35 ème film du géant américain Clint Eastwood, « Sully » narre un miracle, il n'y a pas d'autre mot : le 15 janvier 2009, le pilote Sully, à la suite d'une panne des deux réacteurs de son avion, a réussi a amerrir sur l'Udson, sauvant ainsi la vie de 155 personnes. Par la suite, une commission d'experts incriminera Sully, prétendant que ce dernier aurait du et pu atterrir à la Guardia et non amerrir. Entre confrontation avec cette commission et flash-back de l'accident, Sully devient un véritable héros national, médiatisé et aimé.
Ce qui est sûr avec ce sujet-là, c'est qu'il a suscité beaucoup moins de polémiques et de controverses que celui du précédent film de Clint Eastwood : « American Sniper ». Il est d'ailleurs intéressant de constater que de ces deux succès mondiaux (« A S » rapporta 547 426 37 $ ce qui est à ce jour le plus grand succès de Clint, tandis que « Sully » est le second meilleur démarrage d'Eastwood), c'est le plus sombre, le plus compliqué à étudier qui a le plus de chance de passer à la postérité. Normal, « Sully » semble, dans la longue carrière du cher Clint (faisons silence tout de même de ses idées politiques) un film plus anodin.
Que les choses soit claires, « Sully » est un bon film. Il prouve une nouvelle fois la maîtrise narrative absolument confondante de Clint. On ne s'en étonne pas : Eastwood est aujourd'hui le maître du cinéma classique ; son art de raconter une histoire, un fait divers (« L'échange » en 2008), un morceau d'histoire (« Mémoires de nos pères » en 2006) ou tout simplement adapter un roman (« Créance de sang » en 2002) est exemplaire. Eastwood raconte cette histoire avec concision, en divisant le film en trois types de séquences : l'enquête, l'amerrissage (suivi du sauvetage) et le procès. Ce procédé permet d'offrir une certaine clarté, même si l'histoire n'est pas raconté de manière linéaire (technique déjà présente dans « Mémoires de nos pères »). Cet art de raconter, on le trouve aussi dans ce procédé qui consiste à ne pas se focaliser uniquement sur Sully durant la scène d'accident, mais aussi à se coller sur tel ou tel passager. Cette méthode permet au spectateur de prendre conscience de toute l'ampleur de l'accident. A ceci s'ajoute une mise-en-scène correcte (scène de la catastrophe scène du sauvetage = séquence très impressionnante) qui rend cette histoire cotonneuse, dans un New York hivernal.
Pourtant, quelque chose ne va pas. Et le problème principal, c'est le sujet lui-même. L'histoire est interéssante, mais prise comme un fait divers. Et Clint en fait un film. Eastwood nous expose seulement l'histoire et les tourments de Sully, le film ne délivre au fond pas grand chose d'autre.On ne retrouve pas la critique d'une certaine Amérique dont Eastwood s'est fait le dénonciateur (voir ''Les pleins pouvoirs'' parmi tant d'autre). Cette dimension limite donc l'ambition du film, qui retrace un événement moins apte à passer à l'écran que la vie de Hoover par exemple ( ''J. Edgar'' en 2011). Peut-être parce que le sujet de ''Sully'' est plus ''gentillet'' et moins épineux que d'autres (la vie de Chris Kyle dans ''American Sniper''
A cause d'un sujet limité, le film de Clint Eastwood perd un peu d'intérêt. Cependant, on prendra plaisir à la narration sans faille d'Eastwood. De plus, il est tout de même passionnant de voir un homme comme Eastwood adapter des sujets réels. Ainsi l'homme sans nom a laissé place à un réaliste qui, à travers ses films, montrent que les héros comme Sully existe dans notre monde, et qu'ils ne sont rien de plus que des hommes. Un film à voir pour tout fan d'Eastwood qui se respecte.