Le film est présenté en Compétition à la Semaine de la Critique.
Pour le réalisateur Jonas Carpignano, la question du rôle des noirs dans la société italienne est quelque chose de crucial. Quand les premières émeutes raciales ont éclaté à Rosarno en 2010, il s'est rendu sur place pour mieux comprendre la situation. Sa rencontre avec Koudous Seihon (qui a joué le rôle d'Ayiva) lui a permis de rentrer dans le monde des immigrés et c’est ainsi qu’il a décidé de tourner Mediterranea.
Jonas Carpignano et Koudous Seihon avaient déjà créé un court-métrage intitulé A Chjàna qui se focalisait également sur les thèmes clefs développés dans Mediterranea. C'est aussi avec ce film qu'il a pu expérimenter un modèle de production collective dans lequel tout le monde était impliqué, aussi bien les acteurs que l'équipe technique. A Chjàna avait gagné le prix Controcampo du Meilleur court-métrage au festival de Venise 2011.
Jonas Carpignano a repéré Koudous Seihon dans un rassemblement qui réunissait plus de 600 immigrés africains. Il était à la recherche de personnes pour jouer dans son court-métrage. Il a tout de suite repéré Seihon dans son blouson en cuir, avec son mégaphone à la main en train d'interpeller la foule en français, anglais, italien et ghanéen. Impressionné par son charisme, il décida tout de suite de l'enrôler pour son film.
99% des acteurs ayant joué dans Mediterranea proviennent de la ville du réalisateur Jonas Carpignano en Italie du sud. Il était question de gens qu'il a rencontrés au fil des années et des vagues de migration. Un seul acteur avait un peu d'expérience, Alassane Sy, qui joue le rôle d'Abas. Le réalisateur l'a rencontré au Sundance Labs.
Un personnage dans Mediterranea énonce à plusieurs reprises "Rihanna est ma soeur". Rihanna est partout dans ce film sous forme de sonnerie de téléphone, de chanson emblématique ou de symbole de la mondialisation. Pour Jonas Carpignano, Rihanna symbolise la culture-pop mondiale, c’est aussi sa star préférée. Elle vient de la Barbade et est un véritable exemple de cette culture mondiale hybride. Pour le réalisateur, il n'est pas étonnant qu'elle soit devenue le porte-drapeau de tout ce qui est musical, sociétal et culturel.
Au total, ce sont des personnes venant de cinq pays différents (États-Unis, Italie, France, Allemagne et Quatar) qui ont participé à la conception du long-métrage. Sur le tournage, on pouvait aussi bien entendre du français, de l’italien, de l’anglais, de l’arabe et du bissa. La plupart des personnes qui ont tourné avec le réalisateur étaient ses amis, de ce fait il ne s’est jamais senti dans une production mondiale.
Koudous Seihon a grandi à Zabré au Burkina Faso. Devenu père à l'âge de 20 ans et lui étant impossible de subvenir aux besoins de sa famille, il a quitté sa ville natale en 2008 et dans l'espoir de trouver du travail. Il a ainsi débarqué en Italie du Sud. Seihon a travaillé dans les champs de Calabre. C’est un fervent avocat de la cause et des droits des migrants.
Alassane Sy a commencé sa carrière en tant que mannequin à New York. Grâce à des photos dans un magazine, il est repéré par le réalisateur Andrew Dosunmu qui lui confie le rôle principal de son long métrage Restless city, présenté à Sundance. Alassane y incarne djibril, un migrant et musicien africain qui découvre les joies de l'amour avec une prostituée de Canal Street.