Paula Modersohn-Becker annonce dans ses œuvres de début de siècle le grand mouvement de peinture expressionniste allemand, qui, lui-même, avec les cubistes parisiens, ouvrira l'art, la littérature à la modernité. C'est tout l'enseignement de ce film "Paula" qui raconte en substance l'histoire même de l'acte de création. Car cette Paula est déterminée à réussir, non seulement dans la peinture, certaine de son talent, mais aussi dans sa vie de femme. La photographie rajoute à ce projet de création des paysages très bucoliques, notamment dans la première partie, lumineux comme des peintures, et romantiques à souhait. La jeune Paula, autant fiévreuse qu'enfantine, est déterminée à faire de sa vie une œuvre. Elle se résigne au mariage avec un peintre qui lui permettra toute son existence de s'adonner à son art. L'idée du film est tout à fait passionnante. La mise en scène par contre, d'un classicisme consternant, est ratée. La première partie du film, qui est sans doute la meilleure, se déroule en Allemagne. Le réalisateur semble à l'aise dans ces décors poétiques, même si les personnages se perdent dans des mimiques souvent caricaturales, nimbées par une musique pompeuse. La seconde partie, à Paris, tombe cette fois dans le stéréotype total de la belle époque. On y croise une Camille Claudel ridicule et ivre, un Rodin absent, et toute une palette de personnages insignifiants et peu vraisemblables. Il faut toutefois rester patient car le meilleur vient au générique final, permettant avec délice de voir ou de revoir les œuvres magnifiques de la grande peintre.