Sous réserve de quelques libertés circonstancielles (de chronologie, notamment), Christoph Waltz (dont c'est la première réalisation, pour le cinéma) fait un travail de quasi-documentariste, en portant à l'écran un sinistre fait-divers ayant pour cadre "Georgetown" (quartier huppé de la capitale fédérale américaine, où la victime possède une belle maison), au tout début de ce siècle. Un arriviste d'origine allemande, Albrecht Muth (rebaptisé pour la circonstance "Ulrich Mott") avait épousé, à l'âge de 26 ans, une riche et influente veuve, elle aussi d'origine allemande, Viola Herms Drath (devenue "Viola Breth"). Ayant alors 70 ans (!), elle aurait donc pu être la.... grand-mère de son second mari (44 ans les séparant...). L'opulente dame avait deux filles de sa première union - le film, et sous un autre prénom, ne lui en accorde qu'une (rôle tenu par Annette Bening). L'ambitieux, qui a su se faire une réputation flatteuse grâce au carnet d'adresses de sa moitié, plus de 20 ans après les épousailles (et déjà convaincu de "violences domestiques", entre temps - en dépit, ou à cause ?... d'une grande docilité envers la vieillarde), l'homicide. Elle avait 91 ans, lui 49. L'union, monstrueuse, n'avait, semble-t-il, pas été consommée, le mari ayant plutôt des amants (ce que Madame-paravent admettait, du moment que cela restait discret).... Le veuf était dûment (et confortablement) couché sur le testament de la malheureuse (rôle assuré par Vanessa Redgrave)....
Dans le rôle du Rastignac de Washington, se voyant en expert géopolitique (frustré), arborant à l'occasion un cache-oeil à la Moshe Dayan, et qui s'invente noblesse et titulature, puis un grade d'officier général des forces irakiennes (!), avec uniforme et décorations ad hoc, pour compléter son entregent naturel, et favoriser son réseautage, et finalement son ascension sociale - un hâbleur et fabulateur de première force.... : CW, lui-même. Pour réussir le portrait du peu reluisant personnage (le film se réduisant à cela), il aurait fallu la verve et le style d'un Tarantino - celui-là même qui sut magnifier le talent de Waltz acteur. Waltz metteur en scène, malheureusement, tire plutôt du côté poussif de la carrière du Germano-Autrichien, celui qui s'illustra dans le feuilleton teuton ("Derrick", ou "Tatort"...). Dommage.