Après ses deux premiers films, que je n'avais pas du tout aimé ("J'ai tué ma mère", malhonnête, "Les amours imaginaires", prétentieux), j'avais décidé de laisser tomber les films de Xavier Dolan. Et là, je ne sais pas trop pourquoi, j'ai eu envie de voir "Juste la fin du monde". Erreur colossale ! Ce film est l'adaptation, sans doute plutôt libre, d'une pièce de théâtre écrite en 1990 par le dramaturge français Jean-Luc Lagarce. D'une manière générale, lorsqu'un réalisateur "normal" adapte une pièce de théâtre pour le cinéma, il s'efforce de faire en sorte que cela ne fasse pas trop théâtre filmé. Mais voilà, Mr Dolan ne veut surtout apparaître comme étant un cinéaste "normal". Mr Dolan veut qu'on le prenne pour un réalisateur génial et, malheureusement, beaucoup trop de monde (spectateurs et critiques) tombe dans le panneau au point que, de plus en plus, Mr Dolan est persuadé qu'il est génial ! En tout cas, dans "Juste la fin du monde", au lieu de demander à tous ses comédiens de jouer "cinéma" plutôt que "théâtre", il a dû demander à 3 d'entre eux de jouer "théâtre" à la puissance 3. Résultat : Vincent Cassel, Nathalie Baye et Léa Seydoux surjouent au maximum au point qu'on en arrive à croire que ce sont de très mauvais comédiens. En plus, Nathalie Baye est maquillée outrageusement et, cerise sur le gâteau, les visages, sans doute pour, cette fois ci, s'éloigner du théâtre, sont l'objet de gros plans qui accentuent le caractère grotesque de ces personnages. Seuls Gaspard Ulliel et Marion Cotillard, qui n'ont sans doute pas reçu les mêmes consignes de la part du réalisateur, arrivent à tirer leur épingle du jeu dans ce jeu de massacre désagréable et, très souvent, profondément ennuyeux. Ils sont aussi les seuls à arracher un peu d'émotion chez les spectateurs. On rajoutera qu'à deux reprises, on a droit à des espèces de clips sur des chansons de qualité très médiocre et dont le rapport avec le film est tout sauf évident. Quant à la musique de Gabriel Yared, elle prend souvent une importance sonore beaucoup trop importante : si Mr. Xavier Dolan cherchait à faire monter l'émotion grâce à elle, c'est raté !