Matthieu, un trentenaire parisien de la classe moyenne plutôt branchée, partage son temps entre son boulot de commercial dynamique et le fils dont il a la garde en alternance avec sa femme, dont il ne partage plus l'existence. Elevé par une mère célibataire décédée huit ans plus tôt, il ne connaît rien de ses origines paternelles. Aussi quand Pierre, un inconnu qui se dit l'ami de son père naturel, le contacte du Canada pour l'informer que ce père vient de mourir, qu'il laisse deux fils "officiels" mais lui lègue un colis que lui, Pierre, doit lui faire parvenir, son sang ne fait qu'un tour. Il décide illico de partir aux obsèques canadiennes, pour rencontrer les "frères qu'il n'a jamais eus". Mais l'accueil de Pierre manque un peu de chaleur et derrière la surface des choses il flaire des non-dits. Un mystère domestique s'installe où les frères ont décidément de fâcheux défauts, une impalpable tension gagne du terrain à mesure que le charisme de Matthieu et de l'étrange ami Pierre nous les rendent plus attachants...
Famille je vous haime ? Les liens du sang, la transmission, la force des femmes et leur finesse aussi, le silence buté des hommes, autant de thématiques que ce joli film, tout en retenue, aborde avec sobriété et justesse, bien servi par des dialogues ciselés où le parler canadien nous régale sans excès d'accent. Avec, ce qui ne gâche rien, une belle lumière dans des scènes d'extérieur sur fin d'été au bord d'un lac, mais surtout la très belle prestation des deux rôles principaux de Matthieu (Pierre Deladonchamps) et Pierre (Gabriel Arcand). Ces deux là portent le film qu'ils irradient de leur présence touchante de belles personnes, sensibles, respectueux, ambigus jusqu'au dénouement surprise qui nous cueille en douceur. Un bon moment, dans la lignée des opus intimistes de Lioret qui a décidément une patte.