En sortant, je me suis versé un double whisky, (avec modération naturellement), tant j'ai serré les dents en m'imaginant figurant dans cette reconstitution hyper réaliste. C'est comme dans Apollo XIII: on a beau savoir que ça se termine bien, on flippe!
Mais ce n'est pas tant cette reconstitution de l'amerrissage forcé dans l'Hudson du vol 1549 US Airways (même si elle est magnifique!) qui intéresse Eastwood l'individualiste, on s'en doute! Ce qui l'intéresse, c'est l'histoire d'un homme seul face à sa conscience et au monde (même si en l'occurrence le commandant Sullenberger n'est pas vraiment seul. Il a le soutien inconditionnel de son copilote, Jeffrey Skiles). Car, alors que presse et télévision s'enflamment pour le héros, pour l'auteur de cet exploit incroyable: poser un Airbus 320 aux deux réacteurs détruits à plat sur la rivière Hudson, les autorités de l'aéronautique lui tombent dessus: pourquoi n'êtes vous pas retourné à La Guardia? Pourquoi ne vous êtes vous pas posé à Tetetboto tout proche? Il vous restait un peu de poussée sur l'un des deux réacteurs (ce qui s'avérera être faux). Il faut comprendre ce qui s'est passé. Quant aux compagnies d'assurance, elles aimeraient bien qu'il y ait une faute humaine, pour ne pas avoir à raquer.... Il y a les simulations, qui prouveraient qu'atteindre un aéroport était possible.... à condition de ne pas tenir compte du facteur humain, du temps nécessaire à prendre toute la mesure de la situation, à faire un choix....Sully est sûr de lui; sûr d'avoir fait le bon choix. Et il finit pas douter. Et c'est pour cela que le film commence (et finit) par une scène d'enquête.
Que dire sinon que ce film prouve, si quelqu'un en doutait, que Clint Eastwood est définitivement le plus grand cinéaste vivant? Même si ce film n'est pas aussi personnel que, par exemple, Million dollar baby, Gran Torino ou Mystic River, on y retrouve cet équilibre inouï entre l'émotion et l'action. Son montage est superbe, alternant la vie de Sully, rongeant son frein à NY en attendant les résultats de l'enquête, au milieu de la liesse générale, quelques flashs back sur son passé (il a été pilote de chasse), et les minutes avant et après l'impact avec le vol de bernaches en goguette (les réacteurs étaient prévus pour bouffer des migrateurs.... mais pas aussi gros qu'une bernache!), revues sous plusieurs angles.
Bien sûr, il y a la morale eastwoodienne. Faire son job. Faire son devoir. Avec aussi une mise en exergue peut être plus inattendue du collectif: car, ce jour là, tout le monde a fait son devoir: les sauveteurs qui ont été rapides et efficaces, les ferry boats sur l'Hudson qui se sont immédiatement détournés pour récupérer les passagers, sans oublier le jeune contrôleur aérien qui a cru avoir planté son avion....
Tom Hanks, cheveux et moustache blancs..... trouve sûrement là son meilleur rôle depuis Philadelphia! Aaron Eckart (le copilote) est très bien aussi.
C'est du cinéma tellement magnifique, tellement bien construit, tellement bien fait, qui nous fait passer plus d'émotions en 1h30 que.... tant d'autres en 3h! N'insistons pas.... c'est incontournable.