« Et me parlez plus de votre révolution, faut être complètement fou pour tuer un flic. Salut ! »
Phlippe Fourastié n’a pas énormément tourné, sinon comme assistant-réalisateur, mais on peut dire qu’il n’a pas eu beaucoup de chances avec les conditions de tournage : la série qu’il a réalisée pour l’ORTF sur la vie de Mandrin a dû être délocalisée en raison de mouvements sociaux dans le monde agricole et ce La Bande à Bonnot a connu des difficultés en raison de l’éclatement de mai ‘68. Un comble pour un film qui traite de l’histoire de l’une des plus grande bande anarchiste du début du XXème siècle !
Si l’oeuvre est assez lente, elle est agréable à suivre, grâce à l’interprétation de Jacques Brel, dont c’est la deuxième apparition comme acteur et qui signe une fois encore la musique, de Bruno Cremer, qui avait déjà croisé Fourastié sur deux films de Schoenderffer, d’Annie Girardot, plutôt discrète, de Jean-Pierre Kalfon, mystérieux, de François Dyrek et Michel Vitold. La réalisation est classique, sans innovation révolutionnaire, mais reste propre.
Ce film a peu soulevé les foules malgré un thème alors d’actualité, l’éloge libertaire et les limites de l’action violente mises en miroir à la violence répressive d’un Etat colonialiste qui asservit encore les ouvriers et les femmes. Il semble également tombé dans l’oubli alors qu’il offre par ailleurs une reconstitution historique assez impressionnante, non au niveau de l’histoire en elle-même, qui prend quelques libertés avec les faits, mais comme témoignage d’une époque, d’un climat et de décors.
Enfin, la froideur apparente du récit est avant tout le refus du parti pris de la part du réalisateur qui semble refuser d’absoudre les crimes commis par des anarchistes, au nom de l’anarchie et qui refuse tout autant de glorifier l’appareil policier qui en viendra à bout.
Un film à voir pour l’objet et la réflexion, ainsi que pour le plaisir de voir une des rares apparitions de Brel à l’écran.