« La mélodie du bonheur » est une comédie musicale culte qui peut se targuer d’avoir raflé pas moins de cinq oscars en 1966. Etonnant ? Ce qui l’est le plus est peut-être le fait que l’homme derrière la caméra de cette gentille œuvre familiale est aussi celui ayant orchestré la violence des gangs de « West Side Story ». Changement de registre total donc, bien que l’héroïne de cette histoire se nomme encore une fois Maria. La Maria de cette histoire est une nonne, mais une nonne aimant chanter tout en se perdant dans les hautes étendues autrichiennes. Exaspérées par son comportement frivole peu adapté à la vie au couvent, les sœurs lui donnent pour mission de devenir la gouvernante des sept enfants du sévère capitaine Von Trapp. Il se trouve que Maria est exaspérante avec son éternel optimisme et son sourire forcé, il se trouve que les enfants ne sont pas si terribles que ça, et il se trouve aussi que le capitaine est bel homme finalement pas si coincé. L’intrigue est toute dessinée, non ? Ce que je reproche à « La mélodie du bonheur », c’est son manque de profondeur. Il n’y a pas de réels enjeux puisque tout se passe idéalement. Une unique confrontation avec les petits diables et ensuite c’est l’amour pour toujours, pareil pour la relation entre Maria et Georg. La baronne Elsa Schraeder baisse rapidement les bras après n’avoir tenté de décourager qu’une unique fois sa rivale. Après près des trois quarts du film, une fois les intrigues familiales closes, l’arrivée du nazisme en Autriche permet de donner une légère profondeur au récit. Comment assumer ses positions, comment assurer son rôle de chef de famille lorsque soi-même on doute, comment protéger sa progéniture, tant de réelles thématiques abordées par la comédie musicale. Il aurait pu être judicieux d’exploiter ces idées plus longuement vis-à-vis de la longueur de l’œuvre, mais qu’importe, elles sont présentes et c’est l’essentiel. Après tout, la volonté a été de concocter un film familial qui donne le sourire, non ? Les chansons présentent du bon comme du moins bon. Certaines charment immédiatement l’oreille, telles que "My favourite things", "Do-re-mi" et "Edelweiss", et accompagnent évidemment des scènes toutes aussi charmantes. D’autres ne provoquent rien malgré la qualité de la scène l’accompagnant ("Something good") et d’autres ne présentent que peu d’intérêt voire agacent, concordant avec la vacuité de la scène ("I have confidence", "Sixteen going on seventeen", "The lonly goatherd"). Vous l’avez compris je pense, si jamais vous avez envie de vous détendre devant un film niais, gentillet et sans prétention « La mélodie du bonheur » est fait pour vous ! Autrement, autant ne porter d’intérêt qu’à la précédente comédie musicale de Wise.