Masss, dernier film du réalisateur indien Venkat Prabhu, flirte avec le pire de Nanarland, ne se rattrapant qu’au prix d’effort laborieux dans les toutes dernières scènes. La preuve que le cinéma indien, qui livre aussi des comédies fort sympathiques et des romances réussites, n’a pas totalement usurpé sa réputation de grand n’importe quoi.
Massu (Suriya Mann) et Jet (Premgi Amaren) sont deux voyous vivant de petites arnaques. Le premier tombe amoureux de Manini (Nayantara), une jeune infirmière. Devant un dilemme, son supérieur lui demande un pot de vin pour la promouvoir, cette dernière hésite à accepter l’aide de Massu. A la suite d’un coup qui tourne mal, Massu perd connaissance dans un accident de voiture. C’est alors qu’il commence à voir des fantômes. Que va-t-il faire de son pouvoir ?
Malgré la présence de Suriya Mann, acteur en vogue du cinéma tamoul, Masss peine vraiment à captiver son auditoire. Au contraire d’un film comme I qui offrait de véritables chorégraphies en terme d’art martiaux, de véritables morceaux de bravoures, Masss écope d’un montage désastreux alliant le plus kitch et le plus improbable. Massu passe son temps à distribuer des coups sans qu’aucun enchaînement ne se coupe. Le réalisateur use et abuse de plan et de contre-plan pour donner l’illusion de combat à moindre frais. Rajoutez à cela, la bande originale tout à fait insupportable, une techno bas de gamme et sans inventivité. Et surtout, notez l’innocuité des paroles, tout à fait digne de la musique. Si le niveau des choix musicaux est souvent la part d’ombre des productions indiennes, des films comme I ou Happy New Year séduisent tout de même par une recherche des paroliers au dessus de la moyenne occidentale, mettant en avant les plus beaux sentiments amoureux plutôt que des considérations purement physiques. Les paroles des chansons de Masss semble avoir été écrit par le nègre de Mac Tyer, c’est dire le niveau…
Et puis, Masss semble aussi se moquer de son public en ramenant l’ère des effets numériques au début des année 80. Kochadaiyaan nous avait bluffé par son réalisme, preuve s’il en est que l’industrie cinématographique indienne a des techniciens de génie. Masss a failli nous brûler la rétine devant des monstres tout à fait pixelisés, sortis du premier Resident Evil. L’ennui se faisait sentir à l’entracte et les rires étaient plutôt gênés. C’est en dernier ressort que Masss sort son joker en faisant le grand écart entre les situations absurdes et l’apathie du héros pour s’orienter vers un drame aux accents sociaux et politiques. Comme souvent dans le cinéma indien qui ne néglige que très rarement ces problématiques, il y est finalement question de corruptions de fonctionnaires, de financiers avides et sans scrupules et d’assassinat par immolation. Autant dire que la fin est moins foutraque que le commencement mais que le retour a une réalité moins fringante y a perdu de son impact. La faute à un personnage de beauf, lunette de soleil à l’appui, finalement assez antipathique et auquel on ne peut s’attacher. Il y a trop de contradictions entre l’attitude général de Massu et ces moments de spleen surjoués.
Masss qui a comme principaux défauts d’avoir une musique mal écrite et un montage au hachoir, laissant peu de place à de mémorable scène d’actions et à de véritable scènes émouvantes, peut aisément être oublié au profit d’autre œuvre autrement plus touchantes et entraînantes. Nous évitons d’habitude de comparer l’incomparable mais sur la même thématique, courez revoir Ghost plutôt!
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