Good Luck Algeria : un feel good movie sportif qui mérite l’or
Sam et Stéphane se lancent dans un pari fou : qualifier le premier aux Jeux olympiques sous le drapeau de l’Algérie pour sauver leur entreprise de skis. Un exploit sportif inspiré d’une histoire vraie sur fond de comédie sociale.
Réalisé par Farid Bentoumi (premier long métrage), Good Luck Algeria s’inspire en grande partie de la vie de son frère Noureddine qui fut le premier algérien à participer aux JO d’hiver en ski de fond. Cette fabuleuse histoire comme seul l’olympisme peut en créer sert de fond au metteur en scène pour parler d’un sujet rarement traité, mais pourtant au cœur de l’actualité : la binationalité. Ici, Sami Bouajila joue le rôle de Samir, franco-algérien, ingénieur de formation et fondateur d’une entreprise de ski dans les Alpes. D’un père algérien et d’une mère française, le héros de ce film a le profil parfait pour raconter une histoire positive sur l’immigration.
Mais tout n’est pas rose pour autant, l’entreprise de ski gérée avec son ami d’enfance Stéphane (ici incarné par le très bon Frédéric Gastambide) est au bord de la faillite. La seule idée pour la sauver est que Samir participe aux JO. Ainsi le film va nous plonger au cœur de la préparation du héros qui doit réussir les minimas pour pouvoir participer aux olympiades. Chose bien difficile pour quelqu’un qui n’a jamais fait de ski de fond. Ce défi va lui permettre de se rapprocher de ses racines algériennes. Ce retour aux sources va devenir le thème principal de Good Luck Algeria au fur et à mesure qu’on avance dans l’intrigue.
Le ski de fond reste pour autant bien présent avec la préparation et les épreuves de Coupe du Monde. Ces scènes sont d’ailleurs assez atypiques pour un film de sport : lentes, étirées et silencieuses. Les passages en ski de fond sont parfaitement réussis et retranscrivent à merveille l’état d’esprit de ce sport éprouvant physiquement. Pour ce film, Sami Bouajila s’est donné à fond, devant être doublé au départ, l’acteur a rapidement enfilé les skis pour la suite du tournage (il ne sera doublé que lors des plans larges).
Good Luck Algeria est donc un véritable feel good movie qui va bien plus loin que le film de sport classique. Film également social, le premier long métrage de Farid Bentoumi nous questionne sur notre société française en plein débat sur la déchéance de nationalité. Une vraie surprise, mais surtout une vraie réussite
On a posé 6 questions au réalisateur Farid Bentoumi :
Good Luck Algeria se base en grande partie sur l’histoire de votre frère (lien vers itw). Comment est venue cette idée ?
L’idée au départ est de faire un film positif sur l’immigration et de raconter une histoire sur la mixité telle que je l’ai vécue moi. Avec mon frère on était en ski-études, on faisait donc pas mal beaucoup de ski. L’histoire de Noureddine était parfaite pour raconter l’histoire de notre famille et le retour vers son pays d’origine. C’est toujours fort pour un premier film d’arriver à raconter une histoire personnelle tout en étant universel. L’objectif est que le film touche le plus de monde.
Le film n’est pas un film de sports classique, il explore plusieurs sujets…
Ce que je trouve intéressant ici, c’est que le héros n’a pas qu’une seule dimension. C’était important pour moi que toutes les histoires se croisent pour surprendre le spectateur. C’est assez sympa que tout ce mélange et qu’il y ait de l’inattendu. Mais le cœur du film, c’est le sportif. Quand tu regardes Rocky, c’est l’histoire d’un gars d’un milieu peu aisé qui se bat pour s’en sortir, c’est aussi un film social.
Quels sont les films du genre qui vous ont inspiré et plus ?
Les Chariots de Feu, c’est un magnifique film de sport, sur le défi, sur le dépassement. Mais il y en a pleins d’autres, Marathon man, Rasta Rocket qui était un film culte quand on avait 15 ans.
Beaucoup de réalisateurs trouvent qu’il est difficile de faire des films de sports, du fait qu’il n’y a pas la magie du direct. Qu’en pensez-vous ?
Non là le plus compliqué c’était de filmer les scènes de ski. Pour en avoir fait beaucoup, il y a une dimension très poétique et très lente dans ce sport, mais cela ne rend pas bien à l’image. C’est également le sport qui demande le plus d’efforts et ça, tu ne le vois pas vraiment. On a utilisé un scooter des neiges pour suivre les coureurs pendant le tournage. Tous les sons ont été recréés en post prod avec Sami Bouajila, mais aussi des allemands et des norvégiens pour le bruit de la foule et les ambiances de courses. Sami a d’ailleurs été remarquable dans le tournage, c’est un acharné et un vrai battant. Au bout de 3 jours, on avait plus besoin de mon frère comme doublure.
Le film comporte un important volet social qui fait échos à l’actualité…
C’est l’histoire d’un gars qui vit en France et se sent totalement grenoblois. Au fur et à mesure que le film avance qu’il est algérien et redécouvre ses racines et sa famille. Comme beaucoup, il redécouvert ça.
Depuis 2007, le débat sur l’immigration en France est tombé très bas avec de nombreux clichés. On cite en permanence l’immigration comme source de problèmes alors que dans le fond ça ne l’est pas. Dans la vie quotidienne, les franco-algériens, franco-portugais et autres ne pensent pas en permanence à leurs racines, c’est les médias et les politiques qui ivente tout cela. Le problème d’intégration, il est social pas culturel, les mélanges culturels ont toujours été riches. 95 % des immigrés sont très bien intégrés dans ce pays. J’espère que ce film va être une bouffée d’oxygène pour chacun.
Chiara Mastroianni joue le rôle d’une entraîneuse de hockey. Comment vous est venue cette idée ?
Ça me faisait marrer. On parle très peu de sport féminin surtout pour des disciplines comme le hockey. Je trouve cela important de montrer Chiara sur des patins, qui est un véritable symbole de la féminité et de charme. Arrêtons les clichés sur les femmes comme on en a sur les maghrébins ou sur les arabes.
Good Luck Algeria (Fr, 1h30)
De Farid Bentoumi,
Avec Sami Bouajila, Franck Gastambide et Chiara Mastroianni
En salles le 30 mars