Une grosse déception tant j'avais apprécié les précédents films de Xavier Dolan, par leur audace, leur mise en scène, leur générosité et leur vérité. Mais là, ça m'a laissée assez insensible si ce n'est indifférente alors que l'histoire en elle-même (et la pièce d'origine) est bouleversante. A force de vouloir forcer l'émotion du spectateur, montrer qu'il est un metteur en scène surdoué, que les acteurs se transcendent sous sa direction...Dolan finit par tomber dans la caricature de ses propres films, si ce n'est parfois le grotesque. Alors tout n'est pas à jeter, il y a quelques moments forts, notamment dans certaines scènes de face à face, on ne s'ennuie pas, on se sent oppressé (ça fait au moins un sentiment que produit le film, c'est déjà ça) mais tout sonne un peu faux (mon dieu, les scènes entre Ulliel et Cotillard, avec leur musique impossible, faisaient penser à un soap américain mal doublé, genre Amour, gloire et beauté sur grand écran), tout est assez attendu, en premier lieu les acteurs : Ulliel est impec' mais semble toujours dans son personnage mutique de YSL, Cassel a toujours un charisme hors normes mais en fait un peu trop, version Mon Roi puissance 1000, Léa Seydoux montre qu'elle a fait l'école de la vie et Baye s'en sort vraiment bien pour une actrice grimée en Joker, elle est même au final le personnage le plus touchant. Quant à Marion Cotillard, que je trouve habituellement remarquable, elle est ici plus que mal employée, j'ai eu envie de la secouer tout le film et de lui administrer du Prozac en intraveineuse. Bref, je suis sortie de ce film un brin irritée, avec l'impression d'un immense gâchis.