Mobilisme.
Ce premier film de Yórgos Lánthimos, intitulé « Kinetta » ou « Mobile », commence sur une voiture immobilisée sur le toit et un homme qui marche, baladeur sur les oreilles, suivi caméra au poing. Ça bouge.
A force de mouvements, justement, de cadrages approximatifs voire carrément foireux, de gros plans flous, et en l’absence quasi totale de dialogues (rarissimes et inutiles) ou de musique, ce film d’essai est difficilement regardable, il faut en convenir. On y découvre le quotidien très terre-à-terre de trois personnages, un photographe-caméraman, une chambrière d’hôtel et un inspecteur de police réunis le temps d’une reconstitution.
Ce quotidien assez morne est ponctué de situations, d’agression ou d’un strip-tease, mises en scène par l’inspecteur, qui aboie ses consignes aux protagonistes tout en jouant parfois lui-même. Malsain. La chambrière semble apprendre à se mouvoir mais se blesse en le faisant (à l’épaule, à la jambe, au bras). Le photographe, enfin, à l’air d’être épris de la chambrière mais sans être capable de le lui exprimer.
On se doute bien que le thème principal de ce film est le mouvement et sa mise en scène (oralisée ou mise en images), une sorte de définition du cinéma, mais il est très difficile d’en sortir quoi que ce soit d’autre. A force de chercher à comprendre ce qui se passe (ou ne se passe pas), on ne peut pas dire qu’on s’ennuie. On est malgré tout content que ce film ne dure qu’une heure trente.
L’oeuvre n’a finalement d’intérêt que si l’on souhaite se plonger dans la filmographie de Yórgos Lánthimos et découvrir ses thèmes récurrents : l’incommunicabilité, les chorégraphies absurdes, les grands immeubles déserts (hôtels, hôpitaux, châteaux), la banalité du quotidien, l'ennui, la violence (encore très larvée ici).