Ce film a la capacité de transporter ailleurs, dans une sorte d'enfer doux légèrement étouffant. Ce huit-clos en salon de coiffure gazaoui se suit bien mais au bout d'un moment, on se lasse, on attend une certaine audace sinon plus de densité, et ça ne vient pas outre quelques engueulades. Les dialogues accusent aussi cette carence, alors que ça aurait pu être jubilatoire. À l'enfer extérieur (qu'on ne montre quasiment pas mais qu'on évoque, entend et ressent) va répondre un certain enfer intérieur. Il s'invite en ce lieu, sans toutefois aller bien loin. Le scénario nous fait poireauter avec les atermoiements sentimentaux sans fin de l'assistante de salon (Maisa Abd Elhadi) ou avecc les affres de la femme enceinte, alors qu'ils n'apportent rien de pertinent à l'histoire si ce n'est pour accentuer l'émotion sur la fin, une fin d'ailleurs en queue de poisson. La cliente aigrie et insatisfaite, Eftikhar (Hiam Abbass, la plus marquante, avec Manal Awad qui joue la droguée, très en verve), tisse un jeu de guerre froide avec l'assistante, mais cette haine ravalée n'aboutit à rien que l'échange d'insultes ou de regards glaçants. La métaphore en vase clos de la société, qu'on a voulu faire avec ce film, révèle rétrospectivement sa facticité. Au bout d'un moment, la situation tourne en rond, entre ébahissement et attente frustrée et on se retrouve un peu comme cette Eftikhar. On attend qu'il se passe vraiment quelque chose or rien de renversant n'arrive. En dépit de la situation extérieure, tout tourne au ralenti et les sentiments ne fusent que trop brièvement et tardivement. On s'épile, se recoiffe, se lamente, pleurniche, se crêpe le chignon ou encore prie, avec le personnage de la religieuse voilée, froidement antipatique, contrebalancé par les délires provocateurs mais vains de la bouclée. Là-dessus vient se plaquer un symbole de pouvoir, une lionne, ou alors un lion rasé et castré, accompagné de sa brute d'homme-animal, pour faire original. Malgré toutes ces limitations, ça reste un petit film pas mal à voir ne serait-ce que pour son atmosphère.