Cette "suite" de "Dangereuse alliance" (ou plus simplement "The Craft"), réalisée cette fois par Zoe Lister-Jones et sortie récemment, est tout simplement mauvaise. Suite entre guillemets car nous sommes clairement plus ici dans un remake mais les remakes étant aujourd'hui plutôt mal vu, le film a opté de faire comme "Terminator Genisys", c'est-à-dire une sorte d'hybride entre les deux afin que chacun y trouve son compte (et surtout afin de ne pas prendre de risques). Mais enfin honnêtement, ici toute l'intrigue, en tout cas au début, reste identique à celle du film de 1996. C'est effectivement l'histoire Lily qui vient d'emménager dans une nouvelle petite ville et qui tombe sur trois autres sorcières, à la recherche d'une quatrième afin de compléter leur coven. Sacré coïncidence quand même que, si on considère ce film comme étant une suite, la même situation se produit à vingt ans d'intervalle ! Bref, on retrouve alors nos quatre personnages qui, comme dans la première version ,expérimentent leur pouvoir, ce qui donne lieu à, je l'avoue, des scènes plutôt réussies. Mais, nous sommes en 2020, et le film tombe dans ce que j'appellerai l'effet "Black Christmas" (version 2019), c'est-à-dire que maintenant, nous sommes obligé de tout politiser et d'enfoncer le clou jusqu'à ce que ça en devienne ridicule. "The Craft" (1996) était également politisé et féministe (bien qu'étant un peu sexiste par moment, notamment les jupes qui rétrécissent à mesure que les personnages gagnent en pouvoirs) mais là, rien n'est fait en subtilité le film force le trait pour se faire bien voir, à la manière d'une série Netflix ou d'un Disney par exemple. Nous avons même parmi les sorcières un personnage trans (une ligne de dialogue nous l'apprend et elle est une nouvelle fois moralisatrice) mais ce n'est à aucun moment exploité, c'est même un personnage qui ne sert dans l'ensemble à rien (car comparé à la première version de "The Craft", les quatre sorcières sont très mal exploitées les unes par rapport aux autres). Le film ne va pas non plus jusqu'au bout de ses idées féministes puisque, à la fin,
les femmes doivent se mettre à quatre afin de venir à bout d'un seul mec (plutôt moyen comme discours)
. En dehors de ces discours progressistes beaucoup trop appuyés et surtout réprobateurs qui ne cessent de pulluler dans les teen movies actuels (d'un autre côté, cela permet aux studios d'éviter les scandales, comme en a été victime dernièrement "Sacrées Sorcières" avec sa polémique aussi débile qu'inutile), le film n'est même pas doté d'une intrigue intéressante. Effectivement, la première partie du film consiste à reprendre "The Craft", on retrouve même le personnage que campait Skeet Ulrich mais il est cette fois beaucoup plus manichéen (c'est un con fermé d'esprit jusqu'à ce
qu'un sort lui soit jeté permettant de "révéler sa vraie nature" et là, on apprend qu'il est réalité frustré parce-qu’il est bisexuel
, ce qui a déjà été fait un bon nombre de fois au cinéma mais de manière, encore une fois, beaucoup plus subtile. Et alors après, dans sa seconde partie donc, le film part dans un délire total en nous inventant un
coven de mecs, ainsi comparé au film de 1996, les quatre sorcières ne se divisent plus mais restent soudées afin de battre le méchant sorcier (on ne sait pas trop ce que devient le reste du coven d'ailleurs, notamment les fils du sorcier qui disparaissent du jour au lendemain sans explications), autrement dit les femmes peuvent enfin avoir le dessus sur le patriarcat (à condition qu'elles s'y mettent à plusieurs)
. De plus, ce combat est comparable à un épisode de "Charmed" (nouvelle version bien-sûr), c'est-à-dire rempli d'effets spéciaux foireux et expédié à l'arrache. Ce qui nous amène enfin à la fin (il était temps !) mais non le film n'est pas finit, il nous réserve une dernière surprise ! Bah oui, on l'attendait tous ce twist à deux ronds, afin de ne pas faire trop remake ni reboot et de justifier le terme de suite, on apprend que
Lily est finalement la fille de Nancy du premier opus (et donc probablement de Chris également puisque c'est le seul personnage avec qui elle avait couché, avant d'être enfermé en hôpital psy)
. Bon, on passe sur la mise en scène qui n'a rien d’exceptionnelle et le casting reste quant à lui plutôt bon dans l'ensemble, mis-à-part David Duchovny qui parait surtout fatigué. "The Craft - Les Nouvelles sorcières" est donc un film plat, sans saveur qui n'a pas d'autre but que de servir un public assoiffé de progressisme.