Présenté à la Semaine de la Critique de Cannes 2015, La terre et l’ombre est le premier long métrage réalisé par le colombien César Acevedo. Jusqu’à ce film, on ne le connaissait que comme co-scénariste de "Los Hongos" de son compatriote Oscar Ruiz Navia. Une certitude : l’obtention à Cannes de la Caméra d’Or pour "La terre et l’ombre" va profondément changer son statut. C’est au sein d’une famille de travailleurs de l’ombre que nous plonge Acevedo : le père est parti depuis longtemps, du temps où leur petite maison était entourée d’orangers ; son fils est tombé gravement malade, il ne peut plus travailler comme ouvrier agricole ; sa femme et sa mère s’efforcent tant bien que mal de le remplacer pour nourrir la famille. Ce travail, il se déroule dans la plantation de canne à sucre qui, depuis le départ du père, a remplacé les orangers. Un travail dur, mal payé, payé avec retard, beaucoup de retard, un environnement de cendres éminemment polluantes lorsque s’opère le brulage de la canne à sucre. Appelé à l’aide par son fils, le père revient dans sa famille et c’est ce retour que nous raconte le film : ses rapports avec celle qui est toujours sa femme, avec son petit-fils, avec sa belle-fille, tout cela sur fond de lutte sociale de la part des ouvriers agricoles qui ne supportent plus de se tuer au travail pour une paye qui, sans cesse, est retardée. Pour ce très beau film, César Acevedo a opté pour une captation basée sur de longs plans-séquence, avec très peu de mouvements de caméra. Petit à petit, l’immersion opère et le spectateur se retrouve capturé dans les rets posés par le réalisateur, partageant le combat mené par cette famille ainsi que par la lutte des travailleurs agricole.