Si le réalisateur de « Nos étoiles contraires » pouvait prétendre à un certain potentiel, il faudrait encore patienter, peut-être encore plus longtemps que ce délai indécent entre la production chaotique à la sortie d’un film qui passe à côté de son originalité. Oui, Josh Boone, accompagné de Knate Lee à l’écriture, aura beau défendre cet objet difforme, les défauts parleront d’eux-mêmes. Dans son désir de lier des traumatismes d’enfance et l’éveil de l’adolescence, la mutation est sous-exploitée. Cette allégorie est une transition dont il faut prendre le soin de nuancer, mais au lieu de cela, le film ne fait que surfer sur des références qui ont fait leurs preuves et leur identité, chose que « Les Nouveaux Mutants » ne possède évidemment pas.
On souhaite parler de teenage movie, mais en fait pas totalement. Le film pose constamment des passerelles vers des thèmes différents, sans jamais les faire communiquer. Lorsque l’on attend de l’épouvante qui rend hommage aux années 80, on ne ressent ni nostalgie, ni frisson, ce qui est tout de même inquiétant étant donné le parti pris psychologique. De ce fait, on dénote une grande absence de convictions que l’on croisera volontiers avec une maladresse sans nom, ou surnom, comme pour ces personnages mal-aimés et mal appréciés pour leur parcours émotionnel. Les banalités se succèdent alors, au rythme d’une longue désillusion, car l’intrigue ne mène nulle part. Il ne reste que l’ambiance pour sauver les meubles. Et justement, associons-lui le décor, il en résultera une stérilité. L’ambition n’y est pas et la mise en scène n’aide pas non plus à convaincre du caractère claustrophobique ou oppressant des lieux. Mais ce serait ne pas prendre au pied de la lettre la véritable menace des adolescents, à savoir la découverte de leur pouvoir.
Cela aurait pu rimer avec le super-héroïsme, mais il n’en est rien. On feint d’ailleurs l’approche et c’est une bonne chose pour la vétérane Anya Taylor-Joy et ses acolytes du petit écran. Mais le dénouement préfère se raccrocher à cette facilité, en diluant les affrontements avec des effets spéciaux d’occasions, où plus rien ne surprend, où plus rien ne séduit. Et pourtant, il y avait encore de la place pour explorer le drame social, ponctué par des voix minoritaires, comme les mutants l’ont toujours suggéré, notamment chez les X-Men. Ni la communauté amérindienne, ni les homosexuels n’auront le temps de s’identifier, car le récit expédie rapidement leur développement, telle une action ou vérité qui assume à moitié son jeu et sa subtilité. De même, la responsable des lieux n’est pas crédible, tout comme le système qu’elle met en place, délaissant l’humain derrière les compétences et surtout la pertinence derrière l’aspect intimiste des personnages.
Ainsi, « Les Nouveaux Mutants », adapté de la saga « l’Ours Démon » cohabite un peu trop avec l’univers de Stephen King, pour ne citer que lui. Il serait donc compliqué qu’on l’accepte comme un concept à part entière. Entre contradictions et frustrations, pas de clairvoyance à l’horizon, ni d’enjeux qui auraient pu générer plus d’intérêt pour une œuvre atypique, à l’heure où les super-héros se réapproprient le succès des westerns passés. Cependant, le projet a ironiquement souffert de ses propres mutations au fil de ces dernières années, le confinant dans un cocon immature et sans saveur. Le film servira néanmoins à la postérité, espérons-le de nouveau, sur les post-it des choses à ne plus faire et défaire.