"It comes at Night", ou, si l'on traduit littéralement "Ça vient la nuit". Eh bien, force est de constater qu'on attend pendant tout le film ce qui pourrait venir s'inviter durant la nuit, et sans vouloir vous spoiler, le résultat est décevant, voire très décevant et on reste sur une impression d'inachevé sans vraiment comprendre l’intérêt, mais surtout l'engouement suscité autour de ce film, qualifié maladroitement de "chef-d'oeuvre de l'horreur". Etant un fan du genre, je peux vous garantir que "It comes at Night" n'est pas un film d'horreur mais plutôt un thriller mystérieux genre survival au suspense, certes, grandissant et efficace. Dans un huis-clos cloisonné et perdu en pleine forêt, une famille tente de survivre à l'abris des regards et de la menace d'un virus qui semble avoir disséminer la population. L'idée de départ est alléchante et reste volontairement floue, donnant envie d'en savoir plus et surtout de découvrir comment ce huis-clos va imploser de l'intérieur. Il est formellement interdit de sortir la nuit et malheureusement, cette idée qui préserve tout l’intérêt horrifique du film n'est que secondaire et pas du tout approfondie. Au lieu de ça, et c'est sûrement la force du scénario, l'histoire se tisse par ses personnages, leurs craintes et leurs paranoïas véhiculés essentiellement par l'instinct animal de défendre sa famille. En situation extrême, on en vient tous à des réactions extrêmes, à une violence enfouie et inattendue et comme dirait Thomas Hobbes : "L'homme est un loup pour l'homme", autrement dit l'homme est le pire ennemi de son semblable ou de son espèce et en cela, le film est un fervent illustrateur. Les acteurs sont bons et font ressentir la pression et la méfiance de cette situation spéciale (et ce, même si ils hurlent dans la plupart des scènes). Maintenant, pour ce qui est de l'horreur et de la menace qui rode, on reste sur notre faim car toutes les scènes qui s'en approchent sont majoritairement des cauchemars du jeune adolescent dont le sommeil se confond avec la réalité. Les scènes sont efficaces mais brèves, et ne vont pas jusqu'à nous choquer à outrance. On en veut plus et on attend avec impatience un dénouement de taille ! Chose qui n'arrivera pas et qui sera remplacé par une fin inaboutie, morcelée et rapide. Je suis déçu même si je reconnais l'esthétique dans les mouvements de caméra et les jeux d'ombre et de lumières. Mais je ne vois pas du tout la charge politique que le réalisateur évoque en interview, contrairement à celle plus marquée et évidente de "Get Out" qui semait les indices avant de nous confronter à nos propres angoisses. Ici, le fait de garder cette distance et ce mystère irrésolue donne un air de déjà-vu au film, comme si on se retrouvait face à un épisode de "Walking Dead", le gore en moins. Un suspense judicieux pour un développement et un dénouement des plus décevants.