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    Juste La Fin Du Monde
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    Santu2b
    Santu2b

    219 abonnés 1 785 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 4 octobre 2016
    Après le puissant "Mommy", Xavier Dolan effectue une rupture dans la continuité en adaptant la pièce de Jean-Luc Lagarce "Juste la fin du monde", pour laquelle il dirige une distribution de vedettes françaises. Il reste d'ailleurs assez fidèle à l'œuvre d'origine, reprenant son côté cérébral. Dans cette demeure rétrécissante, Dolan alterne plans fixes et plans serrés à tel point que seul le visage des acteurs envahit l'écran. Conscient de cette suggestion d'étouffement, le cinéaste aère régulièrement son film d'instants musicaux, presque psychédéliques, permettant à tout le monde de respirer. L'œuvre divisera c'est certain ; on pourrait à juste titre reprocher une surdose d'hystérie. Mais on ne peut en même temps nier une incroyable audace ainsi qu'une réelle justesse dans la peinture des codes familiaux. Certaines scènes sont débordantes d'intensité et l'interprétation tient globalement la route, particulièrement Cassel.
    cylon86
    cylon86

    2 281 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 24 septembre 2016
    Après douze ans d'absence, Louis revient auprès de sa famille. Il se sait mourant et veut leur annoncer. Mais en sera-t-il vraiment capable ? Adapté d'une très belle pièce de Jean-Luc Lagarce, "Juste la fin du monde" montre la capacité de Xavier Dolan à épouser les fêlures émotionnelles de ses personnages. En gardant l'essentiel de la pièce (excepté pour quelques trahisons mineures, la plus grande d'entre elles étant que Louis n'est plus le frère aîné ici), Dolan entend confronter ses personnages à un tourbillon émotionnel. Car la famille au fond, ce ne sont que des gens que l'on ne connaît pas vraiment, qui ne nous connaissent pas vraiment et avec lesquels on joue souvent la carte d'hypocrisie pour ne pas blesser, pour ne pas être jugé. Incapable de s'exprimer convenablement entre eux, les personnages trébuchent sur les mots, n'arrivent pas à clairement exprimer le fond de leur pensée et il n'en résulte qu'un fouillis d'émotions difficile à saisir. Cette incapacité à communiquer en dépit d'une bonne volonté, Dolan la filme à merveille comme Lagarce a su l'écrire. Certes, le cinéaste cède parfois à quelques tics trop faciles (la danse sur sur O-Zone, la mère exubérante très dolanienne, des gros plan parfois étouffants) mais il arrive néanmoins à capter quelque chose d'infime et d'intime. Dans ce fourmillement de vie d'un déjeuner en famille, il offre parfois quelques beaux moments de respiration (une sortie en voiture, un flash-back) et d'émotion, parfois un peu trop appuyée et parfois très subtile. A ce compte-là, Gaspard Ulliel est vraiment bouleversant. Tout en retenue, il tente de s'exprimer, n'y parvient pas, s'y résigne et son regard laisse apercevoir un flot de non-dits touchant. A ses côtés, Léa Seydoux s'en sort très bien en sœur perdue qui tente de ne pas le montrer et Vincent Cassel a son moment saisissant, entre larmes et colère, moment qu'il sait parfaitement doser. Seules Nathalie Baye et Marion Cotillard ont du mal à convaincre : Baye trop effacée derrière son maquillage et ses bijoux, Cotillard trop hésitante dans un rôle de belle-sœur effacée, le plus dur du film. En dépit d'un certain tâtonnement dans l'exploration des sentiments, Dolan parvient à insuffler de l'énergie à la pièce de Lagarce et confirme qu'il a des choses à dire même s'il ne sait pas encore les maîtriser complètement.
    Caine78
    Caine78

    6 088 abonnés 7 396 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 8 janvier 2017
    Ah, Xavier Dolan... Je ne sais décidément pas sur quel pied danser avec ce réalisateur. Après le (très) bon « Mommy », voilà que celui-ci s'attaque à une pièce de Jean-Luc Lagarce avec un sens formel pour le moins minimaliste. C'est simple : comme il n'y a que les personnages et les dialogues qui l'intéressent, l'ami Xavier décide tout simplement de flouter quasiment tous les décors, ce qui donne à ces derniers et à l'image un truc vraiment informe, pour ne pas dire carrément moche. Et d'ailleurs, je vais écrire les choses un peu durement : pour moi, le cinéma, ce n'est pas ça. Alors forcément, lorsqu'on empêche toute exploitation de la maison, des différentes pièces et qu'on se fout autant d'offrir quelque chose d'agréable à regarder, ça devient compliqué. Pourtant, tout n'est pas à jeter dans le film. Si l'interprétation, bien qu'assez inégale, est globalement satisfaisante, c'est surtout par moments que « Juste la fin du monde » fait mouche : au détour d'une réplique ou plus généralement dans la relation qu'entretient le héros avec sa famille, il y a forcément quelque chose qui nous renvoie à notre propre histoire, à notre vécu personnel, la scène spoiler: d' « affrontement » entre Gaspard Ulliel et Nathalie Baye
    étant à ce titre (et d'assez loin) la meilleure scène de l'œuvre. Donc oui, « Juste le fin du Monde » m'a souvent agacé, voire parfois ennuyé. Il est pesant, excessif, cinématographiquement limité, et la manière dont est construit le récit est limite gonflante, notamment en voulant absolument que chaque personnage ait son moment de « vérité » avec Louis, même si parfois cela fonctionne donc bien spoiler: (on peut citer également la scène en voiture avec Vincent Cassel, assez dure)
    . Mais presque bizarrement, je ne regrette pas vraiment de l'avoir vu. J'ai beau déplorer la plupart des choix de Dolan, il y a (presque) toujours quelque chose à garder de ses films, des instants que l'on retient, et celui-ci ne fait pas exception. A vous de voir maintenant si le jeu en vaut la chandelle...
    petitbandit
    petitbandit

    78 abonnés 616 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 26 septembre 2016
    Film qui ne vaut que pour l'excellente qualité des acteurs. Pour le reste, quelle déception...Des dialogues frisant le néant, un scénario invisible, des figurants en sueurs qui nous débitent leur texte avec talent certe mais sans aucune valeur ajoutée au film. Un concept et des plans de vue auxquels je n'adhère pas, pour moi un bon raté. Ça fait longtemps que je ne m'étais pas autant ennuyé, d'ailleurs plusieurs personnes ont quitté la salle. À ne pas rééditer !!!
    Silence ça tourne
    Silence ça tourne

    17 abonnés 188 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 mars 2017
    Une fois pris, Juste la fin du monde ne nous lâche plus. On est plonger au coeur de cette famille aidé par un Xavier Dolan maîtrisant sa caméra à la perfection livrant de magnifique scènes bouleversante et captant surtout le jeux de ses fabuleux acteurs tout simplement bluffant. Un film qui peut en rebuter quelques un par son rythme un peu « bâtard » mais qui est incroyablement vrai, sincère, intelligent et puissant émotionnellement avec des scènes et des dialogues mémorables.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 190 abonnés 4 004 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 septembre 2016
    Xavier Dolan est un egocentrique et pourtant ses œuvres sont toujours admirables. Si certains ont reprochés à Mommy de tirer un peu trop sur le tire-larmes, vous allez encore une fois sentir votre mâchoire vaciller. Juste la fin du Monde, ce titre pompeux du livre, qui n’est pas nécessairement le ton que nous aurions donné au film. En réalité, il s’agit juste de la fin d’un fils admiré par sa famille malgré leurs douze années de séparation. Le film commence avec Gaspard Ulliel en pleine réflexion de lui-même. Sa voix granuleuse ne peut que nous faire penser à sa dernière prestation dans le corps d’un grand créateur de mode. Puis, séquence sur une tapisserie vintage, une horloge comme on en voit plus, des ongles bleus pétants, des bijoux exorbitants… c’est bon, nous sommes bien chez Dolan. Le cinéaste s’est fait plaisir en métamorphosant complètement Nathalie Baye et en intimidant au maximum Marion Cotillard. Le film est lancé. Les cris, les discussions à n’en plus finir sont mis en scène dans des gros plans chers à Dolan. Nous sommes oppressés. Quand allons-nous respirer ? C’est alors qu’on assiste à un jeu de regard entre Marion et Gaspard. On ne peut alors que saluer la direction des acteurs qui nous captive. Et puis les grandes phrases se disent, « Puisque vous n’aurez pas d’enfant, on s’est dit qu’on ne vous volait rien », « J’ai peur, j’ai peur d’eux »… et restent assez marquantes. On connaît l’adulation que porte le réalisateur pour Gaspard Ulliel et il le filme avec une telle maîtrise qu’il apparaît parfois comme un ange, parfois comme un fantôme, mais ce, toujours dans une beauté sidérante. Juste la fin du Monde est un huis-clos qui abuse et surabuse des émotions. Nous sommes une nouvelle fois manipulés et ne pouvons retenir notre bouleversement. Si Xavier Dolan arrive encore à nous fasciner avec ses grands moments, on a peur qu’il s’enferme dans ce genre d’illusions. Finalement dans toute cette hystérie, c’est la douce Catherine, jouée par Cotillard qui tire son épingle du jeu avec ses « Antoine » qui en disent long. Juste la fin du Monde est une œuvre aboutie et saisissante, mais qui laisse un goût âpre lorsqu’on a déjà vu ses cinq précédents films.
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    Daniel C.
    Daniel C.

    133 abonnés 715 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 septembre 2016
    On en prend plein la figure dans ce film. J'étais au premier rang et cela n'a fait qu'accentuer ces visages filmés de près. L'espace de la famille est potentiellement l'endroit majeur où se déploie la violence. Violences des liens, attachements indicibles, incommunicabilité, désirs de dire avortés alors que le dire tente de s'amorcer... Les mythes grecs, le récit biblique illustrent combien l'espace familial est le lieu de tous les dangers, de toutes les horreurs possibles. Douze ans d'absence, d'interruption des rencontres ne pèsent rien lors des retrouvailles : chacun reprend la place, qui lui est assigné. On s'aime, mais on se reproche d'être qui l'on est et comment on s'incarne. Louis revient, il veut juste dire et chacun, quelle que soit la place qu'il occupe, ne lui permet pas de dire. Les déchirements sont légion, mais s'entendre, s'écouter et écouter ce l'autre a à dire semble une entreprise impossible. "Juste la fin du monde" : est-ce donc cela la définition d'une famille ?
    anonyme
    Un visiteur
    1,5
    Publiée le 25 septembre 2016
    Bon et bien c'est raté
    Je suis allé voir ce film enthousiaste à l'idée de voir le dernier film De Xavier Dolan que je considère comme un génie depuis mommy.

    Les critiques à Cannes n'avait pas été terrible mais les génies sont souvent incompris.

    Le film : je n'ai pas compris la bande-son par moment. Je n'ai pas compris ce plan très cliché sur le petit oiseau à la fin. J aurais aimé localiser le lieu, J'aurais Aimé que Vincent Cassel arrête de crier pour rien, à l'inverse j'aurais aimé que Gaspard Ulliel ai un texte. J'ai arrêté d'attendre la fin des phrases de Marion Cotillard. Et Léa seydou aurait été parfaite en ado révolté… Si elle avait été une ado. Seule Nathalie Baye est intéressante

    Le film est ennuyeux , je ne trouve pas grand chose de crédible, je me surprend à focaliser sur les gros plans. Le menton de Gaspard Ulliel, le nez de Léa Seydou , les paupières de Marion Cotillard... Je ne pense pas que c était l objectif du film

    Déçue mais ça ira ... je continue à suivre Dolan et je continue à lui trouver du génie. il m en faut plus pour m en détourner
    sameplayerparis
    sameplayerparis

    26 abonnés 134 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 24 septembre 2016
    Je n'ai trouvé aucun intérêt à ce film. L'histoire est fumeuse, l'hystérie permanente, les acteurs totalement inintéressants (à la rigueur on appréciera le rôle de composition de Nathalie Baye). Xavier Nolan est un virtuose de l'interview, sa jeunesse impressionne, mais il a créé là un film qui s'oubliera vite.
    Nico F
    Nico F

    181 abonnés 687 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 23 septembre 2016
    Très déçu... les acteurs sont bons aucun problème... mais le scénario est vide... c'est juste une caméra en gros plan dans une famille de ouf.. on se lasse très vite et au final ça fait pschiit... bref pas terrible
    overlook2
    overlook2

    20 abonnés 163 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 24 septembre 2016
    Beaucoup de bruit pour rien. C'est ce qui ressort du battage médiatique autour du nouveau Dolan et du film lui-même. Le cinéaste adapte la pièce de Lagarce dans un geste si forcé et redondant qu'on pense d'abord à une farce : tous les comédiens sur-jouent ridiculement leur partition et font de leurs personnage des monolithes caricaturaux (Le bégaiement de Cotillard, la colère de Cassel, l'hystérie de Seydoux et de Baye... Jusqu'au sourire détaché d'Uliel qui semble prisonnier à vie d'une pub pour parfum - l'esthétisme chic des images ne l'aide pas, il est vrai). Ce sur-lignage assommant de la direction d'acteur, Dolan la double d'un sur-lignage tout aussi pesant de la mise en scène, construite laborieusement sur une succession de gros plans qui traquent sur les visages un non-dit débordant déjà du texte. Et c'est un festival de regards lourdement appuyés, de nuques perpétuellement tendues et de silences explicites. Cette spectaculaire redondance du jeu et de l'image ouvrirait-elle le film sur autre chose ? Une distanciation brechtienne ? Que nenni ! Tout cela patauge dans un psychologisme bien balisé - Ah! la famille ce milieu pathogène, Ah! l'inexorable passage du temps... Cette forme qui se veut lourdement étouffante (nous sommes dans un huis-clos familial irrespirable, n'est-ce pas ?) ne fait qu'annihiler tous les enjeux dramatiques du film et trahit un terrible assèchement du geste cinématographique de Dolan. Le cinéaste essaye bien de contrecarrer cela par ces fameux "moments de cinéma", envolées formelles et musicales, qui illuminaient Mummy, mais qui se résument ici en de petits clips racoleurs et vains. Et si l'on souffre beaucoup pendant toute la durée de "Juste la fin du monde", ce n'est malheureusement pas lié à la densité du propos mais à l'indigence du geste cinématographique. On ne peut reprocher à un jeune cinéaste en sur-régime de faire un faux pas, on peut d'avantage s'interroger sur l'aveuglement critique qui entoure ce ratage.
    Post-xMoVie
    Post-xMoVie

    5 abonnés 65 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 octobre 2016
    Quand Juste la fin du monde a reçu le Grand Prix, pas mal de gens ont fait la moue : ce n’était pas le film le plus abouti de son réalisateur qu’on accusait d’avoir fait un caprice de surdoué parce qu’il n’avait récolté « que » le Prix du Jury pour Mommy. Pourtant, on attend chacun des films de Xavier Dolan avec impatience, en bravant même le sillage médiatique que ses avant-premières ont laissé pour sa sortie en salles. Et bien souvent, on s’en fait sa propre opinion sans subir d’influence. « C’est juste un déjeuner en famille », certes, mais c’est aussi une adaptation fulgurante qui transcende chacun de ses acteurs.
    Le texte de Jean-Luc Lagarce – que certains comparent à Tchekhov – est une épreuve pour ses comédiens, fondé sur les non-dits et biaisant sans cesse pour faire parvenir un semblant de propos : l’incapacité de Louis à annoncer sa mort prochaine se retrouve dans ces discussions virant tout le temps au coup de gueule, entre Antoine et Suzanne, les frères et sœurs minés par douze années d’absence puis avec la mère et la belle-fille aussi, Catherine, d’une maladresse cruelle mais adoucie par le jeu réconfortant de Marion Cotillard. Cette famille est une bombe atomique où la venue soudaine, inexpliquée de ce fils prodigue (écrivain en passe d’être renommé) renforce sa constante anarchie plutôt que de l’apaiser, ne serait-ce qu’un seul jour. Louis est le seul à ne pas prendre part à ces conflits quotidiens : de sa mère, il a gardé un peu d’amour, de sa sœur, l’unique souvenir d’un enfant et de son frère, pas grand chose. Ainsi il y a, des deux côtés, une perte totale des repères pour avoir une relation « normale » : pendant tout le film, le quintet est tout sauf naturel, il se cherche, se perd, se reprend, se trompe mais ferme les yeux sur ce vide qui les séparent. Peu à peu, ils en viennent à se demander la raison de la présence de Louis, à qui sa sœur reproche d’avoir quitté la maison dans un mélange d’amertume et de tolérance, celle qu’on éprouve vis à vis des ces personnes qu’on a fantasmées car elles n’étaient pas là quand il fallait. La séquence à table, par exemple, où tout le monde fait comme si de rien n’était. « Raconte-nous les potins » lance Nathalie Baye, maquillée à l’excès, à son fils qu’on vient de remballer parce qu’il voulait voir leur ancienne maison. C’est aussi un retour aux sources pour lui : dans le débarras, il trouve le matelas qui a accueilli ses ébats avec Joli-Cœur, son premier amour dont Antoine annonce, plus tard, la mort. Dans ce passé où la mère se réfugie et où on partait pique-niquer le dimanche, ils étaient tous réunis, le père était encore vivant… Mais rien n’avait commencé : on ne se balançait pas des vannes pour avoir le silence et on ne comblait pas le vide par des conversations futiles. En fait, au vu de cette famille complètement névrosée et impulsive, on en vient presque à trouver la mort de Louis comme une délivrance, une solution à un monde où les sentiments sont trop tordus pour être exprimés. Ces plans fixes ultra-proches des visages sondant le trouble et la peur d’un nouveau départ qu’on ne s’expliquerait pas ; les effets graphiques qui renforcent la solitude Louis, qui veut donner « l’illusion, une dernière fois, d’être son propre maître » : toutes les expériences de Xavier Dolan en matière de mise en scène se condensent et s’expriment dans un équilibre à présent moins fougueux. Sans abandonner le tumulte et la nervosité indomptables de son œuvre, il ne cesse de vouloir se renouveler, en se cassant un peu la gueule mais en projetant surtout un regard acerbe sur cette fin du monde, qu’il nous montre dans tout ce qu’elle a de plus flamboyant.
    Première fois que Dolan ne fait pas retentir la cloche du québécois qu’on commençait à lui associer par habitude. Cette fois-ci, tous les acteurs sont français, le casting est cinq étoiles – grand public oblige – et permet d’associer distinctement chaque personnage à son interprète. Après Jason Bourne où il campait un espion en quête de vengeance, Vincent Cassel endosse une fois de plus le rôle du salopard provoc aux répliques cyniques, qu’on accuse sans cesse d’être ce qu’il est et qui gueule pour être compris. Ca se passe comme ça chez la mère : on parle, ça s’embrouille, on s’insulte et la scène est coupée. Suzanne s’oppose tout le temps à ce frère aigri : Léa Seydoux a souvent ce rôle de jeune fille solitaire et révoltée en manque affectif. Elle renoue ici avec un personnage consistant et bien filtré par le style Dolan. Car en effet, si le texte de Lagarce est bien là – amputé de pas mal de scènes – son adaptation reste une appropriation esthétique du réalisateur qui suit cette fois un chemin différent en montrant une famille entière, et non plus un couple spécifique. Cassel, donc, joue ce frère agacé par le silence et les non-dits et donne à ce personnage une violence plus sombre grâce à ce jeu physique et radical qui le rapproche parfois d’une bête. Cotillard, sa femme, a cette douceur extraordinaire d’une confidente qui n’a pas besoin de parler pour comprendre : son regard pensif et délicat, son débit saccadé qui bute contre chaque idée et l’empêche de vraiment s’exprimer ; bien qu’elle soit « l’étrangère » de la famille, c’est elle qui devine tout et comprend Louis. Au fur et à mesure du film, leur relation devient plus étroite avant que la séparation soit pour les deux la fameuse « réponse ». Il y a la mère aussi, Nathalie Baye, que ce caractère exagéré de retraité rend un peu naïve : toute l’emphase témoignée face aux autres se change soudain en inquiétude dans l’unique scène où elle se retrouve seule avec son fils. Mais comme les autres, elle n’a rien compris. Seulement des quatre qui se posent la question de savoir « pourquoi ? » seulement un le profère haut et fort : Antoine, comme toujours, qui va déclencher une énième engueulade d’où il ressort soulagé, cette fois, d’avoir dit ce qu’il pensait sur les autres et leur manière de le considérer. Tandis qu’au milieu de l’orage, sous le cliquetis imperceptible du coucou, Louis tourne le dos à cette maison qu’il ne reverra plus jamais. « Tout ce que tu dis, c’est pour combler le vide sur lequel t’as aucune emprise ! »
    Carlos Stins
    Carlos Stins

    69 abonnés 657 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 juillet 2017
    Sixième long métrage de Xavier Dolan et le prodige canadien réussit une nouvelle fois son pari avec un film non seulement réussit mais qui permet au réalisateur de réinventer son cinéma. Si j'ai d'abord été perplexe, c'est parce que Xavier Dolan est sorti de sa zone de confort et que j'ai d'abord été surpris avant d’être séduit. Le début est un peu laborieux, Dolan coupe souvent ses plans ce qui est assez inhabituel chez lui qui préfère habituellement les faire durer. Le film dégage une ambiance particulière et on se rend rapidement compte que Dolan adapte une pièce de théâtre. C'est meme un peu trop visible et le film laisse une impression de théâtre filmé, une impression qui va en réalité rapidement s'estomper lors de la montée en puissance du film. En effet une fois le film lancé, il ne va cesser de montée en puissance jusqu'à la scène finale absolument époustouflante. Ce qui m'a fasciné dans ce film, c'est son ambiance et sa capacité à produire du mystère. Le film pose beaucoup de questions mais apporte très peu de réponses si bien qu'il laisse le spectateur totalement intrigué et fasciné par le film. Dolan tisse son film petit à petit et réussit à nous surprendre en proposant des scènes très fortes sur le plan émotionnel et surtout en métamorphosant ses acteurs. Pour son premier film avec des acteurs français, le réalisateur québécois dispose d'un casting exceptionnel, la crème de la crème du cinéma français. Xavier Dolan relève parfaitement le défi en gardant une emprise totale sur son casting et modelant les acteurs à sa guise. La construction des personnages est très superficiel ce qu'on pourrait lui reprocher si ce choix n'apportait par aux personnages une aura de mystère et paradoxalement une certaine profondeur. Dolan exige un travail colossal de la part de ses acteurs qui s'en sortent tous à merveille meme si j'ai un petit faible pour Marion Cotillard, une actrice que j'adore et qui est ici totalement méconnaissable dans un rôle ultra important qui fait le lien avec tous les autres personnages. Mais l'acteur qui crève l'écarn sur ce film, c'est bien Vincent Cassel, absolument magistral dans un registre qu'on lui connait bien mais qui réussit à dégager une puissance émotionnelle absolument démentielle. Si le film atteint des sommets d'émotion et de tension dramatique (particulièrement à la fin), certaines sont malheureusement un peu plus plate et apporte une forme inégale au film. Le long métrage manque aussi parfois de subtilité et n'échappe pas à certaines lourdeurs qui montre que si Xavier Dolan est incontestablement pétri de talent, il peut encore progresser. Mais malgré ces imperfections, "Juste la fin du monde" m'a séduit car après le succès de "Mommy", Dolan a proposé quelque chose de nettement différent, aux antipodes de ces précédents long métrage sans pour autant abandonner ses principes. Ce film est surement celui qui divise le plus et qu'on aime ou non son travail, le fait que Dolan déchaîne autant les passions est la preuve de son talent. Comme pour chacun de ces films, Dolan m'a l'a aussi séduit et je suis persuadé que "Juste la fin du monde" marque un tournant dans la carrière du cinéaste et que son cinéma n'est certes pas encore arrivé à maturité mais fascine déjà à raison et n'a pas fini de diviser et de faire parler.
    James Betaman
    James Betaman

    59 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 septembre 2016
    Je vais voir ? Je vais pas voir ? Face au raz de marée médiatique autour du dernier Dolan, difficile de passer à côté. Il faut dire, après Mommy, logique que le réalisateur canadien de vingt-sept ans attire les foules dans les salles de cinéma. Et plus logique encore qu’il repousse les limites. Autant, j’avais trouvé Mommy très bon sans pour autant être exceptionnel. Autant, ce Juste la Fin du Monde m’a assommé. Dolan reprend le même sujet et va plus loin encore. Et après les déceptions de mes dernières séances cinés, j’avais besoin de voir un film qui se pose, un film sans action, sans explosion, un film vrai. Et que dire… parfait.
    Tout le monde a forcément entendu parlé de Juste la Fin du Monde, tous les médias en parlaient, mais je ne pensais pas que je me retrouverai face à un film aussi riche. Que ce soit dans la mise en scène, dans le choix des musiques, dans la lumière, dans le scénario, dans les acteurs, dans l’ambiance, tout est une réussite dans ce film. C’est un véritable crescendo d’émotion qui s’intensifie au fur et à mesure. Et cela, juste avec des gens qui parlent. Juste avec un homme qui retrouve sa famille après douze années, un homme qui a quelque chose sur le cœur, qui doit dire quelque chose, mais qui n’y arrive pas. Tout le long du film, c’est une tension constante, de révélation en révélation, avec un travail minutieux sur les détails, sur les dialogues. Dolan dirige brillamment ses acteurs, il travaille notamment sur les regards, les sourires, il fait des gros plans sur les visages, et c’est constamment juste. C’est constamment bien cadré avec une lumière magnifique et des dialogues pertinents.
    Et puis les acteurs… C’est sensationnel. Les regards de Gaspard Ulliel, les crises de Vincent Cassel, les hésitations de Marion Cotillard, l’excentricité de Natalie Baye ou la justesse de Léa Seydoux. Cinq acteurs et ils sont tous dans leur personnage. En fait, Juste la Fin du Monde, c’est un film, où ce n’est que des discussions entre deux personnages. A chaque fois, le personnage principal va vers une personne, vers une autre. Et ça se joue en acte puisque c’est inspiré d’une pièce de théâtre. Un personnage, un acte. Et à chaque acte, on sent la tentions monter, les révélations implicites sont amenées, les acteurs s’investissent de plus en plus. Et au bout des trois quarts du film, j’étais tellement à fond, tellement habité par ce film. C’était tellement intense !
    Et la fin… juste parfaite. Je vais rien dire pour pas spoiler, mais cette fin est parfaite. C’est dans cette scène finale, où je me suis rendu compte de l’étendu du génie de Dolan. Avant, Dolan pour moi, c’était une mode. C’était le gars adulé et détesté qui finirait par partir au bout d’un moment. Un gars dont on entendra plus parler d’ici dix ans. Mais depuis que j’ai vu ce film, je ne le pense plus. Je pense que Dolan deviendra une icône du cinéma de notre génération. Et je trouve ça bien, parce que je préfère un gars qui prend des risques, qui travaille sa mise en scène, plutôt qu’un employé de studio qui se contente de faire des explosions et foutre des morts pour dramatiser son film. C’est décider, j’irai toujours voir un film de Dolan au cinéma. Parce que ce que fait Dolan, ça, c’est du cinéma.
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    152 abonnés 511 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 22 septembre 2016
    Un film hors du commun. Certes le dernier opus de Xavier Dolan est sans doute clivant et ne plaira pas à tous mais, pour ma part, j'y vois l'une des œuvres les plus fortes de ces dernières années. Le cinéaste nous plonge dans une famille dysfonctionnelle tyrannisée par un frère instable (Cassel). De là, naît une ambiance particulièrement oppressante mais pleinement réaliste (jusque dans ses pétages de plomb les plus excessifs). Les dialogues sont remarquables. Les cinq comédiens atteignent tous des sommets dans cet exercice difficile du gros-plan permanent. Dolan invente des effets de mise en scène d'une force rare pour, en 1h30, nous faire ressentir la densité de sentiments qui se sont construits en 34 ans entre ces frères et sœurs. La scène finale est d'une puissance que je n'ai pas connue depuis "Festen". Incroyable Léa Seydoux, incroyable Vincent Cassel, incroyable Nathalie Baye, incroyable Marion Cotillard, incroyable Gaspard Ulliel. Une gifle absolue.
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