Planétarium est un film ample, à la mise en scène raffinée, c’est un film d’époque avec tout ce que cela implique, costumes, décors, et là, ils sont somptueux ces intérieurs art déco…c’est aussi un film au foisonnement thématique sans doute excessif, à vouloir trop balayer on finit par s’y perdre notamment à la fin …Kate (Lily-Rose Depp) et Laura (Nathalie Portman) Barlow, deux jeunes sœurs, médiums américaines, débarquent à Paris pour terminer leur tournée mondiale. Elles évoquent les sœurs Fox, célèbres spirites américaines de la fin du 19iem siècle. Nous sommes à la fin des années 1930 et l’industrie du cinéma est en plein essor. Un célèbre producteur, André Korben (Emmanuel Salinger), est fasciné par les sœurs Barlow et les engage pour filmer les esprits qu’elles invoquent. Il dépensera beaucoup d’argent pour mettre au point une caméra capable d’impressionner les apparitions, convoquant un célèbre spécialiste viennois des phénomènes paranormaux, le professeur Ullé. Korben s’attachera à Kate, la plus jeune et celle qui a le don, Laura de son coté abandonnant le spiritisme pour une carrière cinématographique. Le personnage de Korben a été inspiré par l’histoire de Natan Tannenzaft, juif roumain, immigré en France au début des années 1900, engagé dans la légion étrangère dés 1914, naturalisé français au sortir de la guerre sous le nom de Bernard Natan, devenant un producteur cinématographique, rachetant Pathé, avant de faire banqueroute, arrêté pour escroquerie, déchu de sa nationalité et finalement livré aux nazis qui l’enverront à Auschwitz où il mourra. De cette histoire mouvementée, nait ce foisonnement thématique qui déroute un peu le spectateur. Le film est passionnant quand il évoque le cinéma et sa puissance, quand Korben raconte son ambition sur la production française, quand, en toute naïveté, il envisage une caméra comme un objet magique permettant de voir des fantômes ou de capter, ne serait-ce que l’espace d’un instant, un évènement surnaturel…Le film cherche donc à établir le parallèle entre deux mondes imaginaires, celui du cinéma et celui du surnaturel…Là où le film est moins convaincant, c’est dans l’oubli du contexte historique, la société du film est légère, passe de fêtes en fêtes, étrangère au contexte historique, à la montée du fascisme et à l’apparition de l’antisémitisme…seule allusion, lors d’une réception, un personnage évoque Mussolini, et vers la fin du film, l’un des actionnaire rappellera à Korben la francisation de son nom et ses origines juives…en cela le film reste timide. La réalisatrice Rebecca Zlotowski a eu la chance d’accrocher deux actrices stars, Nathalie Portman est de tous les plans, tout simplement belle, capable de véhiculer des émotions intenses et contradictoires, Lily-Rose Depp est parfaite dans un rôle de femme-enfant, fragile…Emmanuel Salinger est comme habité par ce personnage ambigu, multiple dont le regard rappelle Peter Lore dans M le Maudit….Je sais que ce film génère des appréciations contradictoires, qu’il peut laisser une impression d’inachevé, de désordre, mais quelle merveille esthétique !!!