Outre le fait que l'affiche n'a absolument aucun lien avec le film, c'est vraiment bien. C'est pas mon préféré non plus et de loin pas, mais voir quelques images d'archives d'éruptions volcaniques accompagnées d'une musique classique assez chaotique que je ne saurais identifier ne fait que renforcer la beauté des images mais surtout l'impression totalement folle d'apocalypse.
Mais le film d'Herzog est bien plus que ça, tout comme La Soufrière n'était pas un film sur le volcan, tout comme Gasherbrum n'était pas un film sur la montagne, ce film ci est un film sur l'Homme, sur l'Homme qui vit au pied du volcan, sur ce que le volcan fait à l'Homme. Et forcément c'est fascinant.
C'est d'autant plus fascinant que bien évidemment Herzog se permet toutes sortes de digressions et va aller filmer un paléontologue totalement halluciné qui jette du sable en l'air (Herzog lui a-t-il demandé de le faire ou a-t-il juste le chic pour rencontrer ce genre de personnage auquel on n'oserait pas croire dans une fiction ?) pour expliquer comment les corps sont déplacés par la rivière... Il va en Corée du Nord, mais ce qui l'intéresse n'est pas tant le volcan que ce qu'a fait le régime coréen du volcan (et c'est décidément le prochain pays que je dois visiter) en terme de propagande.
La folie des hommes face au volcan, c'est ça, le centre du film. Et c'est sans compter sur les images magnifiques et forcément spectaculaire des différentes éruptions. Herzog va même jusqu'à reprendre les images du couple Kraft (mes idoles de jeunesse, lorsque j'étais jeune, je voulais être eux) pour illustrer la différence entre lui et des réalisateurs qui prennent trop de risques.
Le film est aussi, du moins au début, une histoire d'amitié, puisque le comparse d'Herzog pour ce film, Oppenheimer, a été rencontré sur le tournage de l'excellent Encounter at the end of the world et si on a quelques images reprises, on a surtout des images inédites de l'époque où l'on voit les deux hommes discuter, tranquillement, au bord du volcan au beau milieu de l'Antarctique. Fascinant.
Cependant j'en aurai voulu bien plus. Et c'est la limite du film, je sors de là un peu frustré que ça soit Oppenheimer qui pose les questions et que finalement Herzog soit réduit à la voix off (et à faire des plans absolument hallucinant, il filme les hommes comme il filme les iguanes dans Bad Lieutenant) et finalement ça manque de folie, ça manque d'un aspect absolument délirant et effrayant qu'il peut y avoir dans les réflexions d'Herzog, réflexions dans lesquelles je me retrouve beaucoup.
Donc oui, c'était bien, à n'en pas douter, mais je ne suis pas non plus satisfait, limite je pense que chaque site aurait mérité son film, j'aurai pu écouter le paléontologue encore plus longtemps, tout comme voir pour la première fois la Corée du Nord en film documentaire, depuis l'intérieur de la Corée, ça aurait mérité un film entier, si ce n'est plus...
Il y a tellement de choses aussi intéressantes que délirantes dans ce film, que forcément on en veut plus. Difficile de se satisfaire du court passage où on explique que sur une île du Pacifique il y a une religion liée au volcan, où en fait ils croient qu'un GI américain va revenir leur apporter tout un tas de possessions matérielles... (rien que l'idée est tellement absurde que j'ai juste envie de faire des recherches sur cette île, sur cette communauté, sur ces gens...
Bref, Herzog sait trouver des situations folles pour ses films et c'est ça qui les rend si délicieux, mais là il me semble un peu bridé.