(...) Trey Edward Shults , nous offre avec « It comes at night » une excellente et brillante surprise fait de noirceur et d’une simplicité étonnante. La fulgurance qui émane de son film est principalement basée dans la qualité de sa mise en scène, sèche, comme dans le contenu de son récit, fin et subtil, tout aussi simple, mais percutant dans les rapports humains qu’il nous conduit à explorer. Trey Edward Shults offre ce qui manque souvent au cinéma de genre, là où la violence se tapie non pas dans son aspect visuel et viscérale, mais aussi et avant tout sous un aspect psychologique. Pas besoin ici de résumer l’histoire, les détours que le récit emprunte se suffisent à eux-mêmes et la découverte de ces derniers fait partie de la réussite de l’histoire, donc pas de spoilers. Comme jouant sur les peurs primaires, voire freudiennes, il manipule le spectateur vers un questionnement présent tout au long du film et nous confronte à nos propres peurs et réflexions. C’est ici que « It comes at night » frappe sans doute le plus fort, dans son intelligence à inviter le spectateur à se mettre à la place des personnages (ils sont nombreux et leur profil parfaitement dessiné pour que chacun y trouve un reflet) et donc soit porter de l’empathie envers eux, soit se questionner personnellement sur nos propres choix.
Au-delà du fond d’une qualité assez rare dans le genre, la partie plus formelle du film est elle magnifique, jouant parfaitement du off, des sons, d’un montage et d’une photo en totale adéquation, le tout formant un ensemble juste, aux fondations classiques mais solides.
« It comes a night » en reprenant les codes d’un genre, ses versants classiques et sans verser dans la gaudriole, et encore moins dans le jump-scare redondant, semble être le symbole parfait du film paranoïaque aux relents post-apocalyptique, le tout, en nous questionnant sur nous-même et bien plus encore, sur le ressort de l’humanité et ses comportements, malheureusement, très actuels. Trey Edward Shults réalise un film d’horreur psychologique tout en nuances et bordé de talent, tant est si bien, qu’on attend déjà son troisième projet avec impatience, après son premier long, « Krisha », déjà impressionnant même si beaucoup moins accessible.