enfoncer, un peu plus encore, l'humour méta du film dans le film (via la saga "Stab"). Les scènes où les survivants des épisodes précédents se retrouvent confrontés aux acteurs jouant leurs rôles sont des plus réjouissantes... et sont autant de clins d’œil appuyés adressés aux fans. A ce titre, le casting est, comme toujours, une des grandes satisfactions du ce troisième opus puisque, outre l'indispensable trio vedette (Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette), on retrouve une pléiade de seconds rôles impeccables, de Patrick Dempsey en flic beau gosse, à Lance Henriksen en producteur louche, en passant par Scott Foley en réalisateur paniqué ou encore Parker Posey en hilarant clone de Gale Weathers. On a même droit à quelques savoureux caméos
(Jay et Silent Bob mais, également une Carrie Fischer pleine d'autodérision)
. On retrouve, également, les recettes qui ont fait la réussite des opus précédents avec la voix déformée, les meurtres au couteau, le second degré omniprésent mais pas désamorçant
(à commencer par les règles à respecter en cas de trilogie, assénée par un Randy revenu d'outre-tombe pour délivrer son message via vidéo interposée)
et même un retour dans les décors du premier opus. Il y a comme un air de nostalgie qui flotte dans ce troisième opus... ce qui correspond assez bien à l'ambiance de fin de saga du film. Mais, "Scream 3" ne se contente pas de faire dans le recyclage et aime faire peur aux spectateurs en le sortant un peu de sa zone de confort. Dès la scène d'intro
(qui voir Cotton Weary se faire tuer)
, le film se montre clair : tout peut arriver et les survivants d'hier peuvent très bien connaître un sort funeste. La promo du film avait d'ailleurs, insister sur ce point et la mise en retrait de l'héroïne Sidney au début du film n'est pas de nature très rassurante.
On pourra, d'ailleurs, reprocher au scénario de ne pas avoir été finalement assez loin dans sa logique... même si, lors de la sortie du film, j'étais assez heureux que le trio vedette s'en sorte indemne.
Tout n'est cependant pas parfait dans "Scream 3" et il faut bien admettre qu'il faut être un fan bienveillant (comme moi...) pour ne pas trouver le scénario tiré par les cheveux dans son explication finale ! Heureusement, les joies du woodunit permettent de faire passer la pilule et, au moins, l'identité du tueur n'est pas aussi simple à trouver que dans "Scream 2". Wes Craven tire, donc, sa révérence sur une réussite (même si cet avis est loin d'être partagé)... jusqu'à ce qu'il se compromette, des années plus tard, dans un quatrième opus raté, qui est venu rappeler que la trilogie originale était vraiment une tuerie qui a marqué son époque.