Je pourrais écrire un article dithyrambique sur ce film qui m’a personnellement beaucoup plu.
Cependant, cette œuvre risque de ne pas remplir les attentes habituelles du public. Dans l’intérêt des lecteurs, je vais essayer de commenter cette production en fonctions des attentes qu’elle peut remplir ou décevoir.
J’espère ainsi que le lecteur pourra aborder ce film sans connaitre une vive déception.
Pour ceux qui appréhende cette œuvre mais qui souhaiteraient sauter le pas, je propose la lecture des deux derniers points, qui offre modestement une grille de lecture. (J’ai masqué ces paragraphes pour qui veut découvrir le film avec un œil neuf).
1/ Ce qu’est ce film :
Un film d’auteur artistique, une œuvre d’art cohérente dans son histoire, son propos et son esthétique métaphorique.
Si la compréhension de Planétarium nécessite quelques interprétations, ce n’est pas pour autant un film totalement implicite. En effet, les répliques des protagonistes nous éclaircissent sur les intentions de l’auteur.
(j’ai quand même dû le regarder deux fois pour comprendre certaines scènes).
2 /Ce qu’on peut attendre du film :
Une réalisation particulièrement soignée dans lequel tout plan a du sens.
Un scénario qui amène et développe plusieurs idées-force. La finalité étant de développer des un propos.
Rebecca Zlotowski accorde du soin au développement des personnages, de leurs espérances et questionnement.
Le jeu d’acteur est très bon. Natalie Portman présente une expressivité excellente, Emmanuel Salinger est très convainquant et Lily-Rose Depp est très prometteuse dans son personnage éthéré.
Il est à noter pour les amateurs, que dans cette production française, Natalie Portman joue successivement en anglais et en français, ce qui permet ponctuellement à tous francophones réfractaires aux vostfr d'apprécier la qualité de son interprétation sans doublage, donc dans sa totalité.
3/ Les attentes éventuelles auxquelles le film ne répond pas :
Cet opus n’est pas conseillé aux cinéphiles qui recherchent un scénario à rebondissement/twist/péripéties ou intrigue à dénouer. Aussi, en tant que spectateur, on ne distingue pas rapidement les enjeux ni dans quelle direction l'histoire nous mène, probablement parce le scénario traite plusieurs problématiques. Personnellement, j'ai ressenti un relatif manque d'unité dans cet œuvre, ce qui m'empêche de mettre 5 étoiles à ce film.
A ce sujet, je me pose une question : est-ce que la réalisatrice plonge volontairement le spectateur dans l’incertitude quant à l’objectif de cette histoire ?
Cette incertitude inconfortable nous préparerait à ressentir la sensation de menace sourde et diffuse perçue par l’héroïne.
Si c'est volontaire, on peut classer cette production dans le cinéma expérimental, car il joue avec les attentes du téléspectateur pour produire ses effets.
Enfin, il faut prévoir que ce film ne s’attarde pas sur le contexte historique.
La montée du fascisme sert de toile de fond, parce que le but du film est de nous montrer que le protagoniste menacé par cette l’évolution politique, est un être qui vit dans le passé et ne se rend pas compte du péril futur (ou ne se considère pas personnellement menacé). A noter : ce protagoniste s’inspire d’un personnage réel.
4/ Axe de réflexion :
Le film est riche en parallèles : spiritisme/jeux d’acteur, cinéma/réel, Laura Barlow dans ses deux métiers…
Rebecca Zlotowski nous offre une certaine vision du monde du cinéma, sa nature, son rôle voire ses ambitions. Dans ce sens, la réalisatrice développe un propos sur le jeu d'acteur, la réception des images cinématographique par les spectateurs, sur la valeur et l'impact des images.
5/ Mon interprétation :
La photographie, les panneaux de diodes dorées, l'éclairage et la tonalité des teintes dominantes jaunes sont très cohérentes avec le titre, évoquant un ciel étoilé. Je me risquerais à supposer que l’esthétique du film est une métaphore du monde du cinéma et de ses stars.
L’intention de la réalisatrice est de montrer que le cinéma permet de vivre des émotions plus intenses que la vie réelle.
Par son caractère démonstratif et explicite (les trucages ou la mise en scène), le cinéma donnerait des représentations plus significatives que « les scènes » de la vraie vie.
Une caméra fidèle et documentariste peinerait à rendre le mystère et les sensations vécues.
L’auteur prolonge son raisonnement en abordant la question de la réception publique des images. A cet effet, elle met en valeur les ambiguïtés et incertitudes de l’interprétation des scènes cinématographiques, débouchant sur des malentendus potentiels.
Il semble qu’il y ait également une mise en parallèle avec le ressenti des protagonistes qui sont eux-mêmes incertains au sujet de leur entourage et environnement.
« On ne sait jamais ce qui est sur le point de changer » comme le précise l’affiche du film.
En conclusion, c’est une œuvre qu'il vaut mieux aborder en connaissance de cause.