En 2000, Robert Zemeckis (à qui l’on doit À la Poursuite du Diamant Vert, la trilogie Retour vers le Futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? et Forrest Gump) sortait 2 films (aux États-Unis du moins, car l’un d’eux sortit à l’international en 2001). Il est question de Seul au Monde et d’Apparences. Deux longs-métrages amplement différents (l’un étant un drame à la Robinson Crusoé moderne, l’autre un thriller avec une présence de l’au-delà) qui ne connurent pas le même succès (Seul au Monde ayant littéralement fait de l’ombre à son « confrère »). Ici, c’est d’Apparences dont nous allons parler !
Avec Apparences, il n’y a que le côté promotion qui peut se montrer accrocheur. À savoir ce cher Zemeckis qui s’essaye à un film de genre, dirigeant un couple d’acteurs hautement charismatiques avec Michelle Pfeiffer et Harrison Ford. Sinon, en y plongeant de plus près, Apparences n’a pas grand-chose à nous offrir. Soit une femme qui commence à suspecter son nouveau voisin d’avoir tué son épouse (là, nous avons une partie Fenêtre sur Cour) avant de sentir une présence non humaine dans la maison qui fait claquer les portes, remplit la baignoire à ras bord et brise des cadres photographiques (eh oui, Paranormal Activity n’a rien inventé !) pour enfin revenir à un rendu plus polar, qui fait revenir sur le devant de la scène une ancienne affaire jamais résolue. Un scénario qui, du coup, semble partir dans toutes les directions sans jamais faire un choix définitif sur le chemin à prendre. Nous donnant une amère impression de déjà-vu et le fait d’assister à une ébauche. Mais cela, il faut bien se l’admettre, ce ne sont que les apparences (et c’est parti pour les jeux de mots avec le titre !). Car malgré un début brouillon qui n’intéresse pas spécialement et ce méli-mélo de genres qui semblent faire l’état d’un film non finalisé, Apparences tient vraisemblablement la route (même si le film intéresse un peu tard sur la longueur). Je n’en dirais pas plus, de peur de spoiler un peu trop !
Autre chose qui peut également surprendre avec ce film, c’est son apparence (eh oui, encore !) de film à petit budget. Malgré le nom du réalisateur, ce dernier a voulu faire des économies sur les moyens, évitant tous les effets spéciaux qui auraient nécessité l’utilisation du numériques ou bien d’une technique complexe. Ici, tout n’est question que de mise en scène et de montage. À chaque changement de plans, le film fait preuve d’inventivité sur les effets pour créer une ambiance flirtant avec le fantastique et un chouïa l’angoisse. Et du coup, on peut être bluffé devant se message qui s’inscrit qui se forme progressivement sur la buée d’un miroir. Par l’apparition spectrale super bien faite. Par tant de petits détails peu éblouissants à première vue mais qui le devienne lorsqu’on connait les moyens du film.
Mais bon, il ne faut pas trop en faire des tonnes, Apparences ne cassant pas vraiment trois pattes à un canard. Car niveau sensations angoissantes, le film ne nous livre pas le grand jeu. Surtout quand l’on prend conscience qu’Apparences s’apparente (je continuerai jusqu’au bout !!) bien plus à un drame nimbé de fantastique qu’à un thriller dérangeant à la Sixième Sens ou bien horrifique façon L’Exorciste. Notamment avec une composition musicale qui frôle parfois à l’excès. Et ce malgré quelques passages plutôt bien vu pour ce qui est de surprendre le spectateur (si l’on met le son à fond). C’est gentillet (quoique le final…), cela intrigue dans sa seconde partie, c’est tout !
Après, il ne faut pas totalement jeter la pierre au réalisateur, ce dernier arrivant toujours à réunir de bons acteurs pour ses films. Et en formant le couple Pfeiffer/Ford, Zemeckis met en scène un duo dont l’alchimie fonctionne à merveille. Aussi bien dans les moments intimes que dans les instants qui bouleversent les deux personnages. En même temps, Michelle Pfeiffer, avec son regard de chat imprévisible, semble s’incruster aisément dans la plupart des protagonistes qu’elle interprète. Et puis Harrison Ford, dans un rôle à contre-emploi (vous comprendrez en regardant le film !) et qui fait réfléchir au fait que l’on n’ait pas pris cet acteur pour ce genre de personnage auparavant (au lieu de toujours le voir dans la peau de gentil héros à la Han Solo, Indiana Jones, Richard Kimble ou encore Jack Ryan). Et quand des comédiens en tête d’affiche se montrent assez charismatiques pour nous permettre de se préoccuper d’eux, même si le scénario n’accroche pas d’office, cela se montre suffisant quelque part pour être curieux envers le film en question.
Quoiqu’il en soit, il est normal qu’Apparences n’ait pas fait le poids face à Seul au Monde. C’est tout de même dommage, quand on voit la manière dont Zemeckis et son équipe se sont démenés avec un petit budget (j’en parle depuis tout à l’heure sans pour autant dire un chiffre : 50 millions de dollars, contre des productions actuelles de plus grandes envergures) et le travail technique qui nous est fourni au final. Donc, même si le film possède un côté brouillon évident et ne sort pas de l’ordinaire, il lui faut quand même reconnaître cet atout. En plus de bien cacher les apparences (ou révélations si vous n’aimez pas les jeux de mots) de son scénario. Alors, ne crachez pas dessus !