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Un visiteur
2,5
Publiée le 4 mai 2017
Terence Davies et un esthète. Ses films sont extraordinairement élégants et léchés, avec des décors, des costumes, et surtout des éclairages qui forcent l’admiration tout comme le maniement de la caméra. Cela peut donner Chez les Heureux du Monde qui était une admirable réussite. Mais il faut quand même un scénario et des dialogues qui tiennent la route… Ce n’est pas vraiment le cas dans son dernier opus. Le personnage d’Emily Dickinson n’invite pas à l’empathie et n’intéresse pas vraiment, car Terence Davies ne la fait pas vraiment vivre. L’essentiel des 2 heures du film se passent à écouter E. Dickinson discourir à ne plus finir et énoncer ses convictions sentencieuses sur tout (et rien). Du coup le film devient d’une austérité lente et ennuyeuse car il ne s’y passe quasiment rien : le personnage est figé d’un bout à l’autre du film sans la moindre évolution notoire, y compris dans ses relations avec son père, sa sœur, son frère, et les quelques autres personnages secondaires. On a donc au bout du compte un très beau film, qui n’est malheureusement que beau. Cela ne suffit pas, surtout si l’on ajoute à cela le fait que le spectateur non anglophone ne profitera guère de la beauté des nombreux poèmes d’Emily Dickinson (en voie off) dont la beauté et l’originalité sont très difficiles à rendre en français.
Je ne sais pas si ce cinéaste anglais vous dit quelque chose tant son œuvre discrète échappe à l’attention des médias qu’elle mériterait pourtant largement. Ce film-là n’échappe pas à la règle mais c’est, une fois encore, une merveille de profondeur et de délicatesse, un ovni, un cinéma étrange, original dans le ton comme dans le style, un peu suranné mais d’une puissance émotionnelle rare. La caméra sensible du réalisateur fait des miracles sans en avoir l’air, Ce biopic bien moins classique que son sujet pourrait le laisser craindre, est donc le portrait de la poétesse américaine Emily Dickinson, une femme ultra sensible au tempérament bien trempé qui lutta toute sa vie contre la bienséance, la bigoterie et l’hypocrisie. Résolument athée à une époque où la question ne se posait même pas, elle refusa obstinément qu’on lui dicte ses choix et qu’on la cantonne aux rôles qu’on réservait aux femmes bourgeoises du XIXe siècle : épouse et potiche. La poésie était son oxygène, sa raison de vivre, son moteur. Exigeante autant avec les autres qu’avec elle-même, elle ne supportait pas les compromissions ni la négligence, n’acceptait pas la corruption des âmes ni la médiocrité des sentiments humains. Mais cette intransigeance, aussi louable soit-elle, est rarement un gage de bonheur… Pour interpréter cet être hors-du-commun, il fallait une actrice de tempérament, à la fois solide et frémissante. Nul doute que si Dickinson avait été française c’est Huppert qui l’aurait incarnée. Mais c’est à Cynthia Nixon (vue dans « Sex and the city ») que Davies eut l’idée de proposer le rôle et elle y absolument phénoménale. Le film, au fil du récit, se concentre sur le visage de plus en plus fermé, de plus en plus douloureux de cette femme qui ne connut la gloire et la postérité qu’à titre posthume. Cette injustice rend l’épilogue plus bouleversant encore. Rythmé par les sublimes poèmes d’Emily lus en voix off, A QUIET PASSION n’a rien d’une histoire tranquille, c’est un cri déchirant qui m’a chavirée.
Emily Dickinson est une poétesse américaine née en 1830 et morte à l’âge de 55 ans en 1886. Le fait d’être une femme lui a coupé toute reconnaissance de son grand talent de son vivant. Ce film retrace sa vie adulte de son départ du séminaire féminin du mont Holyoke à sa maison familiale à Amherst dans le Massachusetts. Changement de cap total pour l’actrice de Sex & the city, c’est Cynthia Nixon qui endosse ce rôle et elle va nous surprendre. L’actrice incarne complètement son personnage, comme si elle était envoûtée par la force et le pragmatisme de l’une des plus grandes poètes de son époque. Ses collègues sont tout aussi justes et les échanges de dialogues sont écrits avec finesse. La répartie des mots n’est pas en reste et chaque conversation est un met savoureux qui nous éveille par une touche finale poivrée. L’humour est donc bien présent dans cette histoire pourtant dramatique. Terence Davies parvient à nous faire sourire de nombreuses fois, mais réussi également à nous perdre à cause de quelques longueurs dans ce film de deux heures où le calme et la sérénité sont les maîtres mots de la mise en scène. Les costumes sont aussi un délice pour les yeux. Emily Dickinson, A Quiet Passion est une œuvre idéale pour connaître l’histoire de cette femme qui prônait les vers et les proses et nous permet de mieux comprendre certains langages d’antan. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44