La comédie US a toujours eu pour thème central le passage de l'adolescence à l'âge adulte, ce moment où l'on siffle la fin de la récré et que l'on embrasse le monde plus sérieusement. "Bad moms" ne déroge pas à cette règle, proposant certes quelques scènes bien délirantes et faisant fi à la fois des conventions du monde des adultes et des responsabilités, mais il est loin d'être figé et rigide dans sa morale. De mon côté, je trouve cette réflexion un peu absurde car j'aurai du mal à cautionner un film qui dit, en substance, qu'être une mauvaise mère qui délaisse ses enfants pour taquiner la boisson avec ses copines est un modèle éducatif qui devrait un peu plus suivi de par le monde. La vision globale est parfois déformée et je pense que les auteurs expriment leur point de vue sur la question à travers plusieurs personnages différents, faisant exister tant bien que mal leur avis au milieu des impératifs fixés par les exécutifs du studio (qui ont souvent une vision plus étroite, plus moralisatrice envers le public). Au contraire, je trouve que le film participe à sa façon à la prise de parole d'une certaine génération de parents, fatigués par un rythme de vie effréné, enfermés qu'ils sont par les carcans d'un modèle sociétal à bout de souffle. Ainsi, l'héroïne a l'impression de passer à côté de sa vie entre une vie de famille éreintante, un travail trop prenant et une multiplication invraisemblable des activités extra-scolaires. Une charge acide envers le modèle WASP qui a d'abord trouvé sa source sur le net, avec les nombreux blogs tenus par ses fameuses "bad moms" et qui ont sans doute donné l'idée à des producteurs opportunistes de surfer sur le phénomène. Le film dresse en creux le portrait de plusieurs mères de famille et s'il ne rend pas compte de toute la diversité des modèles familiaux (ce qui a sans doute déplu à Slate aussi), il y fait référence à travers un dialogue hilarant dans lequel les personnages campés par Hahn et Bell énumèrent à Amy (Mila Kunis) les différents "clans" de mamans attachés à la cause de son "ennemie" (campée par Christina Applegate). Ensuite, soyons réaliste, le personnage campé par Hahn est le prototype de la mère indigne, attachante certes, mais juste impossible à revendiquer comme modèle. (...) Les gags proposés sont plutôt réjouissants, certains délires sont bien trouvés et bien illustrés (ah, ce passage au supermarché sur fond de "I don't care" scandé par Icona Pop, la soirée entre parents d'élèves qui vire à l'orgie estudiantine), les gags font souvent mouche, les répliques fusent et les acteurs sont convaincants (toutes les actrices sont des vraies mères dans la vie et la séquence avant la générique résume parfaitement l'essence du projet, avec quelques anecdotes vraiment surprenantes), les personnages sont bien dessinés, le ton est parfois assez irrévérencieux et dresse en creux le portrait d'une nouvelle génération (celle de la boîte de Amy) qui fait bien peur à voir (et pour côtoyer certains jeunes gens à mon travail, ils sont parfois vraiment comme ça) mais la réalisation reste un peu trop générique, voire parfois effacée derrière soit une avalanche d'effets, soit une platitude de mise en scène de type télévisuelle. Au final, je dirais que ce film est amusant, propose un bon point de vue sur le sujet qui ne surprendra guère ceux et celles qui lisent la multitude de blogs qui traitent du sujet, c'est une bonne comédie qui détend, qui ne fait pas toujours preuve d'audace certes mais qui parle avec une certaine authenticité tout en restant une pure fiction (les ficelles d'écriture sont un peu grosses et on nage parfois en plein rêve). Reste une vision assez acide de la société US contemporaine, avec des personnages féminins forts. La critique complète à lire sur thisismymovies.over-blog.com