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    Le Fils de Saul
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    Fabien D
    Fabien D

    178 abonnés 1 136 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 16 novembre 2015
    Encensé par la critique, le fils de Saul mérite sans aucun doute qu'on s'y attarde bien que cette expérience cinématographique soit, pour moi, plutôt déceptive. Fort d'un parti pris qui empêche toute forme de pathos (caméra suivant pas à pas le personnages, utilisations du flou et du hors-champ), ce premier film, radical dans sa forme, tente d'exprimer l'impossibilité de montrer l'indicible Hors, cette froideur rend le film totalement opaque, dénué d'émotion comme désincarné. La mono-expressivité, sans doute voulue comme telle, de l'acteur empêche toute forme d'empathie et confère au film un côté plus glaçant que glacial. Si l'on peut saluer l'entreprise, difficile, pour ma part, d'y adhérer. La beauté de certaines images, le sens du cadre et de l'esthétique ne m'ont pas empêché de m'ennuyer. Intriguant, radical dans ces choix mais pas forcément plaisant, le fils de Saul mérité néanmoins d'être vu, ne serait-ce que pour se faire un avis.
    Dom Domi
    Dom Domi

    40 abonnés 303 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 novembre 2016
    Peut-on filmer le chaos, le rendre réel dans nos yeux irrigués par une violence médiatique devenue banale ? Peut-on lui donner corps sans en faire de trop et sans racolage malsain ? Ce film propose une façon d'aborder le sujet de la " solution finale " ( mise en écriture dans un célèbre livre qui doit venir, malheureusement, dans le domaine " public ", poussé qu'il est par l'appât du gain), d'une façon originale, si tant est qu'on puisse la définir ainsi ici.
    Aujourd'hui, au cinéma, tout comme il est pratiquement devenu impossible de parler d'amour sans filmer deux personnages en plein ébats sexuels, il devient rare de suivre un film dramatique sans que la violence soit présente dans des images toutes aussi crash les unes que les autres.
    Ce film est un chef-d’œuvre car il prend le parti osé, et y parvient, de montrer le pire sans le filmer, en le laissant planer et en lui donnant forme dans notre imagination, à l'intérieur des cerveaux du spectateur.
    La bande sonore sert aussi ce but et guide ce voyage à travers le chaos de ces camps de concentration où la vie n'a plus aucune valeur et aucun sens.

    Toute l'intelligence du travail de ce film est là, dans ce que nos cerveaux sont capables d'imaginer, de donner forme à l'horreur.
    Oui, ce film est un chef-d’œuvre du cinéma.
    Tant du point de vue cinématographique et technique, que sur la manière d’appréhender le thème du génocide pour le rendre palpable et nous le faire toucher par tous nos sens.

    C'est un très beau film.

    dom
    Stéphane S.
    Stéphane S.

    3 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 novembre 2015
    Sujet difficile très bien traité. Ce n'est jamais insupportable ou voyeuriste. C'est plutôt évoqué. Intérêt historique évident pour comprendre la machine industrielle de la mort qui tournait à plein régime en 44. Des images très crédibles et un scénario très original. Pour moi un grand film
    maxime ...
    maxime ...

    236 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 15 novembre 2015
    Le Fils de Saul est un film éprouvant à tout points de vue ! On est littéralement pris à la gorge, fort dans sa conception et dans certaines images choc, " malgré " cela ce long métrage ne prend pas totalement ... L'ensemble est quand même un peu chiant ! L'esthétique pointue et pertinente est parfois un peu trop excessif, on s'en lasse. L'immersion est totale, et la est son meilleur atout, on est dans cette horreur !
    chrischambers86
    chrischambers86

    13 639 abonnés 12 391 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 novembre 2015
    N'importe quel cinèphile le dira : il existe des films bènis que l'on dècouvre par hasard, au grè d'une sèance mèmorable, et qui, durablement, occupent le coeur et l'esprit, vous liant pour toujours à un metteur en scène (Laszlo Nemes) ou à un acteur (Gèza Röhrig). "Saul fia" fait parti de ce panthèon intime, et plusieurs critiques le considèrent dèjà comme une rèfèrence majeure du cinèma hongrois! Rèsumons en quelques mots l'argument : c'est l'histoire d'un Sonderkommando, prisonnier juif employè au nettoyage des chambres à gaz à Auschwitz, qui dècide de donner à un enfant une sèpulture religieuse! Le style du film, tout en plans serrès et en Steadicam sur le personnage principal, a reçu le Grand Prix au Festival de Cannes 2015, plaçant Laszlo Nemes dans la catègorie des « rèalisateurs à suivre absolument » . Et ce n'est que justice tant "Saul fia" est une expèrience stupèfiante de mise en scène, avec un travail inouï sur le son! Celle de suivre durant une projection, un homme, de ne voir quasiment que ce qu'il voit, dans un camp de concentration qui n'a jamais ètè montrè de cette manière sur un ècran blanc : une usine de morts avec un bruit assourdissant en permanence! Au milieu de tout ça, Saul, qui ne veut pas voir...où plutôt qui ne veut plus voir l'horreur des camps...et au fond ce film est le rècit d'un dèlire que s'invente Saul au milieu de l'holocauste pour y survivre! Laszlo Nemes rèinvente une forme et son premier long-mètrage atteint constamment la cible avec une violence montrèe de biais, en hors-champs et en floue! C'est là une des clès de cette oeuvre essentielle du 7ème art...
    edwoods
    edwoods

    206 abonnés 4 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 novembre 2015
    Ce n'est pas un film. C'est un Regard. Celui de la Mort sur la Mort. La caméra colle à Saul pour laisser l'horreur dans un flou qui la rend encore plus réelle. C'est un tour de force. Pas un mot ni un regard de trop. Juste sur-vivre à Ça. J'ai vu ce film et j'ai pu imaginer ma famille décimée au milieu de cette entreprise de Meurtre Collectif. Et si le film finit sur une rafale de mitraillette, c'était pour entendre les mêmes rafales autour du Bataclan juste ce soir là. Dieu, le Diable, des concepts abstraits inventés pour soumettre les hommes à une gouvernance mondiale ne visant qu'à assoir la terreur et la surveillance généralisée. 2015 a mal commencé et finit encore plus mal. Il faudra bien un jour dénoncer cette entreprise criminelle que de vouloir soumettre les hommes au pouvoir financier mondialisée.
    Extremagic
    Extremagic

    67 abonnés 484 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 novembre 2015
    Je crois qu'on aura pas souvent l'occasion de voir des films comme ça et encore moins sur le sujet qu'il traite. Tout simplement parce que ce film fera date, et non seulement il fera date mais on en a déjà conscience. Des films sur l'extermination des juifs et plus largement sur la seconde guerre mondiale il y en a des tas. Il y en a en gros 5 tout particulièrement connus et qui font date dans l'histoire, Le fils de Saul c'est le nouveau venu. Je crois que c'est pas un film si simple d'accès parce qu'il repose essentiellement sur un dispositif de mise-en-scène qui lui-même est une réponse à la grande question sur le sujet des camps de concentration : doit-on montrer l'horreur. Alors je ne partage pas l'avis de Lanzman sur le sujet je suis déjà plus godardien, à mon sens il n'y a pas de mauvais sujet, il n'y a que des mauvais traitements. Et c'est marrant que je dise ça parce que le film en est la preuve même. Je dois dire que l'extermination des juifs ça me sort par les yeux comme thématique, très souvent c'est du communautarisme à grand coup de pathos moraliste et pourtant Le fils de Saul j'ai vraiment adoré. Alors le film n'est pas non plus dénué de défauts et il y a des choses qui m'ont pas mal surprises. Quand j'ai vu le plan-séquence au début j'ai cru que tout le film serait tourné comme ça (il y en a quelques mais c'est pas une majorité, bien que les plans soient très longs). Du coup j'ai eu comme l'impression que la mise-en-scène aurait pu être encore plus absolutiste, qu'on se concentre uniquement sur le personnage de Saul, qu'on ne voit strictement rien des camps, mais genre vraiment, qu'on évite les champs-contre-champs, bref un truc du genre système clos mais qui ne laisserait aucune marge de doute, et là j'ai eu un peu des doutes parce qu'on voit quand même des fois des horreurs, alors oui c'est filmé de loin et tout mais du coup je comprends pas pourquoi on choisit d'en montrer certaines et d'autres non. L'autre chose c'est que comme on suit ce personnage en caméra épaule j'ai eu un peu l'impression que ça faisait jeu-vidéo par moments, c'est sûrement pas voulu mais l’interaction des personnages entre eux alors qu'on ne les voit pas, et puis surtout la fusillade finale ça m'y a vraiment fait pensé. Après tout comme Birdman (et sûrement encore plus) je dois saluer (parce que c'est vraiment dantesque et magnifiquement impressionnant) le travail logistique qu'il y a eu derrière, déjà qu'on a des plans ultra-longs comme la majorité de l'information passe dans le hors-champ on a des figurants au taquet, le son est incroyable, bref je rentre pas dans les détails mais la mise-en-scène est virtuose et finalement c'est le reproche essentiel que j'ai à faire au film c'est qu'on a l'impression que ce n'est que de la mise-en-scène (Bridman avait ce plan fixe sur le couloir qui venait rappeler que la mise-en-scène pouvait devancer ses personnages alors qu'elle ne le fait jamais) le scénar je m'en foutais j'ai même trouvé ça tiré par les cheveux et comme on a jamais d'explication claire c'est pas pour m'aider (je ne sais pas qu'elle est la part fictive du récit) mais du coup le personnage est plutôt insipide déjà que peu expressif, on a l'impression de regarder quelque chose de brillant mais avec une certaine distance même si par moments on ressent bien l'horreur de la situation et le film arrive très intelligemment à ne jamais se montrer moraliste ni agaçant. Je ne sais trop que dire d'autre bien qu'il y ait beaucoup à dire sur un tel film. Bref c'est une expérience toute particulière et je suis presque convaincu que le film sera essentiel dans l'histoire du cinéma (Didi-Huberman n'a pas attendu pour écrire dessus). La mise-en-scène est totalement dingue bien que souvent étouffante je donnes 20 ans minimum pour qu'on nous reponde un film de cette ampleur sur ce sujet et qui soit en même temps novateur dans son approche. Certains diront que c'est le film de l'année, après tout pourquoi pas, je veux bien leur donner raison même si ce n'est pas celui que j'ai préféré.
    ferdinand
    ferdinand

    14 abonnés 452 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 novembre 2015
    Film traumatisant, illustration essentiellement sonore du témoignage du coiffeur rescapé des sonderkommandos dans "Shoah". Nemes résout le problème insoluble de filmer l'infilmable en concentrant toute l'attention sur son extraordinaire interprète principal, tandis que le reste de l'image reste flou avec une bande son extrêmement élaborée où tout est dit. On n'en sort pas indemne.. On est loin de la putassière "Liste de Schindler". Faut-il pour autant faire un film sur un tel sujet, dans quel but ? On touche là à un problème moral plutôt insoluble, mais on ne peut pas accuser l'auteur ni de complaisance, ni d'esthétique de l'horreur. On voudrait en savoir plus sur ce qui a pu motiver la réalisation de ce cauchemar visuel et sonore.
    mem94mem
    mem94mem

    116 abonnés 575 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 novembre 2015
    Peut-on faire une fiction sur les chambres à gaz et les fours crématoires ? Laszlo Nemes nous donne une réponse très personnelle, celle d'une expérience d'immersion totale. C'est extrêmement bien vu. Aucune humanité se dégage des personnages, ni aucune émotion, puisque le système concentrationnaire les a tué. Les personnages sont très vrais et jouent justes. La mise en scène nous rend acceptable et supportable l'horreur de la machinerie à tuer quasiment industrialisée. Saul met rapidement et de façon perpétuelle sa vie en danger pour donner un deuil décent à l'enfant. Cette touche d'humanité fondue dans l'animalité forcée est réellement bouleversante. En outre, un grande nombres de détails fruits d'un travail minutieux de recherche renforce le scénario.
    Jonathan M
    Jonathan M

    130 abonnés 1 528 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 13 novembre 2015
    Le film m'embête beaucoup. Evidemment que le propos est juste pas critiquable. On a le sang glacé dès la première scène. Je suis un spectateur lambda, et j'aime croire aux histoires que l'on me raconte. Mais quand bien même l'histoire peut être pertinente, virulente et salvatrice, je souhaite observer une logique. C'est surement personnel, mais je n'ai pas compris l'ambition du personnage principal. A la limite c'est pas grave, mais je n'y vois même pas une once de cohérence. Alors oui, réalisation et écriture sont au sommet, mais je suis royalement passé à côté.
    pierre72
    pierre72

    137 abonnés 367 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 novembre 2015
    "Le fils de Saul" arrive sur les écrans auréolé d'un grand prix à Cannes, d'une cohorte d'articles questionnant sur la représentation de l'irreprésentable, ainsi qu'un vague début de polémique lancé le jour de sa sortie par le journal Libération. Il faut sans doute tout cela pour amener les spectateurs voir durant presque deux heures un prisonnier juif enrôlé de force pour aider les nazis au remplissage et au nettoyage des chambres à gaz découvrant parmi les cadavres un jeune garçon survivant...
    Sur ce sujet peu anodin dans un lieu encore moins anodin, il est difficile de rester de marbre. Après le choc de la projection, le film chemine en nous, des questions remontent, se mêlent au ressenti.
    L'oeuvre est riche, forte. Pour moi il y a deux films intimement imbriqués. Tout d'abord, l'histoire qui se déroule au premier plan, celle de Saul, personnage mystérieux, qui s'accapare du cadavre d'un garçonnet ayant inexplicablement réchappé de la chambre à gaz mais qui mourra un peu plus tard dans les mains d'un médecin. Il dit reconnaître son fils et n'a plus qu'une obsession, enterrer dignement cet enfant selon la tradition juive. Pour cela, il lui faut trouver un rabbin. Sa quête sera la trame du film. Son regard ferme dans lequel on lit toute l'obsession de cet homme à essayer de faire l'impossible au milieu de ce chaos, ne quittera pas l'écran, traqué par une caméra le filmant le plus serré possible. Saul, au milieu d'une mutinerie qui se fomente, choisit une révolte radicalement différente, toute empreinte de religiosité.
    Ensuite, il y a un deuxième film, qui se déroule en arrière plan souvent dans le flou. C'est la représentation de la solution finale choisie par les nazis, de l'arrivée dans un vestiaire où l'on fait se mettre nus des centaines de juifs, que l'on pousse dans une chambre à gaz, que l'on ressort en les traînant par terre avant de les brûler soit dans des bûchers soit dans un four crématoire. Cette représentation que l'on pensait impossible, irregardable, est pourtant très fortement présente, surtout illustrée par les bruits de portes que l'on ferme, de corps que l'on moleste, de cris, de hurlements, de coups sur des portes métalliques, d'ordres aboyés... et des images que l'on devine mais qui ont une portée glaçante ( c'est un faible mot). Cette toile de fond nous montre que ces camps de concentration étaient conçus comme des usines de mort et n'avaient qu'un but : la productivité ! Nous sommes au coeur du génocide, tétanisés par ce spectacle qui, par la pudeur d'une caméra et d'un réalisateur sacrément virtuose, n'est jamais abject et encore moins voyeur.
    Au milieu de cette folie meurtrière, l'histoire de Saul, petite histoire au milieu de la grande, a peiné à réellement soutenir mon attention,
    La fin sur le blog
    Thomas B
    Thomas B

    40 abonnés 37 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 novembre 2015
    Belle histoire, bon scenario mais j'ai toutefois un problème avec la réalisation. Ces gros plans sur l'acteur principal sur une bonne partie du film sont assez dérangeants. Ils ont un point positif qui est celui de nous faire comprendre l'atrocité ambiante sans nous montrer les images. Mais ne pas pouvoir sortir de champ continue pour découvrir le décor nous fait sentir comme enfermé/piégé (peut-être était-ce le choix du réalisateur pour nous faire comprendre le fait que le personnage est lui même piégé). Mais un point qui m'a dérangé pour ce film. Dommage.
    Sylvain P
    Sylvain P

    335 abonnés 1 355 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 12 novembre 2015
    Austère et (forcément) morbide, Le Fils de Saul est une expérience cinématographique originale, à œillères pourrait-on dire. Néanmoins, bien qu'elle suscite évidemment l'horreur, elle reste trop intellectualisée pour émouvoir vraiment.
    Yves G.
    Yves G.

    1 454 abonnés 3 478 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 26 juillet 2016
    A-t-on le droit de représenter l'Holocauste ? Non dit Claude Lanzmann qui s'y était lui-meme refusé dans "Shoah" (1985) et avait vertement critiqué "La liste Schindler" lui reprochant son esthétisme et son sensationnalisme.
    Le film de László Nemes se déroule à Auschwitz en 1944 à la veille de l'insurrection des prisonniers contre leurs gardiens. Il a pourtant été adoubé par Lanzmann. Car le jeune réalisateur hongrois a inventé une manière radicale de représenter la Shoah. Il le fait à travers les yeux de Saul, un membre du Sonderkommando, chargé d'accompagner les prisonniers dans les chambres à gaz, de les aider à se déshabiller, puis de transporter leurs cadavres, trier leurs effets, brûler leurs corps et disperser leurs cendres.
    La caméra se juche sur l'épaule de Saul et ne la quittera pas. Saul a basculé dans l'horreur et s'est fermé, par réflexe de survie, à toute forme de compassion. Il ne voit rien et la caméra qui le suit est condamnée à la myopie. En revanche il baigne dans un vacarme assourdissant fait des hurlements des mourants, du bruit des machines et des ordres aboyés par les gardiens.
    Ce parti pris radical est marquant. Mais passé le premier quart d'heure de sideration, le spectateur s'y habitue avant de s'en lasser.
    Et l'ennui qui gagne n'est pas dissipé par l'histoire. Car nonobstant l'interdit lanzmannien, Nemes raconte une histoire : celle d'un père qui veut enterrer le corps de son enfant. Se faisant, Saul part à la conquête d'une humanité qui lui a été niée. Antigone n'est pas loin.
    Fort bien. Mais cette intrigue se noue dès le début du film. Et elle ne suffit pas à le nourrir sur toute sa durée.
    Si bien que "Le fils de Saul" se réduit finalement à une posture extrêmement intéressante mais terriblement ennuyeuse.
    alain-92
    alain-92

    318 abonnés 1 078 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 novembre 2015
    Le fils de Saul, premier long-métrage de László Nemes, multiplie les points forts.

    Géza Röhrig est remarquable de bout en bout. Écrivain et poète hongrois, il est le principal protagoniste de ce film. Pratiquement de toutes les scènes, la caméra implacable filme son visage et son regard. "À la fois jeune et vieux, mais il est aussi beau et laid, banal et remarquable, profond et impassible, très vif et très lent" pour reprendre les dires du jeune réalisateur László Nemes.

    Le format de l'image, la pellicule argentique 35 mm, la profondeur de champ minimale, aussi, accentuent une impression d'étouffement. D'écœurement. Le travail de Mátyás Erdély sur la photographie renforce une profonde sensation d'asphyxie.

    La bande-son est à la fois remarquable et insoutenable. Entre des ordres lancés, tels des aboiements de chiens enragés, les cris douloureux de femmes, d'hommes et quelques pleurs d'enfants, résonnent atrocement dans cette "usine des enfers", pour reprendre les mots du réalisateur.

    Le scénario coécrit avec Clara Royer est parfaitement documenté. Il s'appuie sur des témoignages bien réels. Des êtres humains, font ici la pire des besognes. Leurs vies restent en sursis. Autant de moments vécus dans l'urgence et dans la terreur.

    La réalisation est d'une extrême virtuosité. Sans faille aucune. László Nemes ne craint pas les obstacles. Il fait preuve d'un extraordinaire brio et offre au spectateur un très grand film. "Bien sûr, plusieurs attitudes existent au sein de l’horreur, du renoncement à la résistance. Et il existe plusieurs façons de résister." a-t-il déclaré. Il le démontre parfaitement.

    Le Fils de Saul mérite d'être vu par le plus grand nombre, et restera longtemps dans ma mémoire.
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