(...) « Jackie » s’avère le biopic le plus intéressant réalisé récemment, pas tout à fait le plus accessible, mais d’une subtilité peu évidente qui procure un étrange sentiment d’avoir découvert à la fois et paradoxalement, un film relativement anxiogène (la musique y contribue pour beaucoup) et étrangement très attirant. Magnétique en effet, avant tout par le jeu inouï de Nathalie Portman, tant son mimétisme, son attitude et jeu vocal sont identiques à l’ex Première dame des Etats-Unis. L’illusion semble parfaite tant le travail effectué par la comédienne, comme celui des maquilleurs, ont su jouer de leur talent. L’ensemble associé à la mise en scène de Pablo Larrain, et les séquences télévisuelles d’époque du White House tour, reprises à l’identique, sont étonnantes. Mise en parallèle du documentaire d’époque ces séquences soulignent à quel point l’authenticité des faits importent au réalisateur (l’exact opposé de ce qu’était « Neruda »).
(...) Par des effets réduits à leur minimum (raccords parfaits avec documents d’époques, choix judicieux de décors filmés), un tournage en 16mm renvoyant au grain des documents d’époque et un montage très intelligent (Sebastian Sepulveda à suivre), « Jackie » s’habille non seulement d’un aspect visuel très intéressant mais également, et surtout, d’une mise en scène subtile, maline et qui sait et veut prendre son temps pour coller au mieux à son histoire. Evidemment, Darren Aronofsky à la production (et un moment envisagé pour réaliser le film) n’est pas étranger à cette direction prise par la mise en scène mais Pablo Larrain met clairement sa patte cinématographique au cœur du film.
L’accent ayant été mis sur la véracité des faits, on retrouve ainsi un casting étonnant de ressemblances, comme de mimétismes, une réalisation à même de faire ressentir les vibrations d’une époque ainsi que la complexité de devoir gérer cet attentat qui a bouleversé l’Amérique. On sent alors toute la complexité et la diplomatie in et off qui a dû être mise en place à l’époque et ce à travers le portrait d’une femme, accent majeure du film, qui vient envelopper et nous narrer le décor méconnu d’un fait historique. Si « Jackie » ne peut forcément plaire à la majorité, film gris, froid, peu divertissant, où seul l’espoir naît des dialogues et du profil de certains personnages, il est avant tout et surtout l’écrin parfait pour une comédienne qu’on verra forcément nommée aux Oscar cette année. Brillant, « Jackie » reste avant tout le film étendard pour une comédienne.