Un joli film très touchant, qui commence comme une comédie légère , douce amère, pour très vite se transformer en un conte humaniste. Le thème du scénario est simple :un jeune chef d’entreprise savoyard, qui fabrique des skis de haute performance, en petites séries, mais qui doit faire du sponsoring pour pérenniser son entreprise .Un champion de ski Nordique devait représenté la marque au niveau international mais il lui fait faux bon. Sam doit trouver une autre solution au plus vite pour renflouer les caisses de la société. C’est son partenaire qui lui suggère d’utiliser sa « deuxième » nationalité algérienne, pour attirer des sponsors, et préparer les JO d'hiver. Et le film se transforme alors en une interrogation sur la quête d’identité, sur les racines, sur comment notre environnement nous façonne, une sorte de parcours initiatique à rebours. Dans le contexte actuel à l’actualité brûlante, de l’immigration, des migrants, le film aborde ce sujet délicat de manière intelligente, subtile et surtout intemporelle. Car nous sommes au delà du cas de cet algérien bi-national, et Farid Bentoumi arrive à élargir le sujet, et à appliquer la quête à tous les migrants ,de toutes les époques. Ce pourrait être le questionnement des bretons et des auvergnats du 19e siècle, montés à Paris, des italiens, espagnols, portugais, venus en France au 20e siècle. Bentoumi nous interroge : Qu’est-ce qui reste de nos racines quand nous bougeons ? et sur combien de génération ces traditions peuvent continuer à impacter ? La séquence en Algérie ,est justement la meilleure, car elle nous confronte à cette difficulté de l’identité, on voit le décalage entre le père et les oncles d’un côté, acceptant les coutumes locales, et le fils maintenant intégré français , qui ne peut les comprendre. Il a pourtant plaisir à retrouver ses racines, et le milieu de ses ancêtres, mais il est différent. C’est touchant, c’est beau, c’est juste , car Sam assume enfin, ses racines, cet « héritage », mais c’est triste aussi car il sait qu’il ne sera jamais un des leurs. Le film est très bien joué (direction d’acteurs très solide de Bentoumi ). Sami Bouajila très bon et F . Gastambide impeccable dans son premier rôle sérieux. Chiara Mastroiani est ici excellente, toute en finesse, elle qui n’a pas toujours des rôles à la hauteur de son talent. Les seconds rôles très bons avec entre autre le père de Sami, formidable, émouvant, juste, ou sa petite fille très espiègle, très bien choisie. Le final est sobre, astucieux, il n’y a aucun didactisme ni manichéisme sur un sujet aussi sensible. Bravo à Sami Bentoumi pour sa clairvoyance et à toute l’équipe qui, on le devine, a pris du plaisir à faire ce film.