Une ambiance de village, ses paysans écrasés, fatigués par une chaleur asphyxiante, une canicule qui laisse place à un manque précoce d’eau. De spectaculaires acteurs qui se complètent dans une aventure à la fois humaine et dénaturée, dans un effroyable portrait et bouquet de personnalités diverses. On poursuit le parcours du jeune homme peu apprécié, presque toujours habillé de noir dans son blouson d’hiver malgré l’insolation permanente sur l’artère principale de campagne, statue commémorative à la clé. Une égalité est produite entre le contemplatif et l’action, c’est-à-dire que le réalisateur sait quand filmer un Karim Leklou ,littéralement métamorphosé, en train d’observer, sans guère de gêne, l’atelier d’un nouvel artisan, arrivé il y'a peu avec sa petite famille dans son lieu de résidence (magnifique Gadebois, comme toujours) ou comment mettre en scène une dispute sourde entre habitants mécontents qui déborde. Un malaise insistant prend place, on regretterait peut-être de Raphaël Jacoulot de ne pas assez l’alimenter et de nous laisser sous une sorte de cloche qui déclencherait la même action avec une répétition et sans fin aucune, mais aussi d’avoir mal su gérer certains aspects des seconds rôles et de nous laisser ainsi dans un flou dans les informations les concernant, avec ce comme quoi on pourrait croire de la victimisation de dernière minute, une bonne conscience pour faire chouette impression. Il n'en est rien. Mais même si l’originalité n’est pas non plus le fort de ce film, on se laisse transporter par un scénario bien écrit et des idées artistiques conséquentes. L’émotion, alors présente de bout en bout, éclate pour un final poignant, pas forcément bien pensé dans la réalisation (on tombe dans le brouillard, n’y comprenant pas grand chose de ce qui se trame dans l'effort du "combat"), mais cela n’a pas grande importance car vient la période des interrogations qui accentuent le mal-être de citoyens qui ont voulu faire leur propre loi. Ce qui a mené à la mort d’un de leur voisin et concrétisé une pure inhumanité. Du cinéma pour faire réagir, fort, puissant, et assurément troublant.