Le documentaire de Paul Duane et David Cairns nous offre la possibilité de découvrir, pour nombre d'entre nous, ou de redécouvrir, pour d'autres, le personnage de Bernard Natan. En effet, de son existence tout a disparu ou presque. Et pourtant ce visionnaire a été de toutes les fondations dans l'histoire du cinéma : initiateur en France du parlant à l'aube du XXème siècle, redresseur de la maison Pathé et businessman à l'origine du laboratoire Rapid Film, abritant désormais les locaux de la prestigieuse Fémis. Si l'homme n'est pas resté dans les mémoires c'est qu'il a été victime d'une véritable campagne calomnieuse qui a à jamais terni son image : businessman juif irresponsable et odieux pornographe, voici la réputation que la presse et le grand public lui ont à l'époque prêté. Bernard Natan a fini sa vie emprisoné avant d'être confié aux autorités allemandes et de mourir à Auschwitz. C'est sur cette histoire, entre exaltation du pionner et douleur sourde de la condamnation sociale et physique, que les réalisateurs on choisit de revenir, espérant ainsi réhabiliter la figure et tordre le cou aux théories fumeuses. Tout cela nous offre un documentaire passionant et effrayant à la fois. Mentionnons également le grand calme et la grande dignité dont font preuve les petites-filles de Bernard Natan et qui témoignent de ce passé familial entâché.