Denis ROBERT est plus connu comme journaliste (c’est lui qui est à l’origine de l’affaire « Clearstream ») que comme réalisateur (c’est pourtant son 9e film, à 57 ans, réalisé avec sa fille). C’est la version longue (75 mn), pour le cinéma, de « Cavanna, même pas mort » (52 mn) sorti en 2015 pour la télévision. Le film est assez touchant car les entretiens avec François Cavanna se sont déroulés vers la fin de sa vie, étant décédé le 29 janvier 2014 à presque 91 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Il parle de sa maladie de Parkinson [déjà évoquée dans son livre, « Lune de miel » (2011) et dont le titre du film est extrait),spoiler: de son suicide raté par pendaison la veille du mariage de sa fille (il était alors surmené de travail, rédigeant presque tous les articles du journal « Hara-Kiri » et en assurant la gestion au quotidien). Le film montre bien que François Cavanna est un fou d’écriture (il écrit tout à la main, ignorant la machine à écrire et bien sûr l’ordinateur, d’où son désarroi face à la maladie de Parkinson qui rendait son écriture illisible) : il a écrit 55 livres dont 25 romans. Il a publié beaucoup chez Albin Michel mais son dernier livre le sera chez la prestigieuse maison Gallimard (grâce à Jean-Marie Laclavetine). Est évoqué, bien sûr, « Charlie Hebdo » qui fait suite à l’interdiction (par Raymond Marcellin) de « Hara-Kiri Hebdo » en raison de sa une « Bal tragique à Colombey – 1 mort » après le décès du général de Gaulle, le 9 novembre 1970. Le journal s’arrêta fin 1981, faute de lecteurs réguliers. Il faut dire que l’autre fondateur du journal, le Pr Choron (Georges Bernier et qui prend ce pseudonyme car c’est le nom de la rue du 9e arrondissement où est situé le journal) n’est pas un modèle de gestionnaire (il lui sera d’ailleurs interdit de diriger une entreprise). Le nom du journal a été trouvé sur un coin de table et fait allusion à Charlie Brown, personnage principal du Comic Strip « Peanuts » de Charles Schulz (1922-2000). En 1992, Philippe Val et Cabu quittent l’hebdomadaire satirique « La Grosse Bertha » (fondé en 1991 lors de la 1ère guerre du Golfe) pour lancer leur propre hebdomadaire qui reprend alors le nom de « Charlie Hebdo » et que rejoint François Cavanna. Les différents avec Choron (qui revendiqua aussi la paternité du titre du journal » et Delfeil de Ton (alias Henri Roussel, qui quitte le journal en 1975) sont aussi évoqués. Le film a été achevé peu après la tuerie de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, renforçant le témoignage de plusieurs collaborateurs de Cavanna assassinés alors. Encore en vie, témoignent dans le film, Delfeil de Ton, Siné (alias Maurice Sinet, licencié par Philippe Val en 2008), Willem (dessinateur néerlandais qui vit maintenant à Groix) et Sylvie Caster (qui travailla à « Charlie Hebdo » de 1976 à 1981). .
Ce documentaire est une ode à la satire ainsi qu’a la liberté. Il nous permet d’en apprendre plus sur François Cavanna et la volonté du réalisateur de parvenir a mieux le faire connaitre est ici bien réussi. A travers les souvenirs de Cavanna ce documentaire n’élude aucun sujet même les plus sensible (les critiques envers la manière à été réalisé le journal par la suite, les procès…) On peut lui reprocher toutefois ca glorification du premier charlie hebdo des années 80 ce qui tend à faiblir involontairement le nouveau. Un accent particulier est mis sur le manque de la satire actuelle et ce afin de faire prendre conscience de son importance et de se qu’elle est réellement et ce film résonne encore plus en nous avec les événements terribles de janvier 2015.De la rencontre qui forgea hara kiri au Charlie hebdo d’aujourd’hui, Ce documentaire porte aussi en lui l’amour de la vie en se mêlant a l’esprit de cet écrivain qui se veut rire de tout sans limite.
Dommage. Les Robert seraient-ils trop jeunes - Nina, sans doute, mais son père ? Ou anti-écologistes ? Ils ont complètement gommé l'une des principales dimensions de Cavanna : son rôle dans l'alerte écologiste depuis les débuts (les années soixante). Je dis bien écologiste comme écologisme, le mouvement originel de culture communautaire et conviviale, naturellement libertaire et non-électoraliste (1).
C'est Cavanna et Choron qui ont publié les dessins de Pierre Fournier et l'ont invité à s'exprimer. Et c'est encore Cavanna - avec Choron pas loin - qui a aidé à la création de La Gueule Ouverte. Cavanna mérite encore d'être salué pour plusieurs années de participation à Ecologie-Infos jusqu'au début des années 1990 (2).
Excepté cette grosse lacune, on a plaisir à revoir la belle équipe, celle des années soixante et du premier Charlie Hebdo disparu en 81. Tiens ! comme par hasard... En fait ce Charlie Hebdo a disparu en même temps que le mouvement écologiste alternatif des années 1960-70 : la nouvelle gauche dont Fournier était un digne représentant. Fournier qui, décidément, n'apparaît pas dans les images d'archives qui nous sont proposées.
Le doc de Denis et Nina Robert a le grand mérite de révéler la grande différence de nature entre la première époque et le Charlie Hebdo contrôlé par Philippe Val. On y entend Cavanna dire : "Fallait pas y aller !" dans le coup manigancé par Val contre Choron, père du premier Charlie. Il est utilement rappelé que la magouille a été poussée jusqu'à instrumentaliser Cabu et Wolinski, et même Siné et Cavanna, pour qu'ils témoignent contre Choron pour le déposséder de sa propriété - avant qu'ils ne soient eux-mêmes bernés et se retrouvent sans rien ! Choron n'y survivra pas.
Cavanna, jusqu'à l'ultime seconde... laisse un goût amer. Mais c'est inévitable. Cavanna, l'inspirateur et le pourfendeur, "la force de la nature", a fini "mis à part" dans l'équipe du simili-Charlie. "Je me suis fait avoir !", confie-t-il.
Comme l'aurait été Fournier s'il avait vécu. Comme nous tous. Comme toute la planète.
ACG
1) donc non-capitaliste, arcadienne comme l'a baptisée l'historien des sciences Donald Worster, à l'image de la communauté des communautés : la biosphère.
2) Les articles parus sont rassemblés dans La belle fille sur le tas d'ordures, édit. L'Archipel 1991.
Plus d'information sur cette histoire dans Fournier précurseur de l'écologie, édit. Les Cahiers dessinés 2011.
ce film documentaire est touchant et sincère ,et que dire de ce beau portrait de Monsieur Cavanna et revoir avec émotion quelques têtes connues fait vraiment plaisir merci Monsieur Robert
Quel beau témoignage tellement émouvant. La satire est un art, que d'aucun manie avec brio et que d'autres se contentent de singer. Le rôle obscur de Val est abordé en biais, mais nous apprenons que le nom de Charlie Hebdo a finalement été l'objet d'un procès séparant Choron de Cavanna, à l'aide de pseudos témoignages faisant de Cavanna le seul créateur de Charlie, tout pour que Cavanna touche 0,4 % des recettes du journal, le reste de son salaire complémentaire à la retraite sécu étant constitué par les piges, qu'il écrivait, est un constat douloureux. Val est l'homme qui a viré les humoristes de France Inter. Tout ça n'est pas glorieux.Il y a longtemps, Font était associé à Val, son compère a fini en prison. Choron lui, est mort quelques années après le procès sur le nom du journal, dont il n'avait pas déposé le nom pour en assurer la propriété. Cavanna reconnait que c'était une erreur de participer à cette nouvelle aventure. La liberté de ton, le goût de la littérature, la nécessité d'écrire, tout cela, c'était Cavanna. La narration de sa traversée d'un moment dépressif, qui l'a conduit à un raptus suicidaire est aussi bouleversante. Cavanna nous enseigne sur les ravages de l'insomnie et la charge agressive du suicidaire. Les prises de parole à ses obsèques sont aussi de beaux moments. Cavanna est mort en janvier 2014. Un an plus tard, plusieurs de ceux qu'il restait à interviewer ont été fusillés. Les assassins ignoraient que le premier prophète caricaturé fut le général, prophète en son temps dans nos contrées. Ils ignoraient sans doute également que Cavanna était mort un an plus tôt. Cavanna qui déclare à l'ouverture du documentaire détester les cons. Sus à l'ignorance et à la croyance aveugle et meurtrière.
Touchant portrait d'un personnage extraordinaire. De l'esprit, de l'humour, de la l'intelligence. Et les coulisses de l'histoire de Charlie Hebdo... pour comprendre. Ça donne envie de lire les innombrables romans de Cavanna!
"Si un homme sur cette foutue planète peut dire "Je suis Charlie", c'est lui". Après l'excellent "Choron dernière" réalisé il y a quelques années par Pierre Carles, ce film rend hommage à la seconde figure tutélaire de la presse autoproclamée "bête et méchante". De sa rencontre avec Bernier pas encore prof' à son idylle avec cette salope de Miss Parkinson qui finira par le bouffer, retour sur la vie de Cavanna et sur l'élan de liberté qu'il a su insuffler à travers SON esprit purement subversif. Les témoignages de Delfeil de Ton, de Siné, voire de Cavanna himself sur l'hebdo nouvelle version, en particulier sous l'ère Philippe Val, s'ils n'ont pas manqué de susciter la polémique après les événements de janvier, apportent un éclairage particulièrement intéressant, et certains éléments d'explication, même s'ils ne concernent qu'une partie du documentaire. Restent des images et une liberté de ton propre à une époque qui paraît tellement ancienne et pourtant au combien révolue. Car si aujourd'hui tout le monde se sent Charlie, Cavanna lui, était et restera Hara Kiri. Et les derniers de sa trempe, on peut les compter sur les doigts de sa main gauche.
Si Denis Robert n’existait pas, il aurait fallu ré-inventer François Cavanna. Et heureusement, les plus jeunes auront la chance, avec cette perle cinématographique, de découvrir Cavanna l'écrivain, le journaliste, l'artiste, le poète et surtout l'homme libre créateur d'un magasine hors norme, débraqué et visionnaire, le magasine Charlie Hebdo, à temps. Merci Denis Robert.
Un peu déçue de ce film que j'attendais depuis longtemps. Forcément ça fait du bien de le revoir, Lui. Et Choron. Lui et les autres... Ça fait du bien de l'entendre, notamment sur ce que l'écriture représente pour lui... Dès le début, des images des discours des funérailles de Cavanna. Un peu facile, un peu gênant. On laisse la caméra là, puisque l'émotion est là, d'emblée, on enregistre, et après, on prendra les meilleurs moments. Dans le but sûrement d'arracher des larmes. On enregistre ces gens qui parlent de lui, plutôt que d'aller les voir, de leur parler, de les interviewer. Comme si c'était trop d'"efforts", justement, que d'aller les voir directement parfois. Il y a des interviews plus récentes de Lui aussi, peu de temps avant sa mort, où on avait parfois du mal à le comprendre (Cavanna aurait sans doute mérité que ce film ait été commencé plus tôt). Des maladresses. Un parti pris, des questions avec des réponses déjà bien amorcées. Le sentiment que Denis Robert a aussi cherché à régler des comptes. J'ai pas été émue, à part au début, quand j'l'ai vu, Lui. "Ça faisait un bail que j't'avais pas vu, mon François!" Et Delfeil de Ton, Siné, Willem, et Sylvie Caster ont été les bienvenus. Comme les images du père Cavanna, Luigi, qui danse... Précieux. spoiler: Dernière image, un peu dommage : Image de Denis Robert aux funérailles qui fait son discours.
Enfin, dernier petit grincement... Face aux déconvenues de Cavanna avec l'éditeur Albin Michel, entendre que "Gallimard" c'est vraiment un autre monde, plus humain, blablabla, par un mec de Gallimard, forcément. Bref, un film qui manque de finesse, de justesse, avec pas mal de non-dits qui finalement sautent à la gueule du spectateur.