Des coming-of-age movies, on en a vu treize à la douzaine. Ces films qui décrivent l'adolescence - évidemment compliquée - des garçons et plus encore des filles, on en a vu dans le cinéma français autant sinon plus que dans le cinéma américain qui n'en est pourtant pas avare ("Juno", "Boyhood", "Le Lauréat", "Ghost World", "Virgin Suicides"...) Certains constituent d'ailleurs des réussites remarquables et remarquées : "La Vie d'Adèle", "Gangs de filles" ; d'autres, qui n'ont pas connu un tel succès, l'auraient mérité : "Naissance des pieuvres" (qui révéla Adèle Haenel), "L'Année suivante" (qui révéla Anaïs Demoustier), "Dans les cordes" (qui révéla Soko), "Belle Épine" (qui révéla Léa Seydoux), "Respire" (qui ne révéla personne)...
La jeune réalisatrice Julia Kowalski courait le risque de voir son premier film comparé à ces belles - et nombreuses - réussites. Elle ne réussit qu'à moitié à relever ce défi.
À son crédit, un parti pris original : l'anti-LOL ou, pour le dire autrement, le refus de filmer une jolie adolescente, fraîche et désirable. Loin des clichés, Rose (Liv Henneguier) est une ado revêche et mal dans sa peau, autrement plus crédible que les héroïnes stéréotypées que le cinéma américain nous a trop souvent servies. Son désir peine à se fixer : est-elle attirée par Roman, le bad boy du lycée ? ou par le père de celui-ci recruté pour refaire le rez-de-chaussée de sa maison ?
À son débit, des personnages secondaires trop stéréotypés (le père compréhensif, la meilleure copine girly) et une intrigue qui se conclut, comme tous les films du genre, de manière hélas trop prévisible, avec une héroïne plus forte des expériences traversées.