Ceux qui me suivent le savent peut-être : j'ai pour habitude de terminer l'année civile par un mauvais, voire un très mauvais film si l'opportunité m'est offerte : seulement, cette année, j'ai manqué le coche. Oui, sacrilège : j'avoue avoir apprécié ce « Bookshop » de facture certes très classique, Isabel Coixet s'efforçant avant tout d'offrir une mise en images propre, appliquée, sans faute de goûts. Mais après tout, pourquoi pas : au vu du sujet, pas sûr que des grands mouvements de caméra et des audaces toutes les deux minutes auraient été forcément adaptés.
Oui, c'est sage, sans doute trop, mais c'est aussi un moyen de nous raconter une histoire avec calme, douceur, élégance, faisant la part belle aux dialogues et aux personnages où, certes, cette antagoniste est « too much », mais comment ne pas être sensible aux délicieux échanges entre la non moins délicieuse Emily Mortimer et l'irrésistible Bill Nighy, auxquels viennent s'ajouter de savoureux seconds rôles : de l'espiègle Christine au cynique Milo, tous composent un tableau intéressant, lucide et finalement assez pessimiste de la nature humaine.
Enfin, alors que l'on pensait deviner dès les premiers instants le déroulement de l'intrigue et surtout sa conclusion, finalement... pas du tout, ce qui est évidemment à saluer. Avec, comme son titre l'indique, un très bel hommage aux librairies et à toutes les formes de livres, bien avant la crise sanitaire et renforçant cette idée d'objet de « première nécessité »... En tout cas, à défaut d'avoir fait comme d'habitude, j'ai terminé l'année avec un joli film, ni le plus grand ni le plus riche, mais ayant l'immense mérite de nous raconter une belle histoire aux protagonistes profondément attachants : au fond, sans doute était-ce le titre idéal pour tourner la page de cette effrayante année 2020. Touchant.