Jenny, dans les 26/27 ans, n'a aucune vie personnelle (ni familiale, ni amicale, pas de loisirs....). Cela lui permet donc d'appliquer un sens aigu de l'amour de l'Autre à un fait-divers auquel elle est mêlée (à la marge) : une prostituée africaine (en tenue de travail, blouson doré et minijupe rose), qui pourrait bien avoir eu des soucis lors d'une passe, appuie sur l'interphone du cabinet médical où la jeune femme finit un remplacement de quelques mois - Jenny ne lui ouvre pas, croyant à un patient lambda tentant une consultation très en dehors des heures prévues ; la professionnelle est retrouvée au matin par un grutier, le crâne défoncé, sur un quai faisant face au cabinet. Jenny se sent responsable du funeste destin de "La Fille inconnue", et se lance à corps perdu dans une "enquête policière", pour au moins connaître l'identité de cette dernière, qui n'avait rien sur elle permettant de l'identifier, voire pour lui donner une sépulture décente, dans le cas où aucun parent se manifesterait. Notons que cette grandeur d'âme (largement nourrie quand même à la culpabilité) trouve, en parallèle, à s'appliquer aussi à quelques "sous-intrigues", comme revivifier la vocation de Julien, son ex-stagiaire mutique - tout en faisant de sa pratique médicale un quasi-sacerdoce, après avoir renoncé à une patientèle prometteuse, et embrassé un mode de vie spartiate.... En bord de Meuse, dans une cité autrefois élégante (résidence d'été des princes-archevêques de Liège), puis au moins prospère (charbonnages, sidérurgie), aujourd'hui largement touchée par la "crise", et totalement sinistre devant leur caméra, Seraing, les frères Dardenne mettent en scène une Adèle Haenel égale à elle-même, c'est-à-dire expressive comme une porte... d'hôpital (pour rester dans la note), en "Dr Davin" (celle qui cherche la fille inconnue - "énigme" résolue dans les dernières images, avec une fluidité très relative, du genre "allez, on bâcle" - pardon : "on boucle"..). L'histoire est inintéressante, même comme prétexte pour une de ces moutures "sociales" dont le tandem belge s'est fait une spécialité, et la psychologie des personnages est à l'unisson, artificielle en diable.... On n'y croit jamais à la demoiselle Jenny, en "sainte laïque", à coup de moraline, et on se barbe (sauf quand le toujours excellent Gourmet fait une "participation", en "fils Lambert"), mais qu'est-ce qu'on se barbe......