Joseph Hader est un humoriste autrichien, pratiquant le stand-up, véritable star en Autriche et tout aussi inconnu en France. Pour sa première réalisation, il signe une comédie assez acide, que les critiques ont rapproché du récent Toni Erdmann, multi nominé et récompensé mais que je n’avais pas personnellement aimé alors que j’ai vu La tête à l’envers sans déplaisir…ne serait-ce que parce qu’il dure une heure en moins et que ces films ont parfois du mal à tenir la distance…Joseph Hader réalise et interprète le personnage principal Georg, critique musical dans un grand journal viennois, critique suivi et implacable qui a détruit réputations et carrières…il sera d’ailleurs payé en retour dans le film par l’une de ses victimes…il vit avec Johanna, psychanalyste de « stricte obédience » plus jeune que lui et qui à 43 ans voudrait bien avoir un enfant de Georg…Elle en parvient pas à procréer malgré les rapports sexuels calculés en fonction de ses périodes d’ovulation… ce qui donne lieu à des échanges amusants…Georg parce qu’il coûte trop cher au journal, est remercié du jour au lendemain, par le rédacteur en chef au bénéfice d’une jeunesse moins payée…Ne voulant pas avoué son licenciement à son épouse, il maintient la fiction de travailler au journal, errant dans Vienne pour passer le temps, au cours de cette errance il rencontre Erich , ancien camarade de classe, tout aussi paumé que lui avec lequel il reprend l'exploitation de l’un des manèges du Prater, le Wilde Maus qui est d’ailleurs le titre original du film…En parallèle , cherchant à se venger de son patron, il se lance dans une escalade d’actes de vengeance le plus souvent grotesques , raye la carrosserie de sa voiture de sport, lacère au couteau la capote de toit, jette une affreux poisson mort dans sa piscine, tagge en jaune sa façade… va le poursuivre jusqu’à son chalet de montagne, lui tire dessus au 347 magnum, le rate tout comme il rate son propre suicide dans la neige…et se retrouve dans un final complètement loufoque, seul et nu, symbole de son impuissance au milieu des vastes étendues enneigées de la forêt autrichienne...cette fable absurde, filmée par une caméra alerte, très soignée sur le plan visuel distille un humour acide et désenchanté...Lâcheté, hypocrisie, impossibilité de communiquer dans le travail comme dans le couple, sont passés au crible et n’épargne aucun des protagonistes . Joseph Hader est formidable dans ce numéro de clown triste. Si l’on rit, le rire est un peu jaune...Mais Joseph Hader relativise « Si l’histoire de mon personnage devenu chômeur était transposée dans un milieu ouvrier où les gens sont vraiment confrontés à la privation, il serait difficile d’en rire...mais mon film est une satire de la vie quotidienne de la classe moyenne moderne. Un coup du destin – le personnage principal devient chômeur- n’est pas forcément tragique, c’est aussi assez drôle ...Et il y a quelque chose de risible à les voir réagir comme si leur vie était en grand danger » On veut bien mais on lui laisse la propriété de ses propos !!!