Le sauvetage miraculeux sur le lac Hudson du vol 1549 mérite les plus grands hommages, au point d’en faire un film ? Je ne sais pas, mais celui-ci en tous cas m’a ennuyé. À la base je ne pensais pas le regarder, me disant qu’il s’agirait juste d’une production histoire de faire honneur aux héros qui ont rendu un tel exploit possible, imaginant que pour réaliser un film d’1h30 autour d’un fait historique dans le domaine de l’aviation certes, mais qui n’aura duré en tout que 5 minutes, il faudrait trouver de sacrées idées. La note élevée m’a dupé en me faisant croire que c’était bien le cas, que je passais à côté de quelque chose. Le constat est finalement amer : le scénario ne contient rien d’autre que le fameux amerissage sur la rivière joué plusieurs -trop de- fois, et l’enquête de la NTSB sur la pertinence d’avoir fait un tel choix, parsemé d’un peu de journalistes collants et impitoyables, de quelques flashbacks, et d’un Sully, éloigné de sa famille tourmenté par tout ce qui lui arrive. Le rôle des personnages secondaires se résume à soit remonter le moral du commandant de bord, soit dénigrer son travail, ils sont là pour être là, ils n’apportent rien qui puisse captiver un réel intérêt. On colmate comme on peut quoi, ça n’a pas de consistance, de cohésion, pas de fil conducteur si ce n’est attendre le résultat de l’enquête, et surtout ça dégage très peu d’émotion. Le génie aurait été, bien qu’on connaisse l’issue positive du crash qui se profile, de nous faire ressentir la détresse des passagers qui étaient confrontés à une mort imminente, de l’inquiétude de l’équipage, de la tension qui monte lors de l’impact, qu’on puisse lire les expressions de visages choqués, être touchés par l’ampleur du risque encouru. Mais voilà le souci c’est que l’objectif est de glorifier tout ce monde de son vivant, de le mettre à l’honneur devant la planète. Donc tous les passagers suivent sagement les instructions de manière disciplinée, ils ne s’affollent en aucun cas, tandis que l’équipage, compétent, réagit avec calme, pargmatisme et professionnalisme, faisant de la situation un risque banal totalement maîtrisable, il n’y a même pas place au doute. Il s’agit plus d’applaudir le courage collectif de ces gens que de nous embarquer dans le feu de l’action pour voir ce qu’on ressentirait à leur place. Le post-traumatisme de Sully, son héroïsme, son anti-héroïsme, son traitement médiatique, quant à eux, nous sont exposés sans grande originalité, ni de tact suffisant pour nous bouleverser. Et là encore il s’agit plus de nous démontrer la justesse de ses décisions, de le défendre et d’avertir ses détracteur plutôt que dénoncer l’acharnement ravageur de certaines institutions. Le rendu est quasiment conforme à ce que je redoutais, une gloire démesurée à l’attention des protagonistes du « miracle de Hudson » et des défaillances claires à rendre le sujet digne de l’intérêt d’un long métrage, « Sully » n’aura jamais su décoller proprement pour un périple aussi long.