Ah, Xavier Dolan... Je ne sais décidément pas sur quel pied danser avec ce réalisateur. Après le (très) bon « Mommy », voilà que celui-ci s'attaque à une pièce de Jean-Luc Lagarce avec un sens formel pour le moins minimaliste. C'est simple : comme il n'y a que les personnages et les dialogues qui l'intéressent, l'ami Xavier décide tout simplement de flouter quasiment tous les décors, ce qui donne à ces derniers et à l'image un truc vraiment informe, pour ne pas dire carrément moche. Et d'ailleurs, je vais écrire les choses un peu durement : pour moi, le cinéma, ce n'est pas ça. Alors forcément, lorsqu'on empêche toute exploitation de la maison, des différentes pièces et qu'on se fout autant d'offrir quelque chose d'agréable à regarder, ça devient compliqué. Pourtant, tout n'est pas à jeter dans le film. Si l'interprétation, bien qu'assez inégale, est globalement satisfaisante, c'est surtout par moments que « Juste la fin du monde » fait mouche : au détour d'une réplique ou plus généralement dans la relation qu'entretient le héros avec sa famille, il y a forcément quelque chose qui nous renvoie à notre propre histoire, à notre vécu personnel, la scène
d' « affrontement » entre Gaspard Ulliel et Nathalie Baye
étant à ce titre (et d'assez loin) la meilleure scène de l'œuvre. Donc oui, « Juste le fin du Monde » m'a souvent agacé, voire parfois ennuyé. Il est pesant, excessif, cinématographiquement limité, et la manière dont est construit le récit est limite gonflante, notamment en voulant absolument que chaque personnage ait son moment de « vérité » avec Louis, même si parfois cela fonctionne donc bien
(on peut citer également la scène en voiture avec Vincent Cassel, assez dure)
. Mais presque bizarrement, je ne regrette pas vraiment de l'avoir vu. J'ai beau déplorer la plupart des choix de Dolan, il y a (presque) toujours quelque chose à garder de ses films, des instants que l'on retient, et celui-ci ne fait pas exception. A vous de voir maintenant si le jeu en vaut la chandelle...