Le 15 janvier 2009, le commandant Chesley Burnett Sullenberger assisté de son copilote Jeffrey Skiles, pose sur l'Hudson, son Airbus A320 dont les deux moteurs ont été mis hors d’usage à la suite de la rencontre d’un vol d’oies bernaches quelques instants après le décollage. C’est un drame qui se joue en 208 secondes…Clint Eastwood en fait un film de 1h 35. Le moteur de son film repose sur une opposition entre l’héroïsme de ce commandant qui sauve miraculeusement ses passagers et son équipage et une administration persécutrice qui lui demande des comptes au motif qu’il aurait pu poser son avion dans deux aéroports proches plutôt que de tenter cet amerrissage extrêmement risqué…Clint Eastwood explore la figure du héros américain, homme ordinaire, qui , placé dans des circonstances extraordinaires a donné le meilleur de lui-même, comme l’ont aussi fait son copilote, son équipage, et l’ensemble des sauveteurs qui par leur célérité ont permis qu’il n’y ait eu aucune victime… il lui oppose une organisation bureaucratique et impersonnelle, qu’il noircit à dessein, qui n’a foi qu’en les règlements et le calcul des ingénieurs …que le héros fort de son expérience fait voler en éclat… Le triomphe de l’individu face à l’organisation est un thème cher au réalisateur qui ne veut pas désespérer du rêve américain et des héros qui lui sont liés…il raconte donc une belle histoire dans laquelle Tom Hanks et Aaron Eckhart sont remarquables et complémentaires, Aaron Eckehart apportant la petite touche de fantaisie qui manque à Tom Hanks, plus droit, plus scrupuleux...Dans la réalité Chesley Burnett Sullenberger a du se soumettre à une enquête approfondie, et il faudra 15 mois pour que sa décision ne soit plus contestée, et que Airbus et la commission d’enquête le lave de toute accusation…tout en soulignant le comportement parfait de l’avion dans ces circonstances exceptionnelles. Clint Eastwood reconstitue avec minutie toute cette procédure, méconnue mais indispensable… Car peut-on imaginer une société où un pilote aurait pu prendre une décision engageant la vie de 155 personnes sans qu’ensuite on ne lui demande d’explications sur sa décision. Si nous pouvons prendre des avions avec un niveau de risque inférieur à celui que nous acceptons quand nous voyageons en voiture, c’est bien sûr parce que des pilotes compétents sont aux commandes, mais c’est avant tout grâce aux dispositifs complexes que les organisations impliquées (constructeur, compagnie aérienne, contrôle aérien, institutions de contrôle, etc.) ont construits et font fonctionner de manière coordonnée…c’est ce qui limite le mythe du héros cher à Clint Eastwood…Le film est intéressant à montrer le fonctionnement de l’aviation, tous les détails d’un fait divers qui a eu un retentissement mondial…mais c’est justement parce que l’histoire est connue des spectateurs qu’il n’y a plus de suspense et que le film peine à faire naitre la moindre émotion, malgré la double reconstitution du drame, ou l’évocation des cauchemars de Sully…j’ai eu l’impression de me retrouver dans un épisode de la série Mayday Alerte maximum, cette série canadienne qui étudient les accidents aériens contemporains en montrant ce qui a conduit au crash…Certes le film est diablement efficace au niveau des effets spéciaux et de la reconstitution des évènements…mais je suis resté sur la faim… même si je n’ai pas eu le temps de m’y ennuyer !!!!