Un grand prix du jury, a bien souvent, beaucoup plus d'importance que la Palme d'Or elle-même. Justement, c'est la question. Lui a t-il été remis parce qu'il s'appelle Xavier Dolan et qu'il constitue l'un des plus grands réalisateurs du moment ? Ou parce que le film est magnifique ? Sans doute un peu des deux, même si "Juste la fin du monde" est loin d'être le meilleur Dolan. Après l'éblouissant "Mummy", le réalisateur nous entraîne dans les profondeurs d'une famille déjantée, quelque part en province. Louis revient après 12 ans de séparation, à peine remplies de quelques cartes postales, pour leur porter la nouvelle qu'il s'agira de son dernier séjour, et pour cause, il est mourant. Mourant ... en tous les cas, comme dit sa mère, il a très bonne mine. Comme tous les mélodrames familiaux, le film juxtapose une série de scènes de disputes où il est autant question de danse, de dimanches en famille, que de vieux règlements de compte dont on ne parvient pas vraiment à en trouver les raisons. Donc on se dispute, on pleure, on rit, entre le fromage et la poire, on se sépare pour mieux se retrouver. De francs moments de grâce habitent ce film, particulièrement le dialogue entre la mère et son fils. Mais hélas, l'émotion s'accroche souvent à des personnages trop stéréotypés, incomplets, et campés dans un rôle étriqué et monolithique. Mais Dolan fait du Dolan. Il revient à sa stylistique des "Amours Imaginaires" avec une musique incessante et forte, une caméra collée aux visages, des flous et des ralentis permanents, un souci quasi monomaniaque du détail, et un véritable sens de la mise en scène. "Juste la fin du monde" constitue donc un agréable moment de cinéma, mais sans doute pas à la hauteur de cette montagne d'encensements dans la presse, juste parce qu'il s'appelle Dolan.