Une vraie réalisatrice, Rebecca Zlotowski. Ambitieuse (trop?) qui ne se contentera pas de nous plonger pendant deux heures dans les turpitudes d'une famille dysfonctionnelle (non non, je ne fais allusion à personne....), qui ne se satisfera pas de la facilité d'adapter un livre (voir une BD) qui s'est bien vendu.... Le résultat n'est pas complètement à la hauteur. C'est foisonnant au point d'être brouillon, ça part un peu dans tous les sens. Tout est trop! Ca déborde. Mais au moins, ça ne ressemble à rien de ce qu'on voit sur les écrans en ce moment. Aussi original que Grand Central, mais on voit que la réalisatrice a mûri. Maintenant, il faudrait qu'elle apprenne un peu à élaguer....
Dans les années 30, voilà deux soeurs américaines, qui se produisent dans des théâtres ou en séance privée, pour des manifestations de spiritisme.... En fait, c'est la plus jeune, Kate (Lily-Rose Depp, bien plus convaincante que dans son précédent film où elle se contentait de couiner et de minauder...) qui a le "don". C'est une ado mutique qui n'a jamais été à l'école, n'a jamais eu une vie normale, victime du barnum monté par sa soeur aînée et manager, Laura (Natalie Portman). Croit elle vraiment à ce don, Laura? On peut en douter.
André Korben (l'excellent Emmanuel Salinger) est producteur de cinéma. Un producteur aux idées farfelues, dont se méfient ses actionnaires. Lorsqu'il rencontre les deux soeurs, tout d'abord il est persuadé d'être réellement entré, grâce à elles, en contact avec une personne de son passé. Et il veut en faire un film. Là, les actionnaires sont contents. Faire tourner une aussi jolie fille que Laura, c'est un cadeau. C'est sa soeur qui a le don? On s'en fiche, on fera de très jolis petits ectoplasmes en effets spéciaux. Mais ce n'est pas cela que voit André: il imagine d'utiliser des machines sophistiquées et pour cela se lie avec un "métapsychologue", et rêve de pouvoir visualiser, sur la pellicule, ces visiteurs venus d'ailleurs..... (on se souvient qu'au début de la photographie, des illuminés croyaient détecter des fantômes imprimés dans l'argentique....). Il y a maldonne. Pendant que Laura se prend déjà pour une vedette, André fantasme sur ce que peut lui révéler Kate.... Mais on est dans les années 30, ne l'oublions pas, et Korben est né André Korbinsky, juif polonais... Encore une piste, qui n'est traitée que superficiellement. Je vous ai dit que ça partait dans tous les sens.... Au fond André, comme Kate, ce sont des coeurs purs et sincères. Donc, hélas, destinés à devenir des victimes. Mais le spiritisme est il autre chose que de persuader des âmes faibles qu'elles voient.... ce qu'elles souhaitent ardemment voir?
Le film est une succession de très courtes séquences et il est surchargé d'un certain nombre de ces séquences, plus décoratives qu'autre chose.... Un peu agaçant aussi est le côté "magazine Vogue" dès que Nathalie Portman est à l'écran, merveilleusement maquillée et parée de robes plus jolies les unes que les autres. Mais l'ensemble, ambitieux, reste très intéressant. Du cinéma d'auteur.... qui a l'ambition de ne pas le rester.