Ce film se regarde comme un thriller haletant et aux rebondissements multiples, la gorge nouée par son ambiance nauséabonde, celle du régime de Vichy, où tout le monde espionne tout le monde, et où la délation se subtilise aux procès, où l'humanité ne présente que sa face la plus sombre, manipulation, trahison, haine du prochain... La mise en scène est parfaite, et Pierre Larquey et Ginette Leclerc (le rôle qu'elle joue dans ce film brisa sa carrière) au faîte de leur exceptionnel talent. Même les rares êtres au bon coeur du film se retrouveront vite contaminés par cette misanthropie contagieuse: Pierre Fresnay se met à espionner sa maîtresse, et enverra une innocente à l'asile! Pourtant rien n'est manichéen dans le film: Où est l'ombre? Où est la lumière? On ne pourra que regretter l'autodafé qu'ont subi divers protagonistes du film, qui est une violente diatribe qui a eu le courage de sortir pendant l'époque la plus sombre du pétainisme. Pourtant, malgré sa fin contraire à toute morale, ce film a en lui bien plus de résilience qu'il n'y paraît: le beau rôle n'est-il pas donné à Pierre Fresnay (dont le personnage est porte-parole d'une certaine forme de progrès social et moral, comme l'avortement), vichyste convaincu; montrant ainsi que nul n'est déterminé, et qu'on peut avoir foi en l'homme si tant est qu'on lui donne une chance.
Clouzot et son "Corbeau" a suscité de vives émotions à sa sortie en 1943. D'abord parce qu'il évoque implicitement une période sombre de notre histoire : la collaboration et puis qu'il dépeint des hommes lâches, mesquins, indignes La noirceur de l'âme est superbement rendu dans une scène de génie où le docteur Rémy Germain (interprété par le très bon Pierre Fresnay) se retrouve sans le savoir avec le Corbeau dans la salle de classe où ce dernier (Pierre Larquey) lui explique le dualisme de la nature de l'homme qui oscille, telle la lampe qu'il agite, entre le bien et le mal. On est pris au dépourvu jusqu'au dernier moment, ne sachant qui est ce fameux délateur car Clouzot a mis des masques sur tous les visages. Il faut aussi parler du beau rôle de Ginette Leclerc en infirme pathétique qui entretient des rapports passionels avec rémy. C'est donc encore un beau film français de Clouzot à voir absolument.
Avec "Le Corbeau", Henri-Georges Clouzot, des ses débuts (car ce n'est que son second long-métrage), s'impose comme l'un des plus grands maitres du polar francais ! Un grand classique des années 1940, et l'une des œuvre les plus notoires du cinéaste. Avec Pierre Fresnay en tête d'affiche, absolument excellent dans son rôle... Le gros point fort de ce film, c'est son scenario, une évolution parfaite de l'intrigue, du mystere, du suspens, des rebondissements, tout est si parfaitement maitrisé que ca dépasse l'entendement ! Et pour mettre tout cela en valeur, Mr. Clouzot derrière la caméra, qui filme merveilleusement bien les acteurs, les décors et rend tout cela brillant ! Une réussite !
Comment se fait-il que je n'ai pas vu ce film avant!?! Une construction tout simplement parfaite, le spectateur est immergé dès les premières images de la petite ville quelque part en France qu'on connait tous et nous sommes manipulés de droite à gauche jusqu'aux dernières seconde! Une thriller époustouflant de presque 70 ans dont bien des cinéastes actuels devraient s'inspirer. Un chef-d'oeuvre!
Il fallait oser faire un film en pleine guerre qui dénonce la délation. Car n'oublions pas que sous l'occupation la délation était fortement encouragée. Henri-Geores Clouzot, en nous montrant ce petit village français traditionnel, nous montre en fait la France à mon avis, en faisant un vrai pamphlet contre cette pratique. Mais... la mise en scène est peu être trop formelle et certains rebondissements sont trop attendus (du moins pour moi)... Ce n'est pas le chef d'oeuvre annoncé pour ma part, mais un bon film tout de même.
Un mystère qui nous emmène jusqu'au dénouement à travers la complexité psychologique des personnages. Ce film fait parti de la mémoire du cinéma français et des grands classiques a ne pas manquer.
Classique des classiques, toujours aussi impressionnant à la troisième vision ou plus. On peut pointer l’influence de l’expressionnisme dans l’utilisation des contrastes d’ombres et de lumières, des angles de vues déséquilibrés (la fuite de la sœur Corbin), mais aussi dans le thème de la folie, du personnage joué par P. Larquey, semblable au docteur caligari ou au directeur d’hôpital psychiatrique du « Testament du docteur Mabuse ». L’analyse de la faiblesse humaine est sans concession, mais aussi sans cynisme ni misanthropie. Quand un film a cette profondeur et cette densité intemporelles, tout en rendant si bien compte de son époque, on est au niveau des plus grands chef-d’œuvres romanesques.
Ce film est un des meilleurs de Clouzot, la mise en scène est impeccable, et pourtant, à cause de cette oeuvre, le réalisateur s'est vu mettre sur liste noire, accusé de collaboration avec les allemands sous l'occupation. Ce film présente en effet des français qui dénoncent des français et a donc été considéré comme une incitation à la dénonciation. A présent, on néglige ces considérations pour conclure que Le Corbeau est un des plus grands chefs d'oeuvres du cinéma français, chapeau bas !
Au vu de la qualité esthétique du film et de la maîtrise de l'intrigue et du suspense, on pourrait penser qu'il s'agit d'un travail beaucoup plus récent que les années 40 ! Mais voilà, Clouzot est définitivement un génie et même s'il n'a pas le style Hitchcockien dans le traitement du suspense, il n'a rien à lui envier par son côté énigmatique encore plus intéressant à mon goût. Les dialogues sont excellents et des scènes parfois hilarantes. Le mélange humour, noirceur, intrigue, atmosphère énigmatique donne un ton au film incroyable et le rend tout simplement magique. Un grand classique à classer au sommet du patrimoine cinématographique français.
Après avoir vu Les Diaboliques, L'assassin habite au 21, Quai des Orfèvres et le Salaire de la Peur qui sont tout les quatre d'excellents films et même des chef-d'œuvres, j'attendais beaucoup de bonne choses de ce film. Mais hélas, Le Corbeau c'est avéré être un film nettement en dessous de ceux cités précédemment pour ma part. Si l'on retrouve avec plaisir les fidèles de Clouzot tels que Noël Roquevert, Pierre Larquey ou encore Pierre Fresnay et que la réalisation toujours aussi sobre et belle nous offre quelques superbes, on ne pourra qu'être déçu du manque de souffle, de rythme de ce film. En effet l'intrigue et très intéressante : la pression sur les habitants d'un petit village qui petit à petit sont amenés à révéler leurs secrets et un très bon thème, mais hélas le filon est mal exploité. Là où les Diaboliques nous tenait en haleine, Le Corbeau ennuie quelques peu. Quand au dénouement, il est assez chaotique ce qui est assez surprenant chez Clouzot qui avait pourtant déjà bien réussi le twist-ending de son précédent film. Au final on ne comprends pas les motivations de certains personnages clefs et même ceux du Corbeau semblent obscures à la fin du film... Le spectateur peut-il interprété librement ? Je ne crois pas que ce fut l'intention du réalisateur...
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5,0
Publiée le 6 octobre 2014
« Où se situe la frontière du Mal ? Savez-vous si elle se trouve du bon ou du mauvais côtè ? » 1943 sera une grande annèe pour le cinèma français, malgrè le frein considèrable constituè par l'Occupation et la censure. "Le corbeau" d'Henri-Georges Clouzot est un èclatant chef d'oeuvre en s'inspirant directement d'un fait divers! Dans une ville de Province, des lettres anonymes provoquent de nombreux ravages! Plusieurs personnes sont soupçonnès, avant que le vèritable coupable (qu'on ne dèvoilera surtout pas) soit dèmasquè! Cette intrigue admirable permet à l'ex-assistant d'Anatole Litvak d'analyser en profondeur la psychologie de ses personnages, leur caractère, leur comportement contradictoire! De Ginette Leclerc à Pierre Larquey, en passant par Hèlèna Manson, Sylvie et Jean Brochard, ils sont tous gravès dans nos mèmoires! Sans oublier le grand Pierre Fresnay qui trouve en jeune mèdecin l'un de ses plus beaux rôles! Avec ce film controversè qui fut interdit par la censure militaire à la fin de la guerre, Clouzot se rèvèle ainsi comme l'un des maîtres du film noir! Un cinèma français pourtant soumis à l'èpoque à un règime de censure strict et rèduit aux allusions èrotiques, sans compter qu'en 1943 on a souvent l'esprit ailleurs, et pour cause! Clouzot donnera à Ginette Leclerc son rôle traditionnel de fille facile, qu'elle fignole avec une science consommèe, jouant de tout l'arsenal de la sèduction pour gagner l'amour de Fresnay! Dans une sèquence du film où on la surprend au pieu dans l'attente de son amoureux, on la voit placer un oreiller sous elle de manière à mettre ses seins en valeur, rajuster l'attache de ses bas, raviver prestement ses lèvres, etc...De tels efforts seront couronnès de succès, puisqu'elle parviendra à sèduire l'ombrageux mèdecin! Notons que "Le corbeau" marquait un certain courage de la part de Clouzot, qui n'hèsita pas à produire un film où l'on pouvait lire en transparence une critique très vive de l'occupant et où l'accent ètait mis sur l'atmosphère de dèlation pesant sur les relations sociales de cette èpoque noire! Quant à la sèquence mythique de l'ampoule èlectrique qui se balance, elle fait aujourd'hui partie de la lègende du 7ème art...
Pas une ride pour ce classique, qui se distingue principalement par l'intelligence de ses dialogues, par son rythme rapide, et par son scénario malin et surprenant. A déguster sans retenue !