Avant de découvrir ce film, je ne connaissais d’Enzo G. Castellari que ses nanars des années 80. Où il repompait sans scrupule, à coups de ralentis sur mannequins, les gros succès américains de l’époque. Je fus donc étonné de savoir que certains de ses films avaient en fait bonne réputation. J’ai décidé de me plonger dans « Il grande racket », un poliziottesco pur jus.
Je dois dire que la surprise fut très bonne !
On y suit un flic de Rome, Nico, qui enquête sur un nouveau gang de racketteurs. Ceux-ci terrorisent les honnêtes commerçants, leur extorquant leurs économies, et infligeant un châtiment fulgurant à quiconque résiste. Devant la couardise de la hiérarchie, et la faiblesse du règlement, Nico devra user de ses propres règles…
Le fond du film se rapproche des vigilante movies américains qui auront aussi du succès à l’époque, et demeure à la limite du fascisme. D’ailleurs certains critiques italiens seront très virulents envers Castellari à ce niveau. Mais il faut aussi remettre dans le contexte. C’était l’époque des années de plomb. Où l’Italie fut marquée par une violente vague de crimes et de terrorisme, sur fond d‘hyper politisation.
Je n’adhère pas forcément à la formule « à époque malade, films malades », toujours est-il que cela explique en partie la virulence des poliziotteschi, et de « Il grande racket » en particulier. Car peu importe de quel côté de la loi où se trouve, ici ça défouraille sévère !
Les criminels sont abjects, commettant des actes des plus violents et sordides, qui mettent très rapidement le public contre eux. Notre héros répliquera en les flinguant sans broncher, notamment dans deux fusillades musclées, véritable libération de joie pour le spectateur.
Les scènes d’action sont d’ailleurs particulièrement réussies et ambitieuses pour du cinéma italien bis. Très bien découpées, et faisant un usage modéré et pertinent des ralentis (sans mannequin !). Il y a aussi cette séquence très étonnante de l’accident de voiture dans le premier acte. Dans l’ensemble le film est très efficace, et bien porté par le charismatique Fabio Testi.
Pour ce qui est des acteurs et du scénario, on est dans du cinéma bis, ne vous attendez pas à du Shakespeare. Mais globalement cela fonctionne très bien, malgré quelques invraisemblances (nos loubards agressent des flics… mais sont quand même relâchés ?).
En bonus, quelques vues des monuments de Rome, le Colisée et le Forum faisant une furtive apparition. Néanmoins Castellari préfère clairement l’environnement urbain, voire industriel, surtout quand il est sinistre !
Bref, « Il grande racket » est une très bonne introduction au poliziottesco, et même au cinéma bis Italien, pour ceux qui tolèrent la violence à l’écran.