"Jean", c'est l'Arlésienne de ce nouveau film de Philippe Lioret : on l'évoquera souvent, mais on ne verra qu'une vague image de lui sur une photo. Il est vrai qu'il vient de mourir. Son meilleur (et plus vieil) ami, médecin également (mais à carrière aux antipodes - le défunt possédait une florissante clinique de chirurgie plastique, quand il exerce modestement comme naturopathe et acupuncteur), "Pierre" (Gabriel Arcand) apprend (par "accident", étant chargé d'une mission par le disparu) à "Mathieu" (Pierre Deladonchamps) sa filiation paternelle. Impulsivement, ce dernier (trentenaire français, déjà orphelin de mère depuis 8 ans) part pour le Québec, espérant faire la connaissance des deux fils légitimes de Jean, que l'on s'apprête à enterrer. Enfin, presque..... Un beau matériau romanesque (une nouvelle adaptation pour le 7e art, là par le metteur en scène, d'un livre de Jean-Paul Dubois : "Si ce livre pouvait me rapprocher de toi" - après, par exemple : "Kennedy et moi") à exploiter : un secret de famille, avec rebondissements.... Une vraie réussite, sur le plan de la menée (au cordeau) du récit, et sur son traitement cinématographique (drame, et non mélodrame : pas de pathos, même "artistique", de l'humain, par touches impressionnistes). Pierre Deladonchamps est parfait (lu quelque part qu'il ambitionnait un parcours à la Gamblin - ce "modèle" est convoqué avec une totale opportunité !), tout comme Gabriel Arcand (à re-découvrir aussi, par exemple, dans son film précédent, "Le Démantèlement", une histoire de Goriot rural, bouleversante et modeste). Mais on doit aussi distinguer, dans un casting quasi uniquement québécois, l'excellente Marie-Thérèse Fortin ("Angie", la très aimante épouse de Pierre).