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    Le Fils de Saul
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    285 critiques spectateurs

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    Christian Wacrenier
    Christian Wacrenier

    18 abonnés 33 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 novembre 2015
    Je suis allé avec une certaine appréhension voir ce film, considérant qu'il était quasi impossible de "représenter" l'inconcevable et d'esthétiser à partir de l'horreur indicible. Et puis je me suis laissé entraîner, malmener... J'ai tout de suite compris qu'il n'y avait là aucune facilité, aucune prétention de montrer Auschwitz. On ne voit que ce que voit Saul, les quelques mètres carrés qui l'entourent et où passent des êtres poussés dans les cris et la violence comme un troupeau vers la mort. Là où Spielberg utilisait les douches pour une scène contestable, Nemes ne montre rien. Les portes sont fermées et l'on entend les hurlements, les appels, la souffrance. Le cinéaste ne nous donne pas à "voir" mais à "imaginer" l'horreur. Quand son héros, chargé de sortir "les pièces" de la salle de mort découvre qu'un garçon agonisant respire encore, il trouve soudain une force, une détermination qui le guident et lui font braver les dangers. Il n'a plus qu'une obsession : enterrer ce garçon qu'il prétend être son fils et trouver un rabbin pour réciter le kadish. Il y a dans cette volonté la révolte de l'homme devant la barbarie qui déshumanise ses victimes. Dans le dénuement, dans la souffrance, Saul est l'homme révolté, comme ses compagnons qui préparent leur évasion, mais son arme à lui c'est son affirmation du caractère sacré et unique de tout être. Ce fils qu'il a choisi représente chaque victime de l'ignominie nazie.
    Il n'y aura pas de happy end. Et pourtant, c'est Saul et ses compagnons de révolte qui sont des hommes dans cet univers de monstres.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 10 novembre 2015
    Laszlo Nemes nous offre une perle de technique cinématographique pour un malaise nécessaire. Le cadrage comme la profondeur de champ, resserrés sur le visage de Saul nous protègent de l’horreur qui l’entoure mais nous enferment dans son obsession. Le travail sur la bande son et le rythme effréné ne nous laissent aucun répit, aucune pause, aucun espoir de survie.
    Tout y est : le courage et l’abandon, la cruauté et l’humanité, la cupidité et la générosité, l’humiliation et la révolte.
    J’ai adoré détester ce film
    vidalger
    vidalger

    321 abonnés 1 250 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 novembre 2015
    La caméra de Nemes se maintient quasiment tout au long de ce film oppressant à moins d'un mètre du principal protagoniste que l'on suit dans l'enfer d'une chambre à gaz, au sein d'un groupe de détenus chargés des basses besognes des nazis. D'une histoire improbable - un prisonnier croit reconnaître son fils parmi les morts et cherche à tout prix à lui consacrer des obsèques religieuses -, le réalisateur bâtit une épopée éprouvante, tendue vers une quête à l'issue plus qu'incertaine. En montrant l'horreur des situations tout en respectant les victimes avec une extrême pudeur, Nemes réalise un sans faute ni voyeuriste ni pleurnichard. Pas beaucoup de bons sentiments dans ce film, mais du bon cinéma parfaitement situé entre Shoah et Le pianiste ou la Liste de Schindler.
    Jeanluc.M
    Jeanluc.M

    21 abonnés 219 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 novembre 2015
    Certains passages sont réellement insupportables par la "cruauté" qui se dégage.
    Ce film présente relativement bien de quoi l'humain est capable, une fois retranché dans la frustration.

    Un devoir de mémoire, un peu romancé, mais à l'impact visuel et surtout sonore très très efficace.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 9 novembre 2015
    Un film très bien interprété dans son ensemble, on ressent l'atmosphère lourde de ces camps d'extermination et la cadence effrénée de ces prisonniers asservis.Toutefois le sujet a déjà été traité dans de nombreux films par le passé ; c'est pour l'unique raison " déjà vu" que la note maximale de l'étoile ne lui sera accordé. AVoir..
    ATON2512
    ATON2512

    58 abonnés 1 126 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 novembre 2015
    Un film fort . Un Choc (parfois violent) sur les camps d'extermination. De part l'immersion presque réelle qui nous est donnée à voir sans presque rien montrer mais plus à suggérer autant par le procédé de cloutage que par le son (comme celui des trains!) . L'histoire est forte , dramatique . Pour autant cette quête de vouloir donner une sépulture à son enfant comme le seul lien d'humanité dans cet enfer . C'est dur , épuisant mais il y a dans cette monstruosité un rayon d'espérance.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 9 novembre 2015
    Film poignant. Je le déconseille fortement pour tout premier rencard amoureux au cinéma (oui, c’est du vécu!). Messieurs, en sortant de la séance il faudra sortir les rames pour reconquérir votre dulcinée (à moins d’être très fort ;)). La stratégie peut néanmoins être efficace si vous lui proposez de boire un verre (non, plusieurs) pour oublier l’atmosphère morbide du film.
    dagrey1
    dagrey1

    97 abonnés 655 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 novembre 2015
    "Le fils de Saul" est un film qui exclut tout pathos dans la mise en scène d'un sujet grave celui de la machine d'extermination nazie et des Sonderkommandos, unités composées de prisonniers juifs chargés de récupérer les effets personnels des prisonniers exterminés et de l'élimination physique de leurs cadavres. Toujours vivant après "la douche", un jeune garçon est étranglé par le médecin chef nazi, Saul prenant alors la décision de l'enterrer selon la tradition rabinnique. Son unique quête sera alors d'essayer de trouver un rabbin pour lire le kaddish au mépris même des règles les plus élémentaires de survie. Tout cela semble un peu surnaturel dans un contexte de survie lorsque l'on sait que les Sonderkommandos avaient une espérance de vie de quelques semaines. Le film est réussi même s'il est très particulier, il est très clinique, son déterminisme est résolument sombre.
    mathieu19871
    mathieu19871

    2 abonnés 37 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 9 novembre 2015
    J'avoue que se film m'a laissé perplexe (parfois de bonnes manières et de moins bonnes) mais se sont les quelques critiques que j'ai lu quI me laissent encore plus perplexes, celle-ci ne se concentrant que sur la forme et sur le contexte historique du film en omettant de parler de l'histoire (il s'agit d'une fiction) qui nous est raconté.

    Mais revenons au film et d'abord à sa forme. Film presque muet, on suis littéralement un seul homme. 80% du temps la caméra est placée soit devant lui ou derrière de sorte, qu'avec un cadrage et un format d'image très serré, seul son dos ou sa face emplissent une part importante de l'écran. De cette façon on s'imagine plus les atrocités qu'on ne les voit, celles-ci étant dans un quasi flou permanent renforcé par une bande sonore d'un vacarme poignant suggérant tous les passages hors-champs. Cette mise en scène est très bien vu : rien que de montrer un hommes marcher au coeur de cet enfer nous imprègne d'un malaise permanent. Ce choix a tout de même une limite de temps : passé une durée certains spectacteurs ont besoins de souffler et de s'aérer de cette caméra-glue qui devient hélas lourdingue pour un film de 1h47 e fait décrocher certains spectacteurs du film.

    Maintenant que j'ai parlé de la mise en scène sur laquelle je suis plutot d'accord avec les critiques, parlons de l'histoire que certains critiques oublies délibérément de mentionner.
    On suis se prisonnier forcé par les allemands de participer à l'extermination, ce qui lui permet de survivre quelques semaines de plus : on le suis a s'occuper de déshabiller totalement les prisonniers, les pousser dans les douches, fouiller leurs vêtements quand ils agonisent, puis nettoyer les lieux pour les prochains et emmener les corps pour qu'ils soient brûlé. L'histoire bascule de se quotidien lorsqu'il tombe dans une sorte de folie (tout a fait compréhensible de devenir fou dans ces camps). Il fait d'un enfant spoiler: (qui a survécu a la chambre à gaz mais est ensuite étouffé par un allemand) une obsession en décidant qu'il est son fils. Il se lance alors à corps perdu dans une quête afin que cet enfant soit enterré par un rabbin et non brûlé. Cette folie qui a fini par l'atteindre le rend evidemment irrationnel, mais ce qui est problématique est que ça le rend aussi antiphatique. Comme tous les autres prisonniers il a tout perdu dans cette guerre et perd petit a petit le sens de la vie et la raison de survivre dans ces camps. Les autres prisonniers qu'ils cotoient continuent de se donner une raison de vivre face à cette horreur journalière, pour cela il font des concessions comme par exemple mettre la religion de côté (même pour certains rabbin simplement lire le kaddish suffit aux morts) et en préparant des actions pour sauver des vivants (de différentes manières : prises de photos pour diffuser au monde ce qu'il se passe dans le camps; mutinerie pour s'échapper) alors que lui se plonge à fond dans la religion dans le seul but de sauver un mort. En mettant tout en oeuvre pour assouvir cette dernière pulsion il met en danger tous ses compagnons (en ralenant l'enfant dans sa "chambre"), fait capoter leurs plans (il perd la poudre), et fait tuer un rabbin (en lui jetant sa pelle a l'eau). On en vient a être en decalage avec le personnage principale qui a perdu toute humanité. En se lançant dans sa quête il fait fit de tout et provoque des situation de danger de mort pour lui (il cherche donc à provoquer sa mort comme un suicide) mais aussi pour ies autres. Au cours de film on en vient à ne plus comprendre pourquoi ses compagnons s'obstinent à de nombreuses reprises à lui sauver la vie surtout qu'ayant perdu toutes humanité il ne leur donne pas le moindre signe ni même la moindre parole en retour. Certains se font même tuer pour le sauver (l'un se fait tirer une balle dans la tête quand les allemands mettent le feu dans les fosses). Dans sa folie le persos principale a donc définitivement quitter le royaume des vivants (il refuse même toute affection comme lorsque la fille veut lui prendre la main) pour essayer de sauver un mort sous couvert de préceptes religieux.

    Je met donc 5/10 à se film qui est une réussite dans la mise en scène permettant de retranscrire l'atmosphère de cet enfer sans voyeurisme et sans effets "spectaculaires", mais qui est à mon sens a raté sa fiction.
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 9 novembre 2015
    Énorme déception . Le sujet est certes difficile pour un premier film sans doute trop ambitieux .trop de bruit trop de gros plans encore et encore , un parti pris sans doute !!!
    Mais qui n'apporte rien pour nous spectateur d'une effroyable folie humaine .
    Michel C.
    Michel C.

    272 abonnés 1 463 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 novembre 2015
    Sujet pratiquement tabou, en effet, comment imaginer filmer l'horreur pour le plaisir du cinéma..? Il faut dire que la façon de filmer et prodigieuse, au premier plan des images de travailleurs style mines de charbon, mais légèrement floutée se révèle en arrière plan - ou à travers de petites ouvertures, des portes, des escaliers, etc - l'impitoyable usine de mort de Dachau-Birkenau. J'avoue que c'est véritablement une oeuvre magistrale de montrer "sans montrer" et c'est un devoir d'accomplir cela et de ne jamais oublier. Très fort !! **
    BigDino
    BigDino

    8 abonnés 473 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 novembre 2015
    Le fils de Nemes est tout ce qu'il promet : pas d'émotion inutile, ici on est en enfer, et l'empathie n'existe plus. Par sa technique audacieuse, avec énormément de flou et de hors champ, le réalisateur ne fait aucune concession à l'horreur, pas même celle du voyeurisme. Mais cette évocation est aussi du cinéma, et on suit, fasciné, le déroulement de l'histoire, ne sachant pas s'il faut plaindre ou détester les personnages.
    JEANRENE43
    JEANRENE43

    11 abonnés 154 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 novembre 2015
    Le fils de Saul est un film sur les Sonderkommando dans le camp de Auschwitz-Birkenau, l'un des plus sinistres camps de la mort, d'extermination des juifs de toute l'Europe. Les Sonderkommando sont des juifs épargnés temporairement, utilisés comme main d'oeuvre pour exterminer leurs frères en judaïsme. Saul est l'un de ces travailleurs. Ils sont tenus de retirer les vêtements et effets dans les vestiaires des personnes en cours de gazage, puis de retirer les corps, laver la salle pour lui redonner l'apparence de douche collective, alimenter les fours, retirer les cendres et les répandre dans la rivière. Ils sont périodiquement tués donc remplacés pour que personne ne puisse témoigner. Pendant cette période, les Sonderkommando sont mieux nourris que ceux utilisés pour travailler dans les usines chimiques proches et disposent de plus de liberté. Saul pense reconnaître son fils dans les traits d'un jeune adolescent. Il veut lui donner une sépulture en présence d'un rabin. Le film a deux thèmes: témoigner une fois de plus sur la Shoah d'une part et l'énergie et astuces de ce père pour donner une sépulture digne à son fils d'autre part. Je pense que c'est une sorte de métaphore: cette sépulture, c'est la dignité humaine vécue et réalisée pleinement dans cet enfer malgré une organisation impitoyable qui tue au moindre écart. Les deux objectifs sont traités avec justesse. On ne ressort pas de la séance indemne. Il faut voir ce film, c'est un devoir.
    totor22
    totor22

    8 abonnés 72 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 novembre 2015
    Film magnifique, poignant, dur. Le réalisateur à fait quelque chose de pas courant, l'acteur principal est pratiquement sur tout les plans. Quand on le voit pas on c'est qu'il est là. Il y a beaucoup de gros plans du personnage principal car on suit sa recherche d'un rabbin dans ce camps de travail. Je n'ai pas vu de film sur la deuxième guerre mondiale aussi bouleversant que le film "la vie est belle". On est vraiment plonger dans cette horreur. C'est choquant, perturbant mais d'une beauté sans nom.
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 333 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 12 novembre 2015
    Ah ! Voilà une séance qui me redonne foi en l’humanité ! Et j’insiste sur le terme. C’est la séance qui m’a rassuré sur l’humain, pas le film. Parce que oui, alors que se rallumaient les lumières dans la salle et qu’apparaissait le générique de fin, j’ai ressenti comme une bouffée d’air frais en saisissant les réactions qui fusaient tout autour de moi de la part des autres spectateurs. Ah ça : ça parlait beaucoup ! Et un mot revenait en boucle toutes les deux secondes ; un mot qui effectivement était celui que mon esprit avait lui aussi ressassé pendant l’heure-trois-quarts de ce film. Ce mot, c’était « chiant ». Oh ça oui : quel ennui ! En même temps quand on se décide à faire tout un long-métrage avec une seule et unique idée formelle, c’est le genre de chose à laquelle il fallait s’attendre. Alors, personnellement, je ne sais pas comment a été vendu le film, mais moi je suis persuadé que les distributeurs ont bien veillé à omettre cette information pourtant fondamentale concernant ce « Fils de Saul ». cette information c’est que l’intégralité du film est tourné en ne focalisant son cadre que sur le personnage central et sur quasiment RIEN d’autre. Oui, quasiment, car en tout et pour tout, je pense sincèrement que mis bout-à-bout, les rares moments où on ne voit pas le visage ou le dos de Geza Rohrig ne doivent à peine atteindre la minute sur l’intégralité de cette heure-trois-quarts. Oui, quand je dis que le cadre se focalise exclusivement sur son personnage central, je ne mens pas. Le réalisateur utilise manifestement une courte focale qui rend l’arrière-plan extrêmement flou, de la même manière que le choix a été fait de tourner en format 1,33, afin qu’on ne puisse pas trop voir ce qui se passe dans le dos de Geza Rohrig. Alors oui, c’est un choix, et oui ça génère quelque-chose qui peut présenter son intérêt. Assister à la Solution finale de manière crue, comme un détail au fond de l’écran, comme une banalité opératoire qui s’exerce parfois hors champs, au milieu des tâches répétitives et automatiques des Sonderkommandos, c’est vrai, ça génère une sensation qui est loin d’être anodine. Certes… Dans un premier temps je me suis même dit que je pourrais mettre 1 petite étoile à ce film juste pour cette idée là. Seulement voilà. Au bout de cinq minutes, le concept est exploré en sa totalité. Pourtant il reste derrière 1h40 à combler. Et c’est au cours de cette 1h40 que je me suis mis à progressivement vomir ce film. C’est tout le temps la même chose, la même scène, le même constat, sans que rien ne se créé, sans qu’on se décide à apporter quoi que ce soit de neuf. Non. Pendant 1h45, il te faudra manger deux heures d’holocauste hors-champ, non stop ! Pour ma part, excepté de la lassitude, ça ne m’a rien apporté. Or, je ne suis pas sûr que ce fût l’effet recherché. Seulement je ne vois pas ce qu’on peut obtenir d’autre à se complaire ainsi dans cet univers malsain. Et c’est de là finalement que de l’ennui, je suis passé à la colère. De la colère à l’égard de Lazlo Nemes, le réalisateur. Au fond, il a eu recours à l’astuce qui marche en ce moment pour les réalisateurs qui ne savent pas raconter d’histoire. A la manière d’un Steve McQueen ou autres frères Dardenne, sachant pertinemment qu’il ne savait pas manipuler les artifices formels d’une narration aboutie, Nemes décide de fuir le problème. Pour qu’on ne critique pas son histoire, il décide de ne pas en raconter. Il se cache derrière un sujet émotionnellement inattaquable. Il joue la carte de la surexposition de l’évènement choquant, prétextant livrer ainsi une réalisation au service de la vérité. Alors le pire, c’est que je suis sûr qu’il en aura encore pour vanter les mérites de ce type de cinéma. Ils diront que c’est du cinéma vrai et utile. Moi, la vérité que je vois, c’est que ce « Fils de Saul » est bien plus du cinéma racoleur que du cinéma utile. Je prends un sujet fort, et je te livre presque deux heures d’horreur sans recul et sans intelligence. Et on osera nous dire que ça, c’est utile. En toute honnêteté, les seuls qui trouveront ça utile seront ceux qui, comme moi, n’ont pas forcément besoin qu’on leur rappelle ce qu’étaient les horreurs de la guerre. Au-delà de ça, les seules réactions que ce genre de démarche peut entrainer, c’est – au mieux – juste un sursaut émotif qui s’évanouira aussi vite qu’il est venu et – au pire – une lassitude et un écœurement face à un sujet qu’on vient sans cesse nous rabâcher. Moi, je trouve que le cinéma m’est utile quand il enrichit ma sensibilité ; quand il me fait voir le monde autrement. Là, face à ce « fils de Saul », je n’ai ressenti qu’un dégoût assez primaire et rien de plus. Je ne vais pas au cinéma pour qu’on m’écœure. Je ne vais pas au cinéma pour être traité comme un primate à qui on ne parle qu’au travers d’un simple misérabilisme outrancier, sous prétexte que je devrais m’émouvoir, et que cette seule émotion, aussi primaire soit-elle, devrait me suffire. Alors après, il y en aura toujours pour s’appuyer sur les contre-champs en affirmant que la retenue est justement là. D’autre s’accrocheront à la démarche du personnage de Saul par rapport à son « fils », affirmant que se trouve là un propos métaphorique puissant et subtil… Effectivement, là encore, Lazlo Nemes a laissé suffisamment de « flou » (pour ne pas dire de « vide ») afin que des journalistes en mal de lyrisme puissent digresser à l’envie à ce sujet là. Tant mieux pour eux. Mais que cela ne dupent pas les potentiels spectateurs que vous êtes. Si vous aimez être exposés à presque deux heures de simple exposition macabre, jugeant que c’est utile pour vous, que cela fait partie de votre façon d’exercer votre devoir de mémoire, alors soit : « le fils de Saul » est fait pour vous. Si par contre vous espériez un regard subtil d’artiste sur la question, une œuvre qui explore vraiment un nouvel angle de vue sur la Shoah, ne tombez pas dans le panneau. Retournez vers les « Liste de Schindler » et autre « La vie est belle », parce que du côté du « fils de Saul », franchement, il n’y a vraiment rien à voir et presque tout à vomir…
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