Nous sommes à Uz, petit village montagnard du nord du Portugal. La région a été vidée par l'émigration. Il ne reste plus que quelques paysans dans les environs. Parmi eux se trouve Daniel, un jeune homme qui a arrêté l'école tôt pour faire ce métier qui lui convient bien. Parmi les vaches et les durs labeurs que la nature lui impose au fil des saisons, il ne semble jamais se départir de sa bonne humeur naturelle. Mais s'il est conscient de ce qu'il a et de ce qu'il ne peut pas avoir, Daniel rêve d'amour et cherche à se trouver une fiancée. Le personnage de Daniel et sa quête romantique viennent ponctuer de petits ressorts narratifs un documentaire très intéressant. João Pedro Plácido, qui connaît bien Uz, lieu de naissance de sa mère, a eu l'envie de raconter avec son film le quotidien d'un village. Un village dont le train de vie est amené à disparaître mais ce n'est pas pour autant que le cinéaste verse dans le pessimisme, au contraire ! "Volta à Terra" (que l'on peut traduire par Retour à la Terre) est plutôt la célébration de la poésie de ce petit village qui semble loin de tout, avec sa beauté et sa rudesse. Car tout n'est pas rose à Uz, les paysans vieillissent, ont le dos courbé et leur profession se raréfie. Les jeunes qui souhaitent rester au village cultiver la terre et élever le bétail sont loin d'être nombreux, la plupart d'entre eux préfèrent partir plus au sud. Si João Pedro Plácido n'occulte jamais la difficulté du mode de vie de son héros, il préfère s'attarder sur tout ce qu'il y a de noble, de beau et de naïf en Daniel. Daniel, sorte de gamin dans un corps d'adulte, est un personnage authentique comme on en voit rarement. Naturel face à la caméra, le jeune homme laisse le réalisateur le suivre et faire reposer une bonne partie de son film sur lui. A ce titre là, les scènes de célébration du village en été sont les plus réussies. On y découvre Daniel en train de séduire une jeune femme et surtout on découvre toute la joie de vivre des habitants de Uz. Dans ces moments-là, comme dans les moments imprévus (une conversation avec un gamin pas plus haut que trois pommes), le réalisateur capte la vie dans toute sa splendeur et on y assiste, charmés. Le reste du film est plus classique, parfois un brin longuet mais toujours filmé avec tendresse.