Il y a toujours eu une différence majeure entre les sexes opposés, où le dominant finit par dicter sa culture autour de lui, sans concessions. Telle une religion, on se permet de fixer des limites qui ont eu un sens, car personne ne proteste à la lumière. Il a donc fallu qu’intervienne une lumineuse personne, qui a remodelé la vision trouble des droits communs. Ruth Bader Ginsburg constitue une figure emblématique pour défendre la position de la femme et d’améliorer ses perspectives d’évolutions, dans un monde longtemps resté masculin.
Felicity Jones endosse alors la cape d’une juge en devenir et qui aura un équilibre à rétablir, une justice à redessiner. Pourtant, il est difficile de se frayer un chemin parsemé d’embûches inconstitutionnelles. Les débordements complètent ainsi le tableau, lorsque l’on mentionne subtilement le harcèlement, morale ou non. Les détails comptent dans ce film à procès, où les hommes remettent en cause les fondements qui les ont placés si haut. Mais ils ne s’avèrent pas intouchables, preuve que Ruth Ginsburg conquis l’audience dans son élan de bienveillance et de charisme. Le mouvement féministe semble alors plus qu’inévitable, sachant que les tendances actuelles ne cessent d’envahir Hollywood ces dernières années. C’est pourquoi, il ne fallait pas louper le coche avec ce biopic, synonyme d’acte de foi et d’espoir pour la société moderne.
L’Amérique a vécu tant de souffrance, mais continue de la nourrir avec d’autres formes, plus passives, mais plus persistantes. La loi appartient à tout le monde, mais elle n’est pas forcément adaptée à tous les cas. La force de proposition de Ruth comme avocate est soulignée par la polyvalence dont elle a fait preuve, notamment pendant ses études à Harvard, puis à Columbia. Cet épisode scolaire fut un tournant dans ses choix de carrière, distinguant les vertus et les nuances entre le sexe et le genre. Indépendante et forte, elle devient l’égale de son mari sur le plan social, car elle hérite à la fois du rôle de femme au foyer et de chef de famille. Cet exemple propose également une interprétation plus profonde dans le sens où l’homme n’est pas délaissé, afin de comprendre en quoi le combat de la femme a de l’impact. Les magistrats sont conservateurs et l’objectif est de briser cette routine idéologique. Si on peut supposer qu’elle y parvient, notons avant tout le désir de rendre hommage à l’individu qui a permis d’unifier les genres dans la constitution.
À la suite du documentaire « RBG », le rebond est formel et édifiant pour cette icône du droit civique. « Une Femme d’Exception » (On the Basis of Sex) peut échouer par son manque d’audace, car se préserve pour son discours final, méthodique et percutant. L’entourage de l’héroïne est un peu lisse à la lecture, à commencer par son mari, idéal masculin et neutre dans un affrontement qui manque parfois d’envoûtement émotionnel. On se contente d’iconiser chaque pas de Ruth, vers son affrontement final. Toujours au milieu de ses homologues masculins, illustrés par l’absurde, elle ne relâche jamais l’étendard de sa justice. Sa posture, sa force de caractère et son idéologie grandissante en témoignent, avec toute l’admiration partageable à son égard.